Quand nos enfants nous imitent

Quand nos enfants nous imitent
Friday 16 October 2009

Chère Alice Miller, Chère Brigitte Oriol,

Je vous ai écrit par deux fois récemment et vous ne m’avez pas répondu ; je crois comprendre enfin pourquoi même si cela me fait mal, me donne un sentiment d’être à nouveau mauvaise et rejetée, mais m’a permis aussi de réfléchir puisque ma confiance en vous n’est pas entamée.
J’ai lu hier un document qui disait “les fautes des autres ne nous exonèrent jamais de nos devoirs à leur égard”.
Je vous avais écrit le 23 octobre 2007 et vous m’aviez répondu (“les enfants qui maltraitent leurs parents”) ; deux ans se sont écoulés et je chemine doucement, dans la souffrance à vrai dire, et commence à sortir de mon impuissance d’enfant maltraité, un peu…
Je prends de la distance avec mes enfants et surtout projette de moins en moins mes besoins et manques affectifs sur eux. Toutefois, malgré votre dernier livre qui parle du sujet, je leur en voulais encore sans doute, d’où mes courriers récents.
Je crois que c’est cette “responsabilité envers mes enfants” que vous mettez en avant car je suis “parent” pour eux, quelque soit la maltraitance qu’ils ont eu par la suite envers moi … qu’elle n’est pas sur le même niveau que leur responsabilité vis à vis de moi, même s’il y a eu maltraitance.
Depuis un an, je vois de temps en temps une thérapeute “systémique” et je trouvais que cela m’aidait beaucoup mais je crois que cela a confirmé mon impression de relations interactives entre parents:enfants, niant en partie la Responsabilité du parent vis à vis de son enfant.
Ma souffrance me rendait trés difficile cette prise de conscience et je comprends que je peux demander des comptes à mes parents, pas à mes enfants (juste m’en protéger si nécessaire, comme vous me l’aviez dit en mars 2009).
Je souffre beaucoup de tout le gâchis de ma vie, de celle de mes enfants, de tous les enfants mal-aimés, bousculés, injuriés que je rencontre presque chaque jour. J’ai parfois la sensation que seuls les enfants sont encore sains dans notre société et je deviens trés méfiante.
Je vous prie de m’excuser pour tous ces états d’âme, j’ai tellement besoin de vous depuis que j’ouvre les yeux.
Merci encore pour tout, même si cela fait SI MAL !
Cordialement
Réponse de Brigitte :

Vos enfants devenus adultes rejettent tout ce que vous avez représenté durant ces longues années d’enfance et qu’ils ont du supprimer jadis pour survivre auprès de vous. Cette violence qu’ils manifestent envers vous n’est que le miroir de ce qu’ils ont subi, malheureusement vous ne pouvez que vous protéger de leurs actes aujourd’hui en respectant leur rupture. Vous semblez avoir compris que vous ne pouvez pas leur faire payer le prix de vos besoins dont vous avez tant manqué et ça sera un grand soulagement pour vous et certainement pour eux aussi. L’ampleur de votre douleur devant un tel constat est tout à fait compréhensible, comment auriez-vous pu avoir de la compassion pour les besoins de vos chers petits alors que vous-même n’aviez comme seule référence le mépris et la violence de vos propres parents ? Peut-être arriverez-vous à vous pardonner un jour d’avoir accompagné votre progéniture dans le déni et l’ignorance totale. BO