12 janvier 1923 – 14 avril 2010
Même si les conséquences scandaleuses sont évidentes, elles ne sont pas perçues et encore moins prises en compte par la société. Or, la situation est facile à comprendre : les enfants ne sont pas autorisés à se défendre de la violence des parents et sont alors obligés de supprimer et refouler les réactions naturelles à l’agression parentale comme les émotions de la colère et d’angoisse. Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’ils peuvent décharger ces émotions très fortes, sur leurs propres enfants ou, dans certains cas, sur des nations toutes entières.
Alice Miller décrit cette dynamique dans ses 13 livres et l’illustre non seulement à l’aide des récits de ses patients, mais aussi à l’aide de ses nombreuses études sur les biographies des dictateurs et d’artistes très connus. L’omission de ces discours sur l’enfance dans la société permet d’entraîner chez les enfants, dans l’obscurité familiale, des comportements extrêmement dangereux comme la brutalité, le sadisme et d’autres perversions, ce que l’on aime appeler ensuite, chez l’adulte, des « troubles génétiques ».Ce n’est qu’en prenant conscience de cette dynamique que l’on peut rompre la chaîne de la violence, pense Alice Miller, et elle consacre son œuvre à cet éclairage.
Durant ces dernières années, elle a développé un concept de thérapie qui propose aux gens en souffrance de se confronter avec leur passé, pour rencontrer l’angoisse de l’enfant battu, la ressentir et s’en libérer. Il s’agit de la peur enfantine du parent tout puissant, qui pousse l’adulte à maltraiter les enfants. Nombreuses sont les propositions ésotériques et spirituelles qui promettent une guérison, mais dont le seul but est de camoufler les terreurs vécues dans l’enfance.
Alice Miller pense que, malgré les aspects tragiques de sa découverte, celle-ci apporte quand même des options positives et optimistes, parce qu’elle ouvre la porte à la conscience, à la perception de la réalité de l’enfant et en même temps à la libération de l’adulte de sa peur enfantine et de ses effets destructeurs. Sa perception du vécu réel de l’enfant n’est plus en lien avec celle de la psychanalyse. A son avis, celle-ci reste dans la vieille tradition qui accuse les enfants et protège les parents, autant dans la théorie que dans la pratique. Pour cette raison AM n’est plus membre de l’ Association Psychanalytique Internationale.
Voir le portrait d’Alice Miller par Brigitte Oriol lors du colloque organisé par la FF2P.
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