L’enfant sous terreur

L’enfant sous terreur

Aubier, 1986

Enfants humiliés, enfants maltraités, enfants ignorés, dans la vérité de leurs sentiments et de leurs besoins, par des adultes qui trop souvent, ne s’en rendent même pas compte: notre société, en dépit des apparences, ne respecte pas les enfants. Depuis l’aube des temps, l’enfant, bouc émissaire, a toujours été utilisé par l’adulte pour se décharger de ses propres tensions, ou pour satisfaire ses propres désirs – sexuels, entre autres; et il sera beaucoup question, ici, des abus les mieux cachés dont les enfants sont victimes bien plus fréquemment qu’on ne le croit.

Cette attitude scandaleuse – l’abus du pouvoir de l’adulte sur l’enfant – est considérée comme normale et juste, et perpétuée par la société tout entière. Et les psychanalystes eux-mêmes, lorsque la souffrance amènera celui ou celle qui a été un enfant meurtri à chercher auprès d’eux un soutien, ne sauront que le culpabiliser – puisque Freud, “l’infaillible” Freud, après avoir tout d’abord reconnu la réalité des traumatismes sexuels subis dans l’enfance, a fait marche arrière en inventant une théorie qui, elle, innocentait les parents.

Un livre sur le refoulement – ses raisons et ses effets -, et en même temps sur la solitude émotionnelle de l’enfant dans notre société arrogante et hypocrite. Un livre foisonnant d’exemples, puisés aussi bien dans la pratique analytique que dans la littérature: chez Baudelaire, Flaubert, Kafka surtout – un long chapitre analyse la façon dont l’univers kafkaïen traduit la solitude, la détresse, l’incompréhension du petit enfant. Un livre à lire et à faire lire pour que les souffrances de l’enfant soient enfin reconnues et pour que la psychanalyse, grâce au respect du thérapeute pour son patient, à son refus de s’ériger en juge, puisse devenir l’instrument de libération qu’elle a toujours voulu être.

Lire la critique.