Après avoir récupéré le souvenir

Après avoir récupéré le souvenir
Wednesday 02 April 2008

Bonjour Alice Miller,
Bonjour Brigitte,

Je vous écris encore aujourd’hui, pour vous faire part des conséquences physiques que j’ai depuis les viols que j’ai subies enfant (principalement de la part de mon père). Ces douleurs apparaissent très souvent lorsque j’ai mes règles, j’ai mal au périné comme si j’allais accoucher, lorsque l’on sent la tête du bébé qui appuie pour sortir, c’est un poids lourd… Je sais que je contracte mon périné et c’est pour cela qu’il est très douloureux au point que je dois m’asseoir, mes jambes sont engourdies, on dirait du coton, elles ont du mal à me porter, j’ai même le sentiment de + en + présent qu’après le viol, je me trainais sur les avant bras, que je rampais car tout le bas du corps était endolori, meurtri, je me trainais jusque sous le lit de mes parents pour me mettre à l’abri et me cacher de peur et de honte. Il se peut même que ma mère m’en sortait en me poussant à coup de balais ce qui renforcait le fait de me sentir sale et bonne à rien… Dans ces moments, j’ai envie de me remettre en boule, de me recoqueviller pour m’isoler de cette réalité, de me cacher pour ne pas sentir peser sur moi le poids de la honte d’être ainsi traité… C’est surement ce que je faisais enfant sous le lit ou contre un mur… J’ai parfois l’impression que si je me détends suffisament, la douleur du périné est moins forte, j’ai l’impression qu’il joue un role de “barrage” si je l’autorise à lacher prise (à me dire qu’aujourd’hui, je n’ai plus à avoir peur) et donc, qu’il va y avoir un déluge de sang qui va s’écouler et me soulager. C’est mon corps qui pleure à sa façon… (Mon dieu, je réalise à l’instant ou je vous écris, qu’enfant c’était le sperme de mon père que je retenais pour ne pas que l’on voit qu’il venait de me violer, alors je pouvais reprendre mes occupations sans déranger quiconque, sans donner de travail de lessive suplémentaire à ma mère, je gardais TOUT en moi, mes larmes, mes peurs, et son sperme, son poison que mon corps rejette en faisant des caillots de sang lors de mes règles… Je suis anéantie, mais heureuse de découvrir cela grace à vous MERCI !!!)
Lorsque j’ai accouché de ma 2nd fille, j’étais à genou et au passage, j’ai été déchiré une fois de plus là ou j’avais eut l’épisiotomie de ma fille ainée, j’ai ressenti une telle brulure que j’ai dit immédiatement à la sage femme qu’elle “ne me mette pas d’alcool” elle m’a dit qu’elle n’avait rien mis, alors je pense, aujourd’hui, que pdt les viols, j’ai été déchiré car j’étais très jeune et que ma mère m’a mis de l’alcool pour “désinfecter” la coupure.
Je vous remercie de m’avoir lu… et pour vos travaux et la création de ce site.
Cordialement

Réponse de Brigitte:

Apparemment vous n’avez pas peur de lire dans vos symptômes l’histoire de votre passé et votre courage à vouloir regarder en face les tortures infligées par votre père vous permettront sans doute de ne plus avoir mal lors de vos menstruations.
Le processus de guérison peut s’avérer long parfois parce qu’il est nécessaire à votre corps d’avoir toute la sécurité pour avancer dans les différentes étapes émotionnelles qu’il aura besoin de traverser. Pour l’instant il est sécure que vous ne craignez pas de voir que vous avez été violée dans votre chair et votre innocence, viendra ensuite tout le bouleversement émotionnel que cette petite fille cachée sous le lit a du maintenir refoulé pour ne pas risquer la mort. La terreur dans votre impuissance, la rage de la trahison, l’immense chagrin d’avoir été souillée par l’homme qui était censé vous respecter et vous aimer, sont tout autant nécessaires pour soulager définitivement vos symptômes.
Votre volonté et votre force à vouloir vivre dans la vérité présagent des jours heureux avec vous-même et votre famille. BO