Ne plus gérer ses émotions
Wednesday 07 December 2005
Bonjour Madame Miller,
Je vous écris aujourd’hui car je me sens fatiguée des répétitions contre lesquelles je me bats et que je crois parfois dépasser avant de me rendre compte à quel point elles m’empêtrent encore.
Après avoir idéalisé mes parents et surtout ma mère j’ai aujourd’hui presque coupé les ponts avec elle. Cela c’est fait à la suite de la naissance de mon premier enfant, un accouchement terrible où j’ai été attaché pour tenir tranquille et que j’ai vécu comme un viol. J’étais ailleurs, dans une souffrance archaïque, appellant à l’aide me tournant uniquement dans cette recherche d’aide vers la sage femme.
Aujourd’hui, je suis prise de nausées quand j’entends des femmes expliquer qu’elles n’ont pas vu leur mari abuser de leurs enfants ou qu’elles les ont laissé maltraités en toute connaissance de cause, parce qu’elles ne pouvaient pas faire autrement. J’ai envie de hurler et de fuir en même temps, tellement les sentiments qui m’envahissent dans ces moments là pourraient me faire perdre tout contrôle de moi-même.
Quand j’ai abordé ce sujet avec ma mère peu de temps après cette naissance si difficile elle m’a dit que cela ne se faisait pas et m’a reproché de l’accuser sans preuve, uniquement du fait de sentiments infondés (je n’ai retrouvé que des émotions et je n’ai pas d’images ni de souvenirs précis). Elle m’a intimé l’ordre de taire tout cela vis-à-vis d’elle sans quoi on ne se verrait plus. C’était tellement violent que j’ai choisi la seconde option me raccrochant seulement à un petite phrase qu’elle m’avait dite ce jour là : « De toute manière je ne te dirais rien car tu vas en parler aux autres » Et puis il paraît que j’ai changé du tout au tout quand j’étais enfant.
Après ce choix, j’ai ressenti un désespoir de petite fille. En séance de psychothérapie, je me tordais de désespoir et implorant ma mère de ne pas m’abandonner, à trente ans….
Enfin, si je vous écris aujourd’hui c’est parce que je ne sais plus quoi faire de tout ça. Après une psychothérapie, des séances de rebirth à répétition qui ont failli me rendre folle et enfin une psychanalyse en cours, j’ai le sentiment que je suis bloquée. Que ces émotions me rongent et que parfois je serais prête à tout pour les faire taire.
Cela me fait peur notamment avec mes enfants. Par moment, je hurle pour qu’ils se taisent, je suis brutale pour qu’ils fassent ce que je leur demande. Je ne les bats pas mais j’ai parfois le sentiment de leur faire peur. Et l’autre jour, après m’être énervée à cause du bazar dans la maison, mon fils m’a dit : « Je sais de quoi j’ai envie pour Noël, de faire un Noël propre avec toi » Cela m’a fait mal au cœur qu’il soit à ce point là dans mon besoin et pas dans son désir.
Et puis, il y a mon couple. Il ne s’est jamais vraiment remis de cette naissance traumatisante qui a tout chamboulé dans notre intimité même si nous avons connu quelques éclaircies. Mais ça ne suffit plus à mon homme qui en reste un.
Alors je continue la psychanalyse mais j’ai le sentiment que mes émotions sont dérangeantes même là. D’être comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. L’hypothèse de ma psy est que ce souvenir que je recherchais, serait un souvenir écran qui cache quelque chose d’autre. Alors je ne sais…
Je suis désolée. Peut-être n’est-ce pas le lieu que votre site pour ces demandes, mais on ne sait jamais. Peut-être pourrez-vous me donner une idée qui m’aidera ?
Merci d’avance.
C.
A.M.: Je vous propose de lire mes derniers articles publiés en français sur ce site.
Réponse de Brigitte.
Effectivement votre corps vous donne beaucoup d’informations et vous pouvez lui faire confiance, mais il est important aussi de l’écouter lors de vos « expériences thérapeutiques », si vous avez le sentiment de devenir folle, ce n’est certainement pas adapté.
Il faut du temps pour retrouver son histoire et cela ne doit en aucun cas être violent, votre corps ne peut que se révolter devant de telles approches.
Vous pouvez également faire confiance à vos rêves qui vous éclaireront sur votre vérité, en reprenant en douceur, vous pourrez certainement vous sentir plus sereine pour appréhender votre histoire et vous détacher du parent intériorisé qui vous empêche d’être dans une relation sécurisante avec vos enfants.
Cordialement.
Brigitte