Un fils qui se réveille (suite du 25/10)

Un fils qui se réveille (suite du 25/10)
Wednesday 25 November 2009

Bonjour,

Il y a quelque temps, je vous avais écrit pour vous parler de mes relations avec mon fils (28 ans)qui allait être papa et qui ne correspondait plus avec moi, depuis plusieurs mois. Nous habitons à 1000 KMS l’un de l’autre.
Après deux lettres dans lesquelles je lui demandais des explications, il a fini par me téléphoner et me dire toute sa souffrance. J’avais occulté cette période où je l’avais battu. Je me souvenais seulement d’avoir été violente avec ma fille (son ainée de 3 ans) Il avait du mal à me parler, je sentais qu’il voulait me dire quelque chose et je lui ai dit : “Parle moi, dis moi ce que tu as sur le coeur” Il a pleuré et fini par me dire toutes ses souffrances. Je n’imaginais pas l’avoir à ce point fait souffrir,(du moins pas autant) le sentiment de ne pas être “un enfant normal”. Il m’a dit que c’était sur une période qui a duré de sa classe de CP à sa classe de CE 2. Mon exigence concernant la scolarité de mes enfants les ont tous les deux traumatisés. S’ils ne comprenaient pas tout de suite, je m’énervais et je frappais violemment.
Jamais nous n’en avions parlé tous les deux. Depuis plusieurs années, j’ ai demandé à ma fille de me pardonner, je lui ai dit que je savais que mon comportement n’était pas normal. Mais mon fils ne m’en avait jamais parlé
Au téléphone j’étais effondrée, je lui ai dit que je m’en voulais terriblement de mon comportement, qu’il n’avait rien à se reprocher, qu’il était un enfant adorable et que j’étais la seule et unique coupable. Je lui ai dit “tu as du passer par toutes sortes de sentiments de haine et aussi de culpabilité parce que en dehors des coups (concernant toujours l’école) j’étais une maman attentionnée et aimante” Effectivement c’est ce qui s’est passé et à l’aube de devenir Papa, tous ses souvenirs d’enfant ont ressurgi. Je lui ai dit qu’il ne sera jamais comme cela avec ses enfants parce que nous avons pu en parler.
Vous m’aviez répondu, et sur vos conseils j’ai lu “TA VIE SAUVEE ENFIN”

Il est Papa depuis 15 jours d’une merveilleuse petite fille, il a une compagne douce et intelligente qui est au courant et qui veut que l’on garde contact.
Il m’a envoyé par le net des photos de sa fille et me demande d’aller les voir.
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Dans ce livre vous parlez du droit de l’enfant de haïr ses parents. J’ai très bien compris le mécanisme. Mais lorsque les parents reconnaissent leurs fautes, peut on entretenir de nouvelles relations avec ses enfants ??? Je ne parle pas de “pardon” pour protéger la sacro sainte image de la mère. Je me plierai aux désirs de mon fils. Me demande t-il de venir le voir parce qu’il a encore peur ??? Je veux le bonheur de mes enfants que dois-je faire ? je suis vraiment perdue et mon mari n’accepte pas le long silence que notre fils avait instauré car lui il n’y était pour rien et il ne veut pas aller le voir (je suis désemparée)

L’objet de ma lettre est “mon fils”, mais j’ai moi aussi été battue pendant toute mon existence avec mes parents. J’ai été humiliée et battue (par ma mère) jusqu’à l’âge de 19 ans (je me suis mariée à 20 ans) jamais une tendresse, jamais un mot d’encouragement, jamais de félicitations, je n’étais jamais à la hauteur de ses espérances…. Mon frère avait toute son admiration et n’a jamais été battu.
Dans certaines familles on n’a pas besoin de mots pour montrer que l’on aime, le comportement suffit…….
Au collège je m’étais inventé un Mère et je racontais à mes camarades de classe que ma mère était ma belle mère, ma véritable mère habitait ailleurs et évidemment était merveilleuse et très belle….
Nos relations ont changé lorsque j’ai quitté le domicile familial. Elle a été une grand mère formidable avec mes enfants, mon fils a donné (en 2ème prénom) à sa fille le prénom de ma mère…….. (aujourd’hui atteinte de la maladie d’ Alzeimer) comme quoi…..

Je suis mariée depuis 35 ans, (mariage houleux) j’ai essayé de parler de mes souffrances d’enfant à mon mari, il ne veut rien entendre et me dit que je ressasse sans arrêt le passé et qu’il faut regarder l’avenir. Que bien des gens ont eu des problèmes enfant et s’en sorte bien. Je voudrais tellement avoir une épaule pour consoler la petite fille que j’étais. Je passe de dépression en dépression. Avec (comme vous l’expliquez dans votre livre) antidépresseurs et tout ce qui va avec. J’avais commencé une psychanalyse que j’ai arrêté rapidement.
J’ai très souvent des envies suicidaires, mon mari me dit que je fais du chantage.
Pouvez vous m’aider ? Quel comportement avec mes enfants maintenant ?

Je vous remercie.

Réponse de Brigitte :

Vous avez eu le courage d’ouvrir votre cœur pour que votre fils se sente suffisamment en confiance pour vous révéler son lourd fardeau qu’il devait porter comme une enclume depuis 28 ans.

Votre honnêteté à écouter ses souffrances d’enfant tyrannisé est certainement un des plus beaux cadeaux qu’il ait reçu pour la naissance de sa petite fille. C’est un grand SOULAGEMENT d’être compris et reconnu comme une personne innocente, sans défense sur laquelle on s’est défoulé sans jamais se poser de questions.

Heureusement qu’aujourd’hui vous osez vous poser ces questions qui brisent enfin le mur du mensonge et de l’hypocrisie dans lequel vivent la majorité des enfants avec leur parent. N’ayez pas peur de la vérité, même si elle est très douloureuse, elle ne sépare jamais, elle libère les cœurs meurtris pour vivre dans la sincérité et la légèreté.

Un enfant a généralement deux parents et LES DEUX sont RESPONSABLES des traitements qu’il subit. Si votre fils n’a pas pu se protéger en dénonçant votre brutalité à son père, c’est qu’il n’avait pas accès à lui et la question à se poser c’est : Pour quelle raison ??

Puisque votre fils le souhaite, vous pouvez aller le voir en continuant à rester fidèle à la vérité et A VOUS-MEME. BO

Merci pour votre réponse Brigitte, je vais bien entendu continuer dans cette voie.
J’attends de le voir pour pouvoir parler face à face et non au téléphone. Je vais pouvoir renouveler ma position , c’est à dire : “tu n’es absolument pas coupable, et je t’ai empêché de t’épanouir, je suis la seule fautive” Il m’a dit être soulagé de m’avoir parlé et son désir de reprendre des relations saines.

Effectivement on peut se poser la question : Pourquoi ne m’a t-il pas dénoncé à son père ? Je vais peut être lui poser la question.

Mon mari est un homme qui ne dévoile jamais ses sentiments, qui a toujours été là matériellement, qui n’a jamais maltraité ses enfants mais qui s’intéressait peu à leur vie d’enfant et me laissait toute liberté d’agir, me disant qu’il me faisait confiance…. (belle erreur….)
Il ne faisait jamais de compliment à ses enfants. Il me disait “Quand tout va bien, il n’y a rien a dire” mais quand quelque chose n’allait pas (bêtise ou autres) il se manifestait verbalement..
Nos enfants ne nous ont JAMAIS posé de problème
Maintenant, c’est contre moi que j’ai cette violence et je ne sais pas si je vais m’en sortir. J’en ai marre de cette détresse au fond de mon coeur que personne ne veut comprendre
Merci M;

Réponse de Brigitte :

Vous, vous commencez à vous comprendre et c’est ENORME de ne plus marcher dans le brouillard comme un zombi. Même si votre passé n’est pas glorieux, vous êtes consciente de ce qu’il est, contrairement à la grande majorité des gens sur la planète.

Votre mari s’est présenté comme un mur avec ses enfants et malgré ça, il pense qu’il n’a rien à se reprocher, vous au moins vous avez le courage de rester dans la vie en perçant la vérité et en SENTANT ce qui se passe en vous.

Je vous souhaite un bel échange avec votre fils pendant votre visite chez lui en restant vigilante à ne pas tomber dans un rôle « de pauvre maman » qu’il devrait consoler. Bonne chance à vous, BO