Oser LA VIE

Oser LA VIE
Tuesday 10 February 2009

Je me souviens, de ce qui était normal…

Le jour ou j’ai pris une fessée déculottée devant tout le réfectoire de la cantine à l’âge de 4 ans et demi, je ne parlais pas encore français…

Je venais d’arriver en France, ma mère venait de me récupérer. Arrachée aux bons soins de ma grand mère, qui m’a élevée dans l’amour, la joie et l’empathie, pendant quatre longues années, j’ai dû rejoindre ma mère, son immigration était une réussite, il ne manquait plus que moi au tableau.

Ma grand-mère est un don du ciel. Je veux le dire, et j’ai parfois peine à croire que ce soit-elle qui est élevé ma propre mère.
Ma grand-mère fait partie de ces gens sur qui la bonté est descendue.

J’ai été une enfant battue, humiliée et abusée durant 12 ans de ma vie.
Et je viens de le découvrir, je le savais mais aujourd’hui c’est différent, JE LE SAIS.

Ecrire ces ligne me retourne les sangs. Je prend mon temps. Je ne veux pas pardonner, non, je ne veux pas trahir une fois de plus la petite fille que j’ai été.

Je me souviens de la normalité: ma mère qui mettait de la pommade sur mes bleus, ceux qu’elle avait fait…
Ma mère me hurlant dessus en me tirant les cheveux, parce que je ne mangeais pas assez vite…
Mon beau père, me giflant et mon nez d’enfant qui a saigné…
Mon beau-père, me chatouillant sous la douche, le jeux des “guilis”dont il ne fallait parler a personne.

Je me souviens de cette normalité qui s’appelle violence.

Il paraît selon ma mère, que j’ai été l’ado la plus difficile du monde et que je l’ai beaucoup fait
souffrir, d’ailleurs elle me disait “Ah ce que j’aurais aimer avoir une fille comme untel, elle est bien cette petite…”

A dix sept ans je suis partie de la maison, marre des coups, des humiliations, de cette normalité quotidienne asphyxiante…

Je suis partie pour un homme, violent lui aussi, mais comme c’était normal… Et puis ma mère me disais “je ne l’apprécie pas, et toi je ne te considère pas comme ma fille, je ne t’aime pas.”

J’ai eu une enfant avec cet homme, chaque soir avant de la coucher, je lui dit que je l’aime fort
fort comme le monde.
Et pourtant je l’ai déjà fessée, je lui ai déjà inculquer cette violence normale, je l’ai déjà blessée.

Je suis quelque peu dépressive, coupable de tout, de tout mes échecs, d’ailleurs ma mère me l’a bien dit et répéter, je suis une bonne a rien, une faignasse, comme mon père dit-elle, moi je ne le connais pas.

J’ai vingt quatre ans au moment ou j’écris ces lignes.
Je me sépare du papa de ma fille, je part vivre loin dans le sud, je dit ce que je pense a ma mère, enfin.

J’ai décider de dire stop.

Stop a l’humiliation, stop au mensonge, stop à la violence, stop a la culpabilité, stop au traumatisme, stop a la “normalité”.

Ce soir quand ma fille rentrera de l’école, je lui dirais la vérité, je lui dirais ce que j’ai vécu, et je lui promettrais ne plus me comporter de la sorte.
Je veux la soulager, je veux lui donner les armes, celles que je n’ai pas eu, je veux lui donner la vie.
Je veux lui donner la liberté juste.

Je ne veux pas, qu’elle vive ce que j’ai vécu, je ne veux pas que ma fille soit une enfant battue de plus…

J’ai 24 ans et je n’ai plus honte de la vérité.

Merci aux femmes comme vous , aux âmes comme vous.
Grâce à vous, je comprend, grâce à vous je me responsabilise, grâce ò vous la voie libératrice
s’entrouvre pour moi, et grâce à vous, de mon côté, il n’y en aura pas une de plus… Ma fille.

Merci

Réponse de Brigitte:

Quel magnifique chant de liberté vous écrivez ici, alors nous vous souhaitons le plus beau voyage avec votre fille dans le respect et l’amour de vos personnes. Tout notre soutien dans votre nouvelle vie BIEN MERITEE et certainement plus humaine que ce que vous avez connu jusqu’ici. BO