L’optimisme justifié

L’optimisme justifié
Sunday 19 April 2009

Chère Madame Miller,

Je pense aussi que l’empathie pour son propre enfant ne peut pas s’apprendre dans les livres, tant que la souffrance de notre propre enfance est totalement niée; mais je place mon espoir dans le fait que le déni n’est pas toujours total ni définitif. Les livres, les conférences, les écoles des parents ne peuvent être utiles que si le lecteur, l’auditeur, le participant a peut-être, en effet, perdu le contact avec son enfant intérieur mais n’en a pas verrouillé l’accès. Parfois la porte peut s’entrouvrir et la personne se pose des questions comme par exemple « pourquoi est-ce que je voulais élever mes enfants avec amour et je m’énerve dès qu’ils font du bruit ou n’obéissent pas tout de suite ? Pourquoi leur comportement me dérange-t-il bien que je sache que les enfants ont besoin d’activités vivantes et bruyantes ? Je suis sûre, parce que je l’ai observé souvent, que vos livres, vos lettres ouvertes et dans une moindre mesure, les conférences et les débats répondent à un besoin d’avoir un éclairage vrai sur tous les problèmes de l’éducation et de l’escalade de la violence.

Vous n’avez pas apporté au monde que des informations intellectuelles précieuses mais aussi la réelle empathie dont tous les hommes ont besoin et rencontrent si rarement. On sent cette empathie à la lecture de vos livres. Le lecteur ne peut pas rester indifférent, d’une part parce qu’il lit -souvent pour la première fois- un langage de vérité, d’autre part parce que vous êtes vous-même une personne authentique.

Malheureusement, j’ai aussi remarqué que vos travaux suscitent souvent de la peur parce qu’ils entrent en résonance avec une corde sensible. La peur montre cependant que cette corde n’est pas complètement paralysée. Mais que le fonctionnement du cerveau reproduit ses réactions aux traumatismes originels de l’enfance. La question principale que je me pose comme conférencière est celle-ci : Comment pouvons-nous transmettre la vérité sur les conséquences de l’éducation et en même temps atténuer cette peur des sentiments refoulés? Lorsque les gens sentent que l’accès à leur propre enfance n’est pas seulement douloureux mais également libérateur, ils osent souvent faire le premier pas. Vos livres montrent très bien les deux aspects. En tant que conférenciers, nous devons faire partager notre enthousiasme pour les perspectives qu’ouvre votre travail.

Vous avez aidé beaucoup de gens à cesser une thérapie inutile, voire nocive et à avancer seuls pendant un moment. Grâce à vous de nombreux lecteurs veulent connaître la vérité sur leur enfance. Nous savons maintenant qu’il est possible de mettre fin à la violence. Pour atteindre ce but, les hommes ont besoin d’explications claires, de la transmission d’études, d’expériences, par lesquelles ils se sentent concernés et qui leur proposent une issue salvatrice. Vous nous apportez tout cela.

Il est certain que la majorité des hommes vit encore sans cette connaissance et sans doute, une certaine proportion d’entre eux niera toute sa vie les souffrances de son enfance et n’éprouvera pas d’empathie, parce que ses sentiments ont été réprimés et les souvenirs des traumatismes trop profondément refoulés. Mais ceux qui ont cette connaissance doivent s’efforcer, autant que possible et aussi souvent que possible, de la transmettre et de réfléchir aux moyens de toucher en profondeur les lecteurs et les participants à des conférences. Naturellement, un comportement empathique doit être en accord avec ce qui est dit. Les progrès en neurobiologie pourront enrichir de plus en plus notre travail de transmission.

Ne partagez-vous pas mon optimisme ?

Avec mes meilleures salutations.
FC
AM: Je vous remercie pour votre réponse bien réfléchie. Je pense comme vous qu’il y a des personnes qui se trouvent déjà sur le chemin de vouloir découvrir leur enfance et pour eux, les livres, les conférences et les sites internet, peuvent devenir un grand support.