Renoncer à ses frères et soeurs
Tuesday 22 July 2008
Bonjour Brigitte, bonjour Alice MILLER,
Je viens vers vous aujourd’hui car je viens de rompre avec mon petit frère et il ne restait que lui finalement dans mes relations familiales.
Je n’osais pas rompre avec lui car il avait 16 ans et que je m’étais beaucoup occupée de lui quand il était petit et aussi parce que j’avais des élans de câlins et d’amour pour ce petit bonhomme. Au moins lui, je pouvais l’embrasser et jouer avec lui. Il ne m’avait pas non plus fait autant de mal que les autres.
Aujourd’hui, il a écrit que je l’avais renié lui comme toute la famille et m’a supprimé de ses contacts sur son blog. Je lui ai demandé des explications, pour comprendre ce qui se passait en lui mais ses réponses ont été contradictoires et il me disait qu’il me comprenait, que les parents étaient insupportables (il vit avec eux) et je lui ai donné plus d’éléments sur mon histoire d’enfant pour qu’il comprenne… J’ai voulu me justifier, je me suis sentie coupable et responsable de cette rupture qu’il nomme “reniée” au fond.
Je n’arrivais toujours pas à aller jusqu’au bout de mon élan vital qui était “je n’ai pas de véritable relation avec lui, ce n’est que l’illusion d’une relation fraternelle qui me lie à lui” pour le protèger mais aussi pour peut être ne pas rompre la dernière “liane” de relation familiale que je gardais depuis mes ruptures successives qui ont commencé en décembre dernier. Pis peut être aussi parce que j’attendais en vain que cette famille me comprenne à travers lui.
Mais aujourd’hui, j’ai été honnête. je me suis excusée de ne pas l’avoir été plus tôt, finalement ça ne rends service à personne et tout le monde en souffre, être dupé ce n’est pas du tout satisfaisant. Moi ça m’a mis en colère et j’attends de vraies relations aujourd’hui.
ça me fait du bien de vous écrire.
justement hier, avec ma psy, on a parlé de ça, du risque que je culpabilise face à ce qu’avait écrit mon frère : “elle nous a renié”.
J’en ai rêvé cette nuit, toute la famille me poursuivait pour me récupèrer, ne comprenait pas ma décision et surtout, me condamnait pour ça. Ma soeur me traitait comme une furie, comme dans mon enfance et ma mère, alors que je lui disais que mon père m’avait pénétrée (je ne pouvais pas dire “violée” dans mon rêve car je me disais qu’elle me croirait pas!!!) était scandalisée qu’il ait pu le faire, mais pas par rapport à moi! juste par rapport à elle.
Mon rêve me dit une chose : n’attends pas qu’ils te comprennent, c’est mort; il y a longtemps qu’ils t’auraient compris, déjà l’époque ils t’ont reniée, toi et tes sentiments.
J’en ai marre de devoir donner des explications à ces gens là (je me surprends à le faire symboliquement ou inconsciemment) et marre de ne pas me donner ma place entière et nécessaire.
Je souffre de leur hypocrisie et ils veulent me faire payer ma décision de rompre avec cette hypocrisie.
à plusieurs, c’est toujours plus facile, surtout que ça se passait déjà comme ça quand j’étais petite.
Il y a pas longtemps, en séance, j’ai craqué car je ne me sentais plus le courage d’avancer, j’avais perdu nombre de repères à cause d’une relation professionnelle qui avait fait se rejouer l’inconsidération dramatique qu’avait ma mère face à mes plaintes (si faibles qu’elles aient été) quand j’étais petite.
Comme un soufflet, j’avais perdu tous mes repères de thérapie, tous mes sens étaient bloqués, j’étais déconnectée; ça a été horrible.
aujourd’hui je ne veux plus que ça recommence.
être avec soi même a un prix, et ce prix ce n’est que la rupture avec l’illusion.
en fait, l’illusion est grande et prends beaucoup de place, c’est celle là que je dois rompre.
je vous remercie de me lire, c’est très gentil. Merci de votre compassion.
Ma peine s’est déjà dissipée.
Réponse de Brigitte:
Tout ce que vous vivez est tellement juste, sortir de la dépendance de quelqu’un ne se fait pas sans ressentir des peurs, des doutes, de la haine, de la culpabilité, de la pitié, du soulagement ….. Votre mémoire a enregistré la présence de cette personne (bonne ou toxique), dans votre vie et vous vous êtes adaptée pour vivre avec. Vous devez désapprendre aujourd’hui en chamboulant tous les repères et les informations enregistrés dans votre cerveau ce qui provoque aussi un chamboulement émotionnel.
Vous avez raison qu’il est très douloureux d’être confrontée aux illusions qui s’écroulent et en même temps tellement libérateur quand nous sommes ensuite dans la réalité et la vérité. Celui que vous avez pensé votre allier, “votre copain” d’enfance n’en est rien, vous osez voir qu’il ne fait qu’un avec le reste de votre famille despotique et vous ne pouvez rien y faire, seulement vous protéger comme vous le faites en cessant de vivre dans le mensonge avec lui. Bonne continuation, BO