Plaisir de vivre libre
Thursday 28 May 2009
Bonjour,
Voilà j’ai été émue de lire le courrier du 16/12/08, je me suis vraiment retrouvée dans vos propos et je voulais vous apporter mon soutien par mon expérience.
Effectivement, j’ai traversé moi aussi cette longue période d’isolement, je ne sortais presque plus, je n’avais pas le goût d’aller vers les autres puisque je savais très vite quel genre de personne ils étaient autoritaires, agressifs… Alors à quoi bon essayer de lier quelque chose avec eux puisque de toute façon, ils ne me correspondaient pas. Je sortais peut à peu des griffes de ma propre famille, ce n’était pas pour reprendre contact avec le même type de personnes !
Sauf, que maintenant j’ai le choix, un certain discernement et plus de lucidité pour faire la part des choses, peu à peu, je ne cherche plus à être comprise par mon entourage. J’ai besoin de contact pour rire et m’amuser alors je choisis essentiellement des gens qui me font rire et qui aiment plaisanter (bien sur ce n’est qu’une partie d’eux mais cela ils peuvent me le donner et c’est ce que je puise chez eux !).
Malheureusement, la plus part de ceux qui savent une partie de mon enfance serait tenter de me parler de pardon, de tolérance…quoique a la réflexion, lorsque je cite un moment difficile de mon enfance, j’ai l’impression qu’ils n’osent plus autant me « raisonner » car ils voient sûrement que je suis « VRAI » dans ce que je dis et que je n’ai plus besoin (ou beaucoup moins !!!) de leur approbation. Alors, j’essaie de choisir les sujets de conversation qui me plaisent plus et je « trie » mes relations, et j’essaie de ne prendre que celles qui m’apportent quelque chose de positif.
Mon enfance, j’en parle avec moi-même par écris et avec ma psychothérapeute.
J’ai repris contact avec des anciens copains grâce à Internet, j’ai eut la chance de retrouver plusieurs personnes dont un très bon copain que je revois régulièrement.
La personne qui m’a poussé à aller vers les autres (avec l’aide de ma thérapeute) n’est autre que la petite fille que j’ai été et qui a vécu dans une si grande violence et entièrement coupée de relations affectives. En effet, petite, je me souviens que j’imaginais être entourée d’amis et de mes deux cousines qui venaient danser et rire avec moi autour de la table de la salle à manger. J’étais pleine d’illusions. J’allais ouvrir la porte pour y faire entrer mes invités et amis imaginaires, j’imaginais que j’étais la « meneuse » de la fête alors je riais et dansais dans cette grande salle à manger froide et vide ou je ne devais pas mettre le désordre, heureusement la musique et la danse me permettaient d’imaginer une autre vie.
Cette autre vie, c’est maintenant que je suis adulte que je peux m’en approcher le plus concrètement possible. Mon mariage a eut lieu en octobre 2008 et j’y ai invité uniquement les personnes que je considérais comme des amis, des bons copains, nous étions 20 ! Et j’ai passé une excellente journée à rire et danser, j’ai pu enfin offrir à la petite fille que j’ai été ce moment ou j’accueillais mes invités qui venaient sourire aux lèvres pour faire la fête avec moi !
Aujourd’hui, que je sais qui contacter pour passer un bon moment de détente, que je sais comment nourrir ce besoin, j’ai vraiment la sensation d’être sortie de ce tunnel dans lequel mes parents m’ont jetés et maintenus si longtemps.
C’est après avoir beaucoup pleurer, que j’ai pu me rendre compte de combien j’aurai aimé être « comprise » par mes parents, mes frères, mes tantes puis par mes amis et mes relations… et combien j’aurai fourni d’efforts en vain !
Mais je suis seule avec la douleur de mon passé ce n’est que lorsque l’on touche le fond que l’on peut remonter. Alors courage, je pense que ceux sont vos besoins d’enfant qui vont vous guider vers de plus en plus de liberté !
Bien à vous
PS : merci à vous Alice et Brigitte pour avoir créer cette rubrique courrier qui permet de nous rendre la parole.
Réponse de Brigitte :
Vous semblez avoir trouvé la nourriture nécessaire à votre épanouissement en comblant vos manques de petite fille effroyablement seule dans cette maison si froide et si vide. C’est tout à fait compréhensible que vous ayez besoin de vous entourer de personnes chaleureuses qui puissent redonner un peu de vie à cette ambiance cyniquement morose dans laquelle vous avez passé une partie de votre enfance. Le jour de votre mariage, vous vous êtes sans doute offert le plus beau cadeau que vous méritiez en faisant cette sélection d’invités pour célébrer la réussite de votre libération, bravo à vous. BO