Dépression récurrente 2
Monday 28 May 2007
Merci de tout cœur, Brigitte.
Vous avez tout à fait compris ce que je vis aujourd’hui, en disant que mes illusions s’écroulent pas à pas sous mes pieds. Comment ai-je pu me mentir à ce point ? C’étaient bel et bien des illusions. Je me rends compte que ce à quoi je me raccrochais ne tient pas, et cela est effectivement très douloureux. Après avoir regardé la vérité de ce qu’était ma mère en face, il m’était difficile d’ouvrir encore et encore les yeux sur mes grands-parents et mon cousin (qui est d’une indifférence suprême aussi, pour ne pas dire égoïste, car c’est peut-
être la seule attitude qu’il a apprise d’eux !). Me détacher en les regardant tels qu’ils sont est sans doute un passage obligé pour me défaire définitivement de leurs ombres. Ce que vous m’avez dit à ce propos m’a soulagé (car je sens bien que c’est la vérité).
D’ailleurs si j’avais écouté mon corps (j’ai depuis peu une plaque de boutons « familiale » derrière le bras que ma grand-mère a aussi, et l’un de mes cousins, plus une tante : c’est bien la preuve que cela « démangeait »
de ce côté-là).
Je ne savais pas qu’un enfant pouvait prendre en charge les problèmes de ses parents avant la naissance, mais c’est tout moi, cela : la sauveteuse de service !
Enfin, ma psychologue voulait que je renoue avec mon père (surtout pour mon fils), que je voyais de temps en temps lorsque j’étais petite chez ma grand-mère paternelle, qui m’invitait… Je n’en ai pas la moindre envie, car, comme je l’ai dit à ma psychologue, il n’a jamais manifesté que de l’indifférence, voire de la fuite à mon égard. (Il voulait que ma mère avorte, puis l’a quittée pendant la grossesse). À l’enterrement de sa mère, ma grand-mère, je n’ai même pas été invitée avec le reste de la famille à venir avec lui et son frère,
ou sa sœur après la cérémonie, j’ai été remerciée et l’on m’a fait comprendre que je pouvais partir. J’en ai été vraiment affectée. En bref, je ne fais pas partie de cette famille-là non plus.
Je viens de passer les deux ou trois années les plus douloureuses de ma vie, depuis la tentative de suicide de ma mère, le décès de ma grand-mère paternelle, la fuite de mes grands-parents (et de tout le reste de la famille) devant l’épisode dépressif et délirant de ma mère (que j’ai géré seule)… Depuis peu, car tout cela a commencé à m’ouvrir les yeux, je fais heureusement de belles rencontres amicales, de gens bons et qui me
soutiennent (des voisins dont je ne soupçonnais pas la gentillesse, et qui m’ont aidée à déménager, à refaire mon nouvel appartement), une amie du lycée que j’adorais que j’ai retrouvée par hasard. Je sens bien que je retourne à la vie (au lieu de n’être que l’ombre de moi-même) et je suis bien contente, car je commence à sentir que des envies anciennes me reprennent (comme écrire). Peu à peu j’émerge de mes angoisses et je retrouve espoir. J’ai l’impression de recommencer à respirer. J’entrevois la possibilité de changements qui
me paraissaient impossibles avant. Je veux continuer sur ce chemin.
Merci encore.
S.A.
Réponse de Brigitte:
Le détachement des personnes toxiques se fait au fur et à mesure que nous ouvrons les yeux sur ce qu’elles sont vraiment, cette dépendance peut disparaître autant que vous déciderez de vous rester fidèle.
Les plus éminents de la profession tiennent des discours approbateurs sur l’importance des relations grand parentales. Pour continuer de protéger nos parents et rester dans le déni de nos souffrances, nous sacrifions notre progéniture aux mêmes personnes qui ont été nos bourreaux jadis. Seulement les personnes comme vous, qui ont récupéré leur discernement ne se risquent pas de confier leur enfant à l’incompétence et l’absence de compassion à ceux qui sont devenus des grands parents. BO