Attention à la pitié
Thursday 05 February 2009
Bonjour AM et BO,
Pour rappel :
Je vous ai adressé deux courriels : l‘un en décembre« Libérée, mais seule », l’autre en janvier « Je veux qu’on sache ».
(Suite de l’histoire, et fin je l’espère)
Il me restait a affronter ma mère, mon père étant décédé.
J’ai souhaité voir ma mère pour lui dire que je n’avais pas oublier. Alors je lui ai téléphoné pour prendre un rendez-vous (c’est drôle de devoir prendre un rdv avec sa mère ! Une permission supplémentaire)
Elle n’a pas voulu. J’ai donc essayé de lui parler au téléphone. Je n’ai pu qu’entendre la mère froide et violente qu’elle avait été dans mon enfance. J’ai pu lui dire ce que m’avait fait mon frère (son fils).
Elle m’a répondu : « c’est du passé, je veux pas d’histoires, je suis vieille et malade », « pourquoi tu ne me l’as pas dit,……. Non, Je ne te crois pas ! »
J’avais presque espoir qu’elle me croit, un dernier signe pour moi, qui m’aurait permis de me dire « je me trompe, elle me croit parce qu’elle m’aime enfin, mais n’a jamais su le montrer».
J’ai raccroché.
Je n’ai pas réussi à lui dire tout ce que je voulais lui dire. J’en ai discuté avec ma psy. Voyant ma souffrance, que j’attendais toujours quelque chose de cette femme, elle m’a suggérer de lui écrire ou d‘aller la voir, mais de me protéger dans ce cas, de me servir de ces mécanismes de défense.
Je ne comprenais pas vraiment le sens de « protégez-vous ».Je n’ai pas été habitué à cela. J’y suis allée. Durant tout le trajet j’ai essayé d’être forte. Plus je me rapprochais de chez elle et plus j’angoissais.
Face à elle, je n’ai vu que son regard noir, sa froideur, cela m’a permis d’avoir le courage de lui parler, mais tout en évitant malgré tout son regard.
Devant témoin elle a nié m’avoir dit « je ne te crois pas ! », j’ai tenu tête.
Moi : « Enfant tu ne m‘aurais pas cru, comme aujourd’hui, ton fils était tout pour toi. Mais je te l’ai dit à ma façon, et tu n’as pas voulu voir les échauffements que j’avais aux parties génitales…tu me talquais…et les cystites… tu savais…. sauf qu‘aujourd‘hui l‘adulte que je suis se fiche que tu crois ou pas…..se serais voir que tu as failli à ton rôle de mère c‘est inacceptable pour toi…tu savais…tu ne m‘as pas protégé…lui oui, tu lui as permis d‘être tout puissant…je sais c‘est dur d‘entendre ça mais tu savais»
1H30 de discussion ou je n’attendais pas de réponse, je voulais juste lui dire que j’avais pas oublier. Elle c’est caché derrière des « je me souviens pas ».Surprise même quand je lui ai rappeler les « dérouillées », j’avais la dernière en tête à ce moment là. Cette impression d’être une poupée de chiffon dans ces mains tellement que les coups venaient de partout. De ne plus être dans ce corps, faire comme si je n’étais plus là.
A la fin je me suis levée, mis ma veste, puis cette femme je l’ai vu comme une vieille femme, elle s’est mise à pleurer, trembler, dire « c’est dur, c’est dur pour moi ».
Elle a pour une fois tendu la main vers moi. J’y suis allée très émue. Pour la première fois j’ai senti sa main sur moi, comme un geste tendre. Alors peut-être que je le perçois ainsi, pour me protéger justement, pour passer à autre chose, rester sur une note positive.
En faisant ce geste elle m’a dit : « tu ne m’en veux pas ».
Je crois comprendre dans cette phrase : « je savais mais je n’ai rien fait , excuse moi »
J’ai compris que je ne pourrais plus rien attendre d’elle.
Je crois que je n’ai plus de colère. Mais comme j’ai tellement de mal à ressentir mes sentiments, ou montrer mes émotions (pensée opératoire ?!), j’espère que ce n’est pas encore un moyen de refouler de nouveau.
Je vous remercie de m’avoir lu
Il n’y a pas de plus grand MERCI pour tout le travail que vous faites, du temps que vous prenez en lisant ceux qui souffrent et de l’aide que vous apportez de ce fait.
Réponse de Brigitte:
Attention, le piège de la pitié n’est pas loin!!! C’est pour VOUS qu’il était « dur » d’être abusée sexuellement alors que vous n’étiez qu’une petite fille de cinq ans dont elle n’a jamais voulu voir votre détresse. Dans cette confrontation, à aucun moment elle n’a eu de l’empathie pour votre souffrance, ni aucun intérêt pour ce que vous avez vécu. Vous avez toutes les raisons maintenant de sentir la rage pour avoir été encore une fois trompée et abandonnée par cet femme. BO