Maintenir son patient dans l’enfermement en 3 leçons

Maintenir son patient dans l’enfermement en 3 leçons
Wednesday 19 March 2008

Bonjour Mme Miller, bonjour Brigitte,

je me sens si seule en ce moment. Je ressens enfin la colère, pas seulement contre mes parents mais aussi lors des injustices de la vie de tous les jours et ça me fait beaucoup de bien de m’exprimer enfin…….mais je me cogne à un mur d’incompréhension..(..et je fais le vide autour de moi…!!). J’ai aussi exprimé une grande colère à ma thérapeute, qui au lieu de soutenir la petite fille battue et en détresse m’a parlé de l’angoisse de ma mère avec un bébé comme ça ( moi, intrépide ) et que ma mère aussi a été battue…..(?????????????).
Je lui ai exprimé ma colère et que je n’étais pas d’accord avec elle . Elle me dit ” s’intéresser aux parents et essayer de les comprendre ne veut pas dire excuser …). Elle m’a dit aussi que ma colère me rend aveugle et elle s’est sentie accusée personnellement…………
Je suis persuadée d’être sur le bon chemin….et je n’ai plus envie de continuer avec cette thérapeute, mais j’ai peur. Je me sens si seule .
En annexe, vous trouvez la réponse de ma thérapeute suite à notre désaccord…
Je me demande si je peux y arriver maintenant toute seule, en écrivant mes émotions………
Merci pour tout ce que vous faites,

Lettre de la thérapeute:

Bonjour ,

Voici l’axe qui me permet de me libérer avec l’aide de mes thérapeutes,
et par conséquence celui qui m’inspire pour accompagner les personnes.

De manière un peu schématique :

La 1ère étape est de libérer l’enfant de ses parents en lui disant de
cesser de chercher à l’extérieur ses parents, en l’invitant à rentrer à
l’intérieur de l’adulte pour y trouver l’appui des parents intérieurs.

La 2ème étape est d’exprimer les émotions : s’il y a de la haine c’est
bien que ça s’exprime et que cela soit accueilli.

La 3ème étape, bien plus tard, serait peut-être une ultime étape ou
s’approcherait d’une ultime étape :
il s’agit de décrocher de la haine contre ses parents, ce qui permettra
de défusionner d’avec eux.
Rendre ses parents responsables et les haïr maintiennent une fusion
avec eux et empêchent notre libération. C’est le mental qui utilise ces
moyens pour continuer de fusionner avec eux.

Apparemment tu n’es pas prête à cette étape car pour l’instant tu tiens
à fusionner avec tes parents par la responsabilisation que tu leur
infliges et par la haine que tu ressens.

Nous sommes les ultimes maîtres de nos choix. D’autres enfants ayant
beaucoup souffert se révoltent contre leurs parents, par la maladie, en
faisant chier leurs parents la nuit, en mourant et déclenchant de ce
fait la culpabilisation des parents qui en mourront à petit feu, ou en
commettant connerie sur connerie, en fuguant.

La colère que tu ressens contre moi n’est pas contre moi. C’est celle
que tu ressens envers tes parents et que tu projettes sur moi.

Ton attitude en ce moment est très mentale, ton mental tente de me
manipuler, il résiste. Le sens-tu ?

Je ne peux prévoir à l’avance de ma conduite en séance, mais la plupart
du temps soit j’accueille la colère dirigée contre moi et/ou je dirige
la personne sur ses parents, puisque c’est là la cause de la colère.

Réponse de Brigitte:

Heureusement que votre corps réagit aussi bien et aussi fort à la manipulation et à la pédagogie noire!!
Cette thérapeute ne peut absolument pas vous aider à sortir de la dépendance de vos parents en vous demandant de les comprendre. Tout son processus thérapeutique est basé justement sur “la fusion avec les parents” en les protégeant pour ne pas les rendre responsables des maltraitances et en vous accusant de les haïr pour ça.
Elle dit bien que cette haine doit être exprimée, mais cela ne se fait pas “une bonne fois pour toute” comme elle le pense, cette haine peut ressurgir à chaque instant tout au long de notre vie quand nous sommes confrontés à des répétions de scénarios de notre enfance.
Aucun thérapeute ne peut prétendre qu’après la thérapie nous allons vivre sur une planète où tout est aménagé pour ne plus jamais sentir de la colère ou de la haine. Nous serons toujours confrontés à des situations qui réveilleront les blessures de notre passé et heureusement car c’est uniquement de cette façon que nous pouvons retrouver les souvenirs qui sont restés jusqu’alors refoulés.
A chaque fois qu’un souvenir émerge il provoque une avalanche d’émotions comme un processus de guérison et s’il n’est pas entravé par des “théories fumeuses”, alors la haine que nous n’avons jamais pu nous permettre jadis se présente naturellement à notre corps pour nous permettre de sortir de l’impuissance et ne pas sombrer dans la dépression.

Sans aucun doute vous êtes sur “le bon chemin” et l’écoute que vous offrez à votre corps vous y conduit en toute sécurité si vous ne vous laissez pas embrigader dans des discours qui vous maintiennent dans le déni. BO