Saboter ses plaisirs

Saboter ses plaisirs
Thursday 26 March 2009

Chère Alice, Chère Brigitte,

« elle t’a aimé mal, mais elle t’a aimé”,

A écrit une de vos lectrices. Avec « Mais si, elle t’a aimé à sa façon »

Combien de fois ai-je pu moi aussi l’entendre, et même de la part de mon ancienne thérapeute !.

Peut on aimer mal ? Peut on aimer à sa façon ? Parce qu’il y aurait donc au moins deux façons d’aimer ? Une qui fait du bien, une qui fait du mal ? C’est ridicule ces formules toutes faites qui ne servent qu’à protéger les parents une fois de plus.

En tout cas, la lettre de votre lectrice me fait du bien parce que moi aussi je suis dans cette grande traversée du désert et me rendre compte que je ne suis pas la seule, me soulage un peu. Je ne peux pas faire semblant d’aller bien quand je me sens au fond du désespoir. J’ai beau savoir que c’est ma solitude d’enfant que je revis là, c’est un passage que je ne peux – et ne veux – contourner. Pas cette fois, pas si près du but. C’est comme ça, aujourd’hui j’affronte et je souffre. Tand de deuils à faire pour pouvoir enfin exister aujourd’hui : celui de la bonne mère que je n’ai jamais eu, celui du père mort et de toute manière violent, celui de l’enfance que j’aurais du avoir…Et je me sens seule face à tous ces gens qui ne comprennent pas que le chemin que j’ai entrepris est douloureux et que je ne peux pas faire autrement si je veux me donner une chance de réussir ma vie d’adulte aujourd’hui.

Oui, pour eux c’est le « passé », je ne devrais pas non plus souffrir !

La bonne blague ! Comme si on se réveillait adulte un beau matin, sans passé, sans enfance, heureux comme ça, simplement parce qu’adulte ! Quelle idiotie !

Pour le moment, je suis incapable de répondre à mes besoins affectifs parce que mon vécu d’enfant maltraitée me bloque. Oui j’en souffre et non, je ne m’en sortirai pas en ignorant mon passé, mon enfance, qui me raconte pourquoi je suis dans l’impossiblité de répondre à mes besoins vitaux aujourd’hui.

Merci à vous deux et à vos lecteurs et lectrices. Pour moi aussi, lire le courrier des autres personnes et vos réponses m’aident beaucoup.
Réponse de Brigitte :

Merci pour votre lettre qui montre bien comment le parent arrive à pervertir chez l’enfant son besoin fondamental d’attachement à l’autre à coups de brutalité et malveillance et nous entraine ensuite dans notre vie d’adulte à l’état d’ignorance de nos besoins affectifs comme la reconnaissance, le respect et la sécurité. Il est absolument nécessaire de récupérer votre discernement sur la réalité de votre passé pour éviter des relations qui vous présentent à nouveau les mêmes traitements que jadis et surtout pour ne plus vous saboter dans les plaisirs de la vie comme vos parents vous ont fait. BO