C’est comme ça que l’on peut voir qui ils sont

C’est comme ça que l’on peut voir qui ils sont
Thursday 04 March 2010

Bonjour Alice, bonjour Brigitte,

C’est la troisième fois que je vous écrit, je voudrais parler des bénéfices que l’on a à se rapprocher de soi-même, et ne plus fermer les yeux sur la cruauté dont on a été victime.
Avec le temps, je fais de moins en moins de déni. Cette voix supérieure et moqueuse de ma mère que j’entends encore dans ma tête qui me dit que je me plains trop, j’arrive à la chasser, ayant de moins en moins de pitié pour cette femme qui m’a toujours refusé le soutiens et l’affection dont j’avais besoin enfant.
En faite, mes écrits m’aident à voir qui elle est. J’ai toujours détesté mon père. Il a beaucoup changé avec le temps, jouant les hommes doux en apparence, mais je ne me suis jamais laissée leurrer par cette façade, car les insultes et l’agressivité reviennent facilement dans son comportement. Mais pour ma mère, je me suis accrochée à elle de manière irrationnelle, me persuadant même à une période qu’il fallait que la sauve de cette situation dans laquelle elle est avec mon père (il est violent même avec elle, je l’ai prise pour mon « compagnon d’infortune » je crois).
Mais maintenant j’ouvre les yeux, surtout depuis la dernière dispute que j’ai eu avec elle sur mon enfance : cette femme est insensible, elle cautionne les coups, considère que les coups de poings dans la figure et les coups de pieds dans le ventre que j’ai reçus ne sont que des « petites claques sans importance ». Elle dit que les insultes étaient des encouragements pour m’aider à avancer, elle nie m’avoir battu, ou alors « juste une fois », et ne voit pas pourquoi je leur en veux comme ça, vu que l’enfance n’est que du passé et qu’il faudrait que j’arrête de ruminer.
Je recopie ces paroles, car finalement c’est ce qu’elle m’a toujours dit, qui a fini par entrer dans ma tête jusqu’à me faire devenir dépressive pendant presque dix ans. J’ai idéalisé ma mère en tant que « femme courageuse qui ne se plaignait jamais». Maintenant, je vois que c’est une femme soumise, sans personnalité, cruelle avec les autres et son propre corps, manipulatrice, adepte du chantage affectif et ayant une parfaite maîtrise de « la petite voix plaintive ». Je comprends pourquoi j’ai dû aussi refouler si fort cet inceste que j’ai subi : je n’ai jamais reçu aucune compréhension ni tolérance.
J’arrive à chasser sa voix dans ma tête quand je suis triste en repensant à toutes les horreurs qu’ils m’ont fait. C’est une voix qui me traite de pleurnicheuse, de « Caliméro » (dixit un de ses messages), de fille ennuyeuse qui ressasse sans fin son passé. Cette voix restait inconsciente, me donnant par exemple envie de bailler profondément au moment où les larmes me montaient aux yeux, me coupant ainsi les pleurs. On appelle ça du conditionnement je crois. Maintenant, je dis à cette mère intériorisée que je ne l’aime pas, et que même si elle prend un air malheureux quand je lui dis ça, ça ne prend pas, car elle, n’a jamais eu pitié de moi, ne m’a jamais défendue, souriait même en me regardant me faire battre par mon père. Même maintenant, elle n’a pas pitié en tentant de me manipuler pour que je revienne vivre chez eux, comme si je n’étais qu’un objet destiné à lui appartenir sans aucun droit à l’autonomie, ignorant la dangerosité latente de mon père envers moi.
Mon père, j’ai toujours eu le droit de le détester. J’ai été soutenue par mes tantes et beaucoup de mes amis, qui savaient à quel point cette homme est cruel, égoïste et pervers. Mais ma mère a toujours réussi à sauver son image. J’apprends maintenant à ne plus avoir aucune pitié pour elle, pour son aveuglement et son sadisme. Et ce faisant, je me sens de plus en plus forte et vivante.
Merci pour ce site, et merci également aux auteurs des lettres. C’est ainsi que j’arrive à éviter moi aussi à devenir insensible aux traitements que j’ai reçus, et qu’ainsi je peux construire de façon plus proche de mes besoins un avenir souriant.

Réponse de Brigitte :

Des mères comme la votre, il y en a des milliers dans le monde et personne ne veut voir la nocivité ravageuse que cela entraine sur le psychisme de l’espèce humaine. Heureusement que dans votre dernière rencontre avec elle vous avez osé VOIR comment elle était et qu’elle a TOUJOURS été, dépourvue de toute empathie, cruelle, incompréhensive et totalement inhumaine. Gardez toujours en mémoire ces derniers propos pour ne pas vous laisser attirer par la pitié, sentiment qu’elle n’aura JAMAIS à votre égard. BO