Demander pardon à ses enfants
Sunday 01 July 2007
J’ai 55 ans, et trois fils (25, 21, 15). J’ai entrepris une thérapie qui a duré 3 ans et m’a permis de ré-ouvrir les plaies de l’adolescence, et de les soigner du mieux que j’ai pu. En tous cas, cette thérapie m’a fait progresser sur le plan affectif et j’ai quitté la culpabilité qui m’empêchait de grandir. Récemment, j’ai visité votre site et j’ai pris l’habitude de lire le courrier. La lettre d’un Monsieur de 60 ans à sa mère de 92 ans m’a bouleversée. J’ai passé une nuit blanche à pleurer moi qui ne pleurait plus depuis des siècles (à l’exception du décès de ma mère en 98). Nuit blanche et re-nuit blanche à tourner dans tous les sens le pourquoi de ce chagrin. Une amie qui a senti ma détresse et à qui j’ai pu parler un peu m’a prêté vos livres. Depuis je vis dedans. Une autre culpabilité s’infiltre: quelle mauvaise je fus! Je comprends parfaitement les raisons qui m’ont conduites à fesser mes enfants, à ne pas leur accorder l’arttention qui leur était nécessaire, à les “dresser” pour ma tranquilité, sauf le petit “dernier” qui par son comportement non “conforme” m’a mise devant mes propres difficultés. Aujourd’hui je sais que je dois leur demander pardon. Je le fais maladroitement à l’occasion d’une discussion quand ils sont avec moi, car je discute beaucoup avec eux, mais j’ai encore du mal à exprimer ce pardon de manière claire, pour chacun d’eux. Ai-je peur de les blesser plus profondément qu’ils ne le sont déjà, de réactiver leur souffrance? En fait je ne sais pas comment faire. Si vous aviez un conseil, une piste que je pourrais suivre, cela m’aiderait.
M
Réponse de Brigitte:
Il est certain que si nous lisons et comprenons le sens profond des travaux d’Alice Miller quand nos enfants sont déjà des adultes, nous sommes, tout comme vous, confrontés à nos pratiques d’éducations, mais nous sommes surtout assaillis par la douleur de notre propre enfance. Jusqu’ici votre thérapie vous a permis de soigner les plaies de votre adolescence, en allant visiter votre enfance, vous vous apercevrez que la démarche avec vos enfants n’est pas dans le pardon. Derrière cette demande il se cache une attente et c’est dans celle-ci que se dissimule la pédagogie noire. C’est seulement en rencontrant vos propres souffrances, que vous pourrez vraiment comprendre et compatir avec la souffrance de vos enfants si ils souhaitent en parler avec vous. BO
Re réponse.
Merci de m’avoir mis le nez dans la pédagogie noire. En effet, quelles sont mes attentes vis à vis de mes enfants? Et je me suis aperçue en me relisant que j’ai écrit “quelle mauvaise je fus!”. Le mot mère a été occulté et cet oubli est très significatif. Votre réponse m’a soulagée (je me sens moins coupable), il est vrai qu’on fait ce qu’on peut avec nos propres déviances quand on est jeune mère inexpérimentée, face à une tâche terriblement délicate. Je pensais sincèrement que je pourrais les aider avec une demande de pardon, je sais maintenant que c’est à eux seuls de se libérer des souffrances de leur enfance, comme je suis en train de le faire peu à peu et douloureusement. Encore merci pour votre aide précieuse.
M