Il faut le vouloir

Il faut le vouloir
Friday 18 July 2008

Chère Brigitte et Alice Miller,

Les livres d’Alice Miller et votre site m’ont permis de faire un travail de conscience de moi extraordinaire et je vous en remercie vivement ; vous étes mon seul vrai soutien à vrai dire, bien que depuis l’age de mes vingt ans, je n’ai pas ménagé ma peine pour trouver le sens de ma vie.
J’ai prés de soixante ans, ma famille était trés perturbée et j’ai souffert de violence et de la dépression de mes parents.
Aujourd’hui, en plus de votre réflexion sur le droit à la colère, voire haine, qui m’a redonné accés à moi-même et m’aide à me reconstruire enfin et perdre ma propre dépression, je me rends compte que j’ai surtout souffert de l’interdit dans ma famille de dire ses sentiments, voir d’avoir des sentiment, d’entrer en conflit etc.
J’ai deux enfants, une fille de 37 ans (maman seule avec une fillette de 9 ans) qui semble retrouver un équilibre précaire et avec qui, grâce à votre dernier livre, j’ai enfin une relation de “compréhension et de tolérance” (ces dernières années, je ne comprenais pas encore son droit à être en rage ou me fuir et je pensais que, moi-même, ayant “fait mon mea-culpa sur le passé”, elle devait accepter, faire son deuil du passé etc. Je comprends que je lui demandai de pardonner, d’oublier ; je comprends votre pensée qui est en fait trés subtile et qui a des incidences trés importantes et bouleverse le mode de pensée habituelle ; je ne veux pas m’y étendre …
Je vous écris car j’ai un énorme tourment avec mon fils plus jeune agé de 30 ans ; je sais que je ne peux vous demander trop mais je n’ai aucun soutien valable vraiment en dehors de vous : mon fils va trés mal depuis quinze ans, a des crises “délirantes” rares mais impressionnantes (étiquetée “psychotique”…jamais hospitalisé, ni sous médicaments) ; il a plusieurs fois pris des rendez-vous auprés de psychiatre puis a laissé…
Que puis-je faire pour l’aider, il s’isole, vit dans une petite chambre dans le noir et je sais qu’il a ce qu’on peut appeler “trouble schizoide” ; les étiquettes ne m’intéressent pas beaucoup, je sais qu’il ne RESSENT plus sa réalité et est éloigné de sa vraie identité. Enfin tout cela n’est que mots mais j’ai vécu cela moi-même et j’ai un équilibre à peu prés aujourd’hui, grâce à vous surtout.
Tout ce que la société lui propose, c’est l’hospitaliser et le mettre sous neuroleptiques ; que faire d’autre , il souffre beaucoup et je n’en peux plus de cet attentisme ?
Je ne vous demande pas de me répondre, c’est peut-être trop vous demander mais j’aurais aimé savoir si vous croyez qu’on peut aider autrement qu’à l ‘hôpital et sous neuroleptiques ce type de souffrance.
Je vous remercie de tout coeur pour m’avoir redonné accés à moi-même.

Réponse de Brigitte:

A partir du moment où nous sommes poussés par la volonté de connaître les raisons qui nous entraînent dans les symptômes même les plus ténébreux, nous pouvons espérer trouver le bout du tunnel. C’est cette volonté qui nous donne la force de sortir du déni pour accéder à notre liberté.
Si votre fils a conscience que c’est son passé, certainement très torturé, qui le maintient prisonnier de son état, alors il aura une chance de savoir qu’il peut s’en libérer en le regardant en face. Peut-être qu’il peut en prendre conscience en lisant “Notre corps ne ment jamais” et “Ta vie sauvée enfin” BO