Garder une belle relation avec son enfant

Garder une belle relation avec son enfant
Monday 11 August 2008

Bonjour Brigitte,

Merci à vous de m’avoir répondu. Il est vrai que je n’aime pas du tout cette exigence du pardon que, pour ma part, je ressens comme un mensonge. Je me souviens avoir un jour malencontreusement blessé mon fils par des paroles injustes et lui avoir demandé de me pardonner tout de suite après. J’ai senti en même temps combien cette demande de pardon était manipulatoire. Je ne cherchais pas le bien de mon fils, je voulais juste ne pas ressentir ma propre culpabilité : “je t’ai fait du mal mais je veux ne pas ressentir de culpabilité alors je te demande d’oublier, de ne plus y penser”. C’est bien l’égoïsme que vous nommez si justement. Même si, bien évidemment, je ne faisais pas exprès de faire du mal à mon enfant.
Fort heureusement, mon fils m’a répondu : “non maman, je suis trop en colère” ce qui m’a mise face à mes responsabilités. Je me suis rendue compte combien il était facile et lâche de blesser son enfant (ou quique ce soit d’autre) et d’en exiger le pardon ensuite ! De prétendre, même si c’est vrai, qu’on a pas fait exprès, que personne n’est parfait, qu’on a eu une enfance difficile, etc… Si on blesse une personne, il faut accepter qu’elle soit en colère. Il faut assumer ses actes et prendre le risque qu’elle ne puisse pas pardonner. C’est à la personne de décider ce qu’elle veut faire en fonction de la blessure : personne n’a le droit d’imposer le pardon. Il y a des personnes a qui on ne peut pas pardonner parce que la blessure infligée est trop profonde : le corps refuse le moindre contact, il se crispe, se fait douloureux, hurle. Il ne veut pas qu’on lui mente. D’autres avec qui on peut continuer les relations parce que la blessure est superficielle, parce qu’elle a pu être dite et entendue de manière à ne pas être reproduite. Comme l’écrit si bien Alice, le corps n’a que faire de la morale ! Il sait faire la différence entre la maladresse et la maltraitance !
D’autre part, je me suis rendue compte que le fait d’être en colère libérait mon fils bien plus que le pardon. Je trouve notre relation bien plus saine ainsi. La colère est une forme de protection nécessaire dans toute relation : “attention là tu me fais tu mal” . A l’autre de savoir l’entendre. Surtout quand il s’agit d’un enfant, émotionnellement plus fragique qu’un adulte. Quant à moi je me dis : “plutôt que d’exiger le pardon de mon fils, à moi de faire en sorte de ne pas avoir à être pardonnée”. Ceci n’est bien entendu que mon point de vue. Mais il me convient parfaitement. Merci à vous. Il y a bien peu d’endroit où je me sens entendue.

Réponse de Brigitte:

Vous avez raison, quand un enfant a la possibilité de se mettre en colère des maladresses ou des injustices de son parent et que le parent accepte qu’il soit mécontent le pardon devient totalement inutile. Une relation est vraie quand les deux parties peuvent s’exprimer honnêtement et franchement. Votre fils a déjà tout compris, il semble très proche de ce qu’il ressent vraiment, certainement parce que vous avez cette même liberté. BO