Doutes

Doutes
Thursday 09 April 2009

Bonjour,

Je me permets de vous écrire même si je crois que ce que je vais y mettre ne sera pas intéressant. Je n’ai jamais été battue….

Je ne me souviens pas de mon enfance, ou plutot je n’ai aucun bon souvenir (juste des photos mais moi, je ne ressens rien)… et je suis toujours tournée vers l’avenir, une fuite en avant ou je ne prends pas de temps mais pour faire, faire…. Je me rappelle juste des cris de mon père, qui criait très fort dès qu’il était contrarié, et d’avoir vu ma mère pleurer une fois, et me dire de partir ; et puis d’un morceau de steack gardé dans la bouche tout le temps de la sieste car je n’en voulais pas (tous les samedis midis, je détestais ca, et mangeais souvent seule). Je l’ai entendue souvent au téléphone dire aussi : que j’étais pénible, raleuse et jamais contente. J’ai l’impression de ne pas avoir été celle qu’il faut, même si j’ai bien suivi le chemin des études tracé par mon père. A l’école (et partout), je n’ai jamais osé ouvrir la bouche de peur d’être critiquée, et cette peur revient encore.
Mes souvenirs d’adolescence ne sont pas formidables non plus : 1er baiser volé par un inconnu, des colères très fortes contre mes parents, pas de relations avec mon frère et ma soeur, pleurs seule dans ma chambre, la peur de questionner ma mère sur les changements de l’adolescence….

Il me sembe qu’il y a peu matière, mais pourtant, cela m’interpelle. Ma mère m’a parlé avec désinvolture de ma naissance par césarienne sous anesthésie générale (“sale gosse”, a t elle complété sur le ton de la plaisanterie car elle avait planifié une naissance “sans violence à Pithiviers et je me suis présentée en siège), puis d’une crise de nerf que j’aurais fait, d’une nuit que je n’aurais pas fait complète où elle m’a laissé pleurer, d’une nuit à pleurer chez ma mamie car je voulais les voir (ne sont pas venus) : quand mon fils pleure, elle dit souvent que c’est du cinéma, ou qu’il dit n’importe quoi… et je pense qu’elle me disait pareil : d’ailleurs je n’aime pas lidée de lui confier mon fils de 4 ans, mais me sens obligée, pour elle, et car mon mari le souhaite. Quand je lui dit que mon bébé ne dort pas très bien la nuit à 4 ans, elle me réponds “je ne comprends pas vous n’avez jamais eu de problèmes pour dormir”, et ca me fait mal). Je n’ai aucun souvenir de calins, de bisous, de je t’aime (je ne sais pas le dire)… ah si, il fallait et il faut toujours faire 4 sacro saint bisous au lever et coucher, mais je leur ai toujours fait ca avec colère au fond de moi, en me sentant obligée… (sinon?). J’ai souvent l’impression de les avoir détestés.

Croyez vous que je rentre dans ce que vous décrivez comme une maltraitance ? car il ne me semble pas qu’il y ait jamais eu d’atteinte physique. Auraient ils tous raison, en me disant que je me pose trop de questions (mes parents, mon mari)?… Je souffre pourtant, car je crie souvent et me mets en colère sur mes deux petits enfants quand ils ne font pas comme je le voudrais : je sens que mon grand de 4 ans souffre, j’ai peur de découvrir que c’est de ma faute (je l’ai déjà laissé chez une nounou trois semaines qui le laissait pleurer à 6 mois et j’ai horriblement honte d’avoir eu cette faiblesse, car je n’aurais pas osé lui dire ce que je pensais). Une psychologue serait elle secourable pour moi ? peut être une autre thérapie ?

Merci de ce que vous pourrez me dire,

Et merci pour vos livres, ils me font peur mais j’y vois une lueur d’espoir pour mes enfants.

Réponse de Brigitte :

Vous dites que vous ne vous souvenez pas de votre enfance, comment pouvez-vous avoir la certitude de n’avoir jamais été battue alors!!

Les crises de colères de votre père, vous obliger à manger de la viande que vous gardiez dans la bouche durant des heures par peur de désobéir, vous considérer comme une enfant pénible, vous laisser pleurer bébé dans la détresse et l’angoisse de l’impuissance sont des maltraitances. Votre corps le sait très bien puisque vous sentiez déjà, toute petite, la colère de devoir faire les quatre bisous que votre mère exigeait, que vous avez toujours eu le sentiment de les détester et surtout que vous n’avez pas su défendre votre fils de la nourrice qui le laissait pleurer. Aujourd’hui encore vous craignez de lui laisser vos enfants à garder, si vous aviez été bien traitée vous n’auriez pas toutes ces appréhensions. BO