Se maltraiter pour continuer à idéaliser

Se maltraiter pour continuer à idéaliser
Monday 22 February 2010

Bonjour,

J’ai lu “Le corps ne ment jamais”, “Le drame de l’enfant doué” et je
suis en train de lire “Ta vie sauvée enfin”.
J’ai fait beaucoup d’arts martiaux et plusieurs thérapies pour sortir
de mon mal-être. Il m’est arrivé d’entendre un thérapeute prendre la
défense, trouver des excuses à ma mère quand je me confiais sur mon
désarroi lorsque j’étais petite.
J’ai 47 ans.J’ai un fils de 6 ans. Son père et moi nous nous sommes
séparés il y a
deux ans et demi et nous avons été en guerre pendant deux ans (3 fois
au tribunal pour la garde de mon fils). Actuellement il y a une quasi
garde alternée avec beaucoup de tension entre moi et le père.
Depuis, j’ai rencontré un autre homme mais c’est à nouveau le
désastre ,la rupture, je me sens moins que rien, un sentiment de
dévalorisation qui me ronge depuis toujours. Je sens que je ne suis pas
loin de rencontrer mes blessures mais le refoulement semble énorme.
C’est surtout l’image de l’homme.
Lors d’une visualisation lors d’un stage de thérapie, j’ai vu mon père
me tirer dessus à bout portant à travers une vitre et ça me fait rien
du tout. Je me dis qu’une partie de moi est morte quand j’étais
petite.
Je me rends compte que j’ai toujours idéalisé mon père malgré
tout ce que j’ai pu subir (tout n’est pas remonté à la surface mais
entre autre une indifférence totale de sa part à mon égard, ce qui a pu
me faire dire au père de mon fils, lors de la séparation: “je suis pire
qu’une merde, parce qu’une merde, au moins, on la regarde pour ne pas
marcher dessus”). J’avais également fait un stage “La relation au
père” et j’ai passé mon week-end à pleurer, avec un sentiment de
désespoir de ne rien pouvoir faire pour mon père, et de la colère
contre les deux thérapeutes qui organisaient ce stage qui ne m’avait
rien apporté. Et je me rends compte que j’idéalise aussi les hommes que
je rencontre, les plaçant sur un piédestal et moi tout en bas.
Mon fils de 6 ans est un enfant “sage” à l’école, il n’y a que des
compliments; chez son père, je pense qu’il est sévèrement tenu. Chez
moi, il a laissé éclater plusieurs fois sa colère. A chaque fois, je
lui dit qu’il a le droit d’être en colère mais pas de me frapper.
Aux deux dernières crises de colère, il m’a regardé avec un regard
plein de haine en me disant “tu es une grosse merde”. Ca m’a touché au
plus profond, sachant que moi-même je me considère comme cela. La
première fois, je me suis effondrée en pleurant et en lui redisant
qu’il avait le droit d’être en colère, mais pas de m’insulter. La
deuxième fois où il m’a dit ça, je l’ai frappé avec un tissu (je
ramassais la lessive) tout en retenant ma force le plus possible pour
ne pas le frapper trop fort. J’ai peur de toute cette violence.
Que puis-je dire à mon fils, à part qu’il a le droit d’être en colère.
Je ne peux pas me laisser insulter.
Je vois bien qu’il faudrait que j’aille rencontrer ma propre
colère.Souvent, il n’y a que la tristesse, le découragement, le
désespoir.
Je vois un thérapeute en gelstat depuis quelques séances, je vais lui
demander d’aller lire les articles sur votre site concernant les
thérapeutes.
Je sais bien intellectuellement qu’il faut que je cesse d’idéaliser mon
père, de vouloir le sauver à tout prix, et laisser éclater ma colère,
mais comment ?
Est-il nécessaire d’avoir forcément l’aide d’un thérapeute, ne peut-on y
arriver seule avec ses propres moyens ??? Comment puis-je accompagner
mon fils dans sa colère ?
Merci par avance pour votre aide, je me sens en plein désarroi,
vulnérable et fragile, en
pleine dépression, en train de continuer à gâcher ma vie et celle de
mon fils.

Réponse de Brigitte :

Tant que vous idéaliserez votre passé et ferez de vos souvenirs un conte de fée qui visiblement n’en était pas un, vous ne pourrez pas sortir de votre tourmente. Plutôt que de répéter à votre fils qu’il a le droit d’être en colère, dites-lui que vous voyez bien qu’il souffre pour qu’il se mette dans cet état et que vous aimeriez chercher avec lui les raisons de sa souffrance. BO