Sortir de la cuisine
Sunday 04 November 2007
Bonjour Madame Alice, bonjour Brigitte,
Votre livre Libres de savoir me touche beaucoup. Poser des questions et ne pas obtenir de réponses, ou ne pas obtenir des réponses cohérentes, ou se faire dire qu’on est pas correcte de poser de telles questions!
J’ai développé très jeune de lire. Comme si je voulais trouver mes réponses là, sans risques d’être rabrouée. Mais les livres ne répondaient pas non plus aux questions que je n’avais pas le droit de poser. Je me sentais tellement mal. J’aurais tellement voulu me débarrasser de ces questions? Même mes amies ne semblaient pas se poser ces questions. Pour ne pas être montrée du doigt et rejetée, je finissais par laisser faire.
Les questions sur Dieu me préoccupaient particulièrement. J’y cherchais comment me comporter pour être correcte, ou étais-je correcte en pensant que mon père ne devrait pas me frapper et perdre patience autant tout en étant un homme si croyant.
Ce que je trouve difficile encore actuellement, c’est de me retrouver seule à penser comme je pense. Je suis tout à fait émue, Madame Alice, que durant pratiquement toute votre vie, vous ayez tenu seule le discours si controversé qu’est l’éducation des enfants.
Le réseau de mes ami-e-s et de ma famille est de plus en plus restreint. Comme si pour être moi, je devais me retrouver seule finalement. Je me dis que mieux vaut être seule que supporter la présence de personnes qui utilisent la contrainte, la manipulation. Même si ce n’est pas toujours à mon endroit, j’en suis témoin. J’essaie d’intervenir mais je vois bien que, ou bien je m’y prends mal ou bien je suis l’empêcheuse de tourner en rond, ça se termine par qu’on me dise ou me fasse sentir de me la fermer.
L’une de mes sœurs se conduit souvent dans la vie comme mon père : faut que ça se passe comme elle veut!!! Agression verbale, harcèlement. Un jour que sans témoin, j’essayais de prendre la part de mon frère, elle m’a fort désagréablement rabrouée. J’en ai parlé à une autre de mes sœurs. Elle trouvait ça dommage mais sans plus. Depuis que j’ai trouvé votre site Madame Alice, ça m’aide à me sentir moins seule et à tenter de voir ce que je vais faire.
Il m’est venue eu l’image de mon enfance. J’étais la 3e d’une famille de 6. Je me querellais souvent avec mon père même si je redoutais d’être frappée, car ne pas le faire me faisait me sentir lâche à la longue. Personne, ni ma mère, ni mes 2 sœurs plus vieilles, ni mon frère un peu plus jeune que moi, n’intervenait. J’espérais le support de ma mère au moins. Mes sœurs et mon frère, je me disais qu’ils devaient avoir peur pour eux. Mais aujourd’hui, c’est comme si ma sœur devenue adulte ne m’était pas plus secourable pour m’aider face à l’agression de l’autre. Donc l’image que j’ai, c’est la cuisine d’antan où je me défendais de mon père pendant que les autres regardaient. Aujourd’hui, c’est pareil. Ma jeune sœur remplace le rôle de mon père. Je me défends, les autres ne font rien.
J’ai honte de vous dire ça. Comme si je ne valais pas la peine qu’on mon défende, surtout que je suis en train de protéger un autre membre de la famille. Même ce membre ne fait rien. J’ai honte aussi, car je me dis que je devrais être capable de me défendre sans que les autres interviennent.
Finalement, je me suis retirée. Je ne veux pas être en contact avec ma sœur agressive, qui ne démontre pas qu’elle regrette ce qu’elle m’a fait. Le plus dur, c’est les autres membres de ma famille. Pourquoi rester en contact avec eux qui ne disent rien. Ça me fait encore plus mal. Je me sens tellement nulle.
Mon père est décédé il y a longtemps et j’ai l’impression qu’il revit à travers cette sœur. Je ne suis pas obligée de rester dans la cuisine, aujourd’hui. Mais j’ai mal d’avoir dû partir. Comprenez-vous, Madame Alice?
AM: Il faut sortir enfin de CETTE CUISINE, le monde est plus grand que votre famille, vous trouverez sans aucun doute des personnes aimables mais pas avant que vous ayez ARRÊTÉ d’attendre que vos soeurs changent. Elles ne changeront pas et comme adulte vous n’avez plus besoin de ce changement. La cuisine n’existe plus.
Réponse de Brigitte:
Bravo de vous être retirée de cette soeur Général d’armée et de ses vaillants petits soldats qui ne veulent qu’obéir à leur chef suprême. En ne disant rien ils cautionnent les dires de votre soeur, ils sont de son côté et vous voudriez ne pas les perdre!!! mais ils vous ont lâché depuis qu’ils l’ont laissé vous traiter comme ça. BO