Le prix de la liberté

Le prix de la liberté
Sunday 08 March 2009

Chère brigitte,
chère Alice.
Je vous ai écrit plusieurs fois depuis un an et demi. Vos réponses m’ont aidée à surmonter
les épreuves de la lucidité.
Régulièrement je lis les réactions de vos fidèles lectrices pour qui vous êtes comme pour
moi, une bouée de sauvetage..
Dans toutes ses lettres il y a un point commun: une grande solitude face à l’incompréhension de la famille…
Celle ou celui qui a souffert se retrouve rejeté(e) ,incompris(e) par les parents et fratrie
qui n’a pas vécu les mêmes souffrances…
Finalement ça arrangeait tout le monde que l’on souffre en silence …
En fait le scénario de l’enfance se répète et la remise en question ,la lucidité quand elle se fait ,
ne se fait que par celui qui souffre et n’est jamais suivie du reste la famille.
Et la solitude de l’enfance est une seconde fois vécue.
C’est trés dur à affronter le genre de réflexions…:
“comment tu souffres encore, passe à autre chose,” ” ta mère est vieille, tu es injuste
de l’embêter à son âge” , “elle a eu des bons gestes parfois, n’oublie pas ses bons côtés”
“elle t’a aimé mal, mais elle t’a aimé”, ” elle a fait ce qu’elle a pu”…….”tu ressasses”….
Encore une fois on nous demande de nous taire…
C’est dur de résister et d’affronter cette injustice, cette non reconnaissance.
Alors , quand on en a assez, on se fâche avec l’un puis avec l’autre qui ,comme par hasard défend
celui qui n’a pas souffert, qui a été protégé…et qu’on a envie d’aimer , d’être avec lui
parce que celui là est heureux , insouciant, léger. Le bonheur attire.
Celui ou celle qui a trop souffert, a du mal à être léger , il sourit
mais on sent ses souffrances silencieuses. Il ne peut complètement les cacher…
Alors on le rejette une seconde fois…
Alors il(elle) se demande s’il (elle) a bien fait de lancer le pied dans la fourmillière.
Il y a tant de vagues négatives, tant de travers qui se révèlent dans certains membres de la famille
qu’on imaginait compréhensifs…C’est une perte complète des illusions..
Que le chemin est long qui mène à la plénitude… Par quelle grande désillusion , par quelle
grande déception, il faut passer….
Le danger qu’il (elle) peut trouver sur le chemin c’est le regret de s’être plaint…
peut- être la famille a t-elle- raison contre lui (elle). peut-être se complait- il dans cet état.
Un jour quelqu’un m’a dit:” Arrête de parler de ton enfance malheureuse, tu es adulte maintenant.”
Oui le danger devant ce consensus des réactions, c’est de penser qu’on a eu tort de révéler
un jour ses souffrances..
Je crois que si on a si besoin d’en parler , c’est qu’on a encore envie d’être entendue par celle
qui ne nous entendra jamais….
Par moments c’est trés difficile…

Réponse de Brigitte :

Votre lettre est pleine de bon sens, c’est tragique en effet, d’être sur le banc des accusés quand on dénonce les mauvais traitements que l’on a subis et que l’on devient la méchante égoïste sans cœur pour celui qui a endommagé notre intégrité. Vous, vous savez que c’est le prix de votre liberté et de votre santé, il n’est pas nécessaire d’aller chercher l’approbation de ceux qui refusent de voir la vérité et préfèrent rester dans le déni. BO