Peu d’espoir pour que les parents s’excusent

Peu d’espoir pour que les parents s’excusent
Wednesday 20 September 2006

Bonjour Madame Miller
Lorsque je lis votre livre « Notre corps ne ment jamais », j’ai l’impression qu’il y a peu d’espoir pour que les parents acceptent notre réquisitoire, qu’ils s’excusent et révisent ainsi leur comportement à l’égard de leur enfant adulte ? Il m’a un peu dérouté car je l’ai lu après un autre ouvrage sur le sujet de l’enfance maltraitée qui était un peu plus positif quant à l’isue d’un échange avec nos parents. Il m’a toutefois beaucoup intéressé. J’en déduis malgrè tout qu’il est préférable d’entamer une thérapie pour surmonter les difficultés qui ont résulté d’une enfance « difficile » affectivement.
Merci pour vos ouvrages qui donnent une autre vision de la psychothérapie.
AM S

Réponse de Brigitte:

Vous avez tout à fait raison en disant qu’il y a peu d’espoir que les parents reconnaissent les mauvais traitements qu’ils nous ont infligés parce qu’en le reconnaissant ils devraient tout d’abord accepter qu’eux-mêmes ont été maltraités.
Quand bien même ils le reconnaîtraient cela ne changerait absolument rien pour l’adulte que vous êtes devenue et qui n’a plus besoin des attentions du parent, alors qu’elles vous étaient indispensables dans votre plus jeune âge.

Par ailleurs un parent qui se montre désolé des mauvais traitements qu’il nous a fait subir jadis, peut être une façon de nous enlever la culpabilité d’avoir été un mauvais enfant, mais à quel prix? Cette démarche ne peut pas être salutaire, nous pouvons nous abreuver de cette nouvelle reconnaissance qu’il nous octroie mais au détriment de l’enfant qui a souffert de ces mauvais traitements, car face à des « nouveaux parents gentils et compréhensifs » on ne peut plus avoir accès à ses émotions refoulées.

Aujourd’hui vous connaissez peut être vos besoins pour les prendre en charge vous même car vous ne pouvez pas attendre de vos parents ce qu’ils ne vous ont jamais donné sinon vous resteriez dans l’illusion du petit enfant « qu’un jour ils vous aimeront vraiment ».

Quand le lien ne s’est pas établi au moment où il devait l’être, il ne peut pas se réaliser à l’âge adulte parce qu’il s’agit d’une continuité. Seuls les enfants respectés dans leur enfance peuvent garder ce lien affectif à l’âge adulte.
Pour les autres ils restent dépendants de la relation aux parents par culpabilité et peur des représailles comme l’enfant jadis qui devait obéir sous peine de sanctions.
Vous pouvez effectivement entamer une thérapie pour sortir du déni de votre enfance en choisissant un thérapeute qui ne protège pas vos parents et qui ne minimise pas les actes qu’ils ont commis.
Cordialement
BO