L’enfant qui tape

L’enfant qui tape
Friday 20 February 2009

Chère Alice Miller,

Je me pose des questions sur l’éducation de jeunes enfants, étant assistante maternelle.

J’ai un petit garçon qui systématiquement est très colérique lorsque sa maman vient le chercher, avec moi la journée tout ce passe bien, jusque là ça semble normal. Le problème, il lui tire les cheveux, lorsque je lui fais remarqué qu’il faisait mal à sa maman celle-ci répond « ce n’est pas grave je ne crains pas les cheveux » mais c’est aussi les coups qu’il lui donne et elle ne dit rien à son petit garçon.

Je lui ai rappelé que peut-être elle ne craignait pas, mais que cela aurait une incidence pour lui, si on continuait à le laisser faire. S’il le fait sur les petites filles à la maternelle, les parents aussi n’apprécieront pas.

L’autre jour nous étions dans un jardin et s’en savoir pourquoi il m’a frappé. J’ai d’abord pris sa main pour lui expliquer qu’il ne fallait pas, qu’il faisait mal.

Il était très à l’écoute, j’ai cru qu’il avait compris le message et au moment ou j’étais loin de me douter.., il m’a de nouveau frappé avec plus de force. Je ne sais pas si j’ai bien fait, je lui ai mis une légère tape sur la main. En tout cas il a été très vexé, à pleurer, très surpris de mon geste que j’ai d’ailleurs signalé aux parents le soir même.

Qu’aurais-je dû faire ?! Je suis a court d’arguments, et comment faire lorsque d’un côté (les parents) autorisent cela, et de l’autre (moi) je n’accepte pas ?

En plus je lui rendais ce dont je venais de lui expliquer que ce n’était pas bien ! Mais est ce que je dois le laisser me frapper, et les autres ?

Il est brute avec l’autre petit que je garde (du même âge 23 mois), il le pousse se qui le fait tomber en arrière cognant sa tête sur le sol, rit de cela et à chaque mauvais coups.

C’est triste à dire, je l’ai observé, il prépare son intention, il a un sourire en coin et là il faut que je me méfie, il est près à faire mal à l’autre.

Il y a bien une explication à sa violence, sa maman semble très laxiste. Elle rit de tout, même lorsqu’il piétine les fleurs du jardin entre autre. Ce qui me semble grave, ne lui donne pas la main dans la rue, elle se plaint qu’il ne l’écoute pas quand elle lui dit de revenir, et donc doit courir après lui car il va sur la route.

Quand nous nous promenons ce même petit garçon me tient la main sans aucune réticence, il le fait même de lui-même, et je pense qu’à cet âge, il est normal de ne pas le lâcher sauf au parc évidemment.

Mon rôle n’est pas facile, surtout que j’ai été une enfant battue, et ne désire plus l’être. Et ne souhaite pas non plus en donner !

Je me disais que c’était peut-être pour cela que je n’acceptais pas l’agressivité de ce petit.

Merci de votre réponse

Réponse de Brigitte :

Ce petit garçon est doté d’une grande intelligence en montrant à sa mère combien il est en colère d’avoir été laissé toute la journée à sa nourrice. L’indifférence de la mère aux émotions de son fils alimente encore plus sa rage contre elle et c’est normal, sans compter qu’il montre certainement aussi qu’il est brutalisé à la maison en faisant la même chose sur vous et l’autre enfant que vous gardez. Le risque c’est que vous lui prêtiez des mauvaises intentions qui pourraient le cataloguer comme un enfant terrible alors qu’il s’évertue à montrer qu’il souffre de la séparation, de la négligence de sa mère et peut être de la brutalité des parents (même sous l’apparence du laxisme) ou des grands-parents. BO

Merci Brigitte de cette réponse, biensûr je sais que c’est la séparation qui engendre sa colère, malgrè un superbe sourire à son arrivée. Ces parents m’ont d’ailleurs dit « c’est fou quand il voit votre maison ce qu’il est tout content ». Oui ce petit est très intelligent.
Mais ce qui m’ennuie, c’est qu’il (x) fasse du mal à l’autre petit (y) qui à un petit retard de développement. Je ne sais plus comment faire pour lui faire comprendre qu’il lui fait du mal.

Autrement, je ne pense pas que les parents soient maltraitants, ils rient de tout ce que X peut faire. Je le dis pour les avoir vu faire (surtout la maman).
Je me trompe peut-être mais les limites ne semblent pas être posées. J’ai posé des limites chez moi, X les respecte (comme donner la main en traversant la route), et je n’ai même pas eu besoin de faire preuve d’une quelconque autorité. D’ailleurs il les franchit quand sa mère vient le chercher, mais pas son père.
Certes je pense que c’est un bon système d’avoir recours à l’humour, mais lorsqu’il s’agit de faire mal à autrui, ça me semble pas vraiment une bonne solution, d’autant que X continu à battre les autres.
Quant X est seul avec moi tout ce passe à merveille. Il est adorable.

Je me relis et me demande si ce ne serait pas le faite que je passe du temps avec Y vu son handicap (il est hypotonique depuis la naissance, tient tout juste assis et debout). Y, a besoin de plus de temps que X et je lui ai expliqué.
Comment faire pour que X s’exprime autrement, de plus la maman a eu entre temps un second bébé, et me dis qu’il n’ai pas tendre avec lui aussi.
Merci de vos précieux conseils

Réponse de Brigitte :

Posez-vous la question sur les raisons qui vous poussent à vouloir prendre en charge un petit garçon qui vous donne tant de préoccupations en présence de l’autre enfant et dont les parents négligent la situation en rigolant. Vous pouvez poser VOS limites en n’acceptant plus de le garder pour préserver votre épanouissement à faire ce métier et celui des autres enfants dont vous avez la responsabilité. BO