J’ai peur de passer à côté de ma vie
Wednesday 19 November 2008
J’ai 43 ans et j’ai peur de passer à côté de ma vie.Je n’ai jamais été battue, mais j’ai été victime d’attaque psychique, je ne dis pas d’un meurtre psychique car j’ai l’espoir de surmonter mes problèmes. Mon père a été pour moi l’élément central de ma vie, l’homme de ma vie, celui que je voulais satisfaire, séduire, dont j’attendais tout.C’était un père très présent, professeur, donc toujours auprés de nous et qui était lui même profondément névrosé, n’ayant pas été aimé par sa mère et ayant eu un père faible et absent. Il attendait de nous tout l’amour qu’il n’avait pas eu et il était très doué pour l’obtenir. C’était un père drôle, qui savait rendre la vie excitante et belle, qui semblait un père idéal. Mais il était incapable d’aimer sincèrement les personnes que nous étions, moi et mon frère et je crois qu’il ne nous a jamais prêté qu’une attention polie.De plus,c’était un perfectionniste et s’il n’a je crois jamais fait de remarques négatives sur ma personne, tous mes actes étaient critiqués, de telle sorte que j’ai perdu tout esprit d’initiative et acquis la conviction que je ne pouvais qu’échouer.Tout tournait autour de lui, de son humeur du moment. Il alternait périodes euphoriques, ou il nous entrainait , et colères d’une violence traumatisante contre nous, ou il sortait toute la rage qu’il avait en lui.Il a fait des années de psychothérapie et je ne lui pardonne pas de n’avoir rien fait pour moi et mon frère qui étions deux enfants manquant totalement de confiance en nous.J’ai toujours été d’une timidité maladive. Enfant, je faisais un rêve récurrent: j’étais enterrée vivante. J’ai toujours eu l’impression que si j’étais moi-même, je serai rejetée. Aujourd’hui, j’ai deux enfants de 6 et 8 ans, que j’aime et avec lesquels je fais très attention de ne pas rejouer ce que j’ai vécu dans l’enfance. Il m’est arrivé de piquer des crises de rage parcequ’ils ne m’obéissaient pas, je leur ai dit ensuite que je le regrettais et cela n’est plus arrivé depuis plusieurs mois. Je me sens moins timide et dans les rapports sociaux superficiels je suis beaucoup plus à l’aise.Mais j’ai parfois des épisodes de plusieurs jours ou je me sens déprimée et il est arrivé que mes enfants me voient pleurer sans raison apparente.Je pense que je serai guérie quand je pourrais avoir de vrais amis, c’est à dire des personnes,autres que mon mari et mes enfants, avec lesquelles je peux être moi-même, sans peur du rejet. Je pense avoir, après des années de psychothérapie peu utile, compris le drame de mon enfance, grace à Alice Miller et étonnamment à Ingmar Bergman. Dans son film sonate d’automne, il décrit une mère “grandiose” en qui j’ai reconnu mon père. Je me suis identifiée à la fille qui analyse si lucidement ses rapports avec cette mère incapable d’amour, et si profondémént aimée par l’enfant qu’elle était.
AM: Vous ne risquez pas de passer à côté de votre vie parce que vous commencez à RESSENTIR la douleur que votre père vous a infligée.
Réponse de Brigitte:
Votre rêve d’enfant dans lequel vous étiez enterrée vivante dépeint très bien la réalité de votre enfance avec cet homme. Parce que vous osez regarder comment il est réellement derrière son hypocrisie, vous sortez déjà de la tombe dans laquelle il a tenté précautionneusement de vous enterrer. Vous avez eu le courage de sortir de ce trou et cela réveille bien des émotions que vous ne vous étiez jamais permises jusqu’ici, c’est la preuve que vous êtes maintenant bien VIVANTE. BO