L’investissement d’un parent

L’investissement d’un parent
Monday 20 November 2006

Je vous remercie de l’attention que vous avez porté à mon témoignage.
J’aurais aimé le compléter par quelques précisions significatives sur
le comportement de ma fille et de mes deux neveux qui vivent deux types d’éducation totalement opposés.
L’absence totale de souplesse, de compréhension, la disproportion des
punitions infligées dans la durée; comme par exemple un mois entier
sans accès à leur jeu préféré et ce sans aucune possibilité de dialogue,
plongent mes neveux dans un état de frustration et d’incompréhension totale, quand finalement ils réalisent qu’ils sont complètement niés qu’ils n’ont aucune existence en tant que personne et aucune possibilité de controle, ne fut ce que, sur une petite partie de leur vie, alors ils entrent dans un phase de désarroi et de colère, ce qu’ils me disent dans ces moments est terrible ils me disent qu’ils détestent leurs parents, avec un lucidité qui parfois me sidère ils me disent que leurs parents sont débiles incapables d’entendre, de comprendre, quand la colère prend le dessus ils me parlent de ce qu’ils leur feraient si ils en avaient la possibilité, quelques fois ce qu’ils décrivent m’inquiète tant ils désirent leurs faire payer ce qu’ils subissent, d’autres part je préfère qu’ils puissent exprimer toutes ces frustrations, ils finissent par me dire qu’ils ont une chance énorme d’avoir un tonton comme moi de pouvoir venir dormir chez moi de temps à autre et échapper à une atmosphère ou ils étouffent, chez moi ils sentent qu’ils peuvent enfin être eux-même sentir qu’ils comptent qu’ils sont écoutés et entendu comme des personnes, la justesse et la précision avec laquelle ils perçoivent les choses est impressionante, mais la colère et le désir de vengeance qu’ils manifestent quoique légitime est tout aussi impressionant.

Comment peut-on dés lors s’étonner de la violence que les adolescents
manifestent contre les enseignants dans les lycées, vu que ces derniers
se substituent aux parents en tant que figure d’autorité et que les jeunes
ont acquis une force physique et acumulé des années de frustrations d’abus et de colère, les premières figures d’autorité qu’ils rencontrent après l’enfance sont les enseignants du secondaire qui souvent sont les premiers à subir les conséquences de ces abus refoulés. La violence à l’école dont la société se plaint n’a pas d’autre origine que l’abus de pouvoir, la volonté de soumettre par la force et l’humiliation à tout prix, ou aussi la démission parentale qui est une autre forme de maltraitance qui génère un sentiment d’abandon, le sentiment de n’exister pour personne pas même pour ses parents.

Ma fille elle ne parle de moi qu’avec amour, on me rétorque que c’est
normal parcequ’elle peut faire tout ce qu’elle veut, ce qui est faux la seule différence est que je n’utilise pas de l’interdit, je la laisse
expérimenter et se responsabiliser au maximum et je la guide, je prend le temps nécessaire pour lui expliquer le pourquoi des choses et je lui explique quelles seront les conséquences qui peuvent survenir si elle choisi telle ou telle autre option, souvent je fonctionne par compromis je cède à certaine demande, si elle désire passer un peu plus de temps sur son ordinateur je ne dis pas non mais nous décidons ensemble du temps qu’elle peut passer en plus en prenant en compte les devoirs, l’heure d’aller au lit ect… Et quelques fois même si le temps et les contraintes ne le permettent pas je lui accorde quand même parcequ’il faut aussi savoir se faire plaisir et se faire passer avant le reste et pas toujours ce renoncement à soi en placant son propre plaisir au bas de l’échelle des chose qui ont de l’importance.

Elle ne demande pas mieux que de me faire plaisir. Certain parents me
disent qu’il faut absolument dire non de temps à autre car il ont besoin de limites, de ces sacro saintes limites, ce à quoi je leur répond qu’un
non catégorique sans explications logiques ne permet pas à l’enfant de
trouver lui même ses limites , quand je leur demande pourquoi ils pensent que cette façon de dire “non” par devoir plus que par réel bénéfice pour l’enfant est justifiée, ils sont incapable de me donner des raisons sensées, sinon ce besoin de poser des limites.

Bien souvent les demandes des enfants ne justifient pas qu’on leur
opposent un non catégorique d’après ce que j’ai pu observer autour de moi ces ” non” étaient justifiés par un besoin de montrer qui commande et qui doit avoir le dernier mot, ces “non” arbitraires ne permettent pas d’ apprendre ou se situent les limites, ils bloquent un processus naturel de maturation, de responsabilisations , sont perçus comme de la méchanceté de l’injustice car l’enfant n’est pas idiot et voit bien que rien ne justifie certain refus, tout ce à quoi ils aspirent est de grandir vite pour ètre enfin libre, les refus doivent avoir un sens pour être compris, la façon d’éduquer que j’ai choisi demande beaucoup plus de temps, de patience, d’investissement personnel, il faut répeter et réexpliquer inlassablement certaine chose avant quelles ne soient comprises tout en sachant que certaines ne serons intégrées et mises en pratique qu’a un age bien précis. On peut obtenir tout plus vite en frappant et en terrorisant mais ou est l’amour et le respect qu’on prétend inculquer dans tout cela?

Il y a une chose vitale que chaque parent devrait comprendre un enfant
n’est la propriété de personne pas même de ses parents, cela paraitra évident à certain mais combien le comprennent?
Un enfant est un être a part entière que la vie, la nature nous confie,
en aucun cas il ne nous appartiens il est un être libre que la vie nous
charge d’accompagner, destiné à accomplir son propre chemin à faire ses propres choix, la vie nous offre une chance extraordinaire de participer à son avancée, le devoir et la responsabilité d’un parent face à la vie sont d’aimer et d’accompagner au mieux l’enfant qu’elle lui confie, pour en faire un être libre et responsable, tout parent sensible ne sait que trop bien qu’il apprend de son enfant autant qu’il donne, la première chose est cet amour inconditionel que l’enfant porte en lui et que les parents détruisent a coup d’éducation.

Notre tradition judeo chrétienne nous a inculqué la honte du plaisir,
nous a présenté comme des vertu, le renoncement à soi, la mortification, le sacrifice, l’adoration des martyrs, et inconsciemments conditionnés dans ce culte de la souffrance et de l’abnégation depuis l’aube de l’enfance.
Beaucoup même athée rendent la vie dure à leurs enfants et disent non a tort et à travers comme si il y avait presque une honte à satisfaire chaque demande ou a donner trop d’affection aussi parcequ’ils se disent que le monde est dur et que donner une enfance heureuse et douce ne les préparent pas à affronter la réalité de ce qu’ils vont rencontrer dans la vie. Ce qui en plus d’être faux est sans aucun fondement, ce faisant ils préparent les enfants a fuir la vie a la détester et a se réfugier dans l’oubli que procurent les drogues .Nous sommes nés coupable d’avance, coupables d’être des pécheurs, coupables dés que nous aprécions la détente plus que le travail , coupable d’aimer manger, coupable d’aimer faire l’amour en dehors de la procréation, coupable d’avoir désobei à dieu.Cette culpabilité avec laquelle on nous a obligé à naitre se transmet de génération en génération
avec les coups et avec cette volonté de soumettre à tout prix. La
majorité des peuples ont toutes ces données liées a la culpabilité et
l’abnégation profondément insérées dans leur disque dur.

J’ai vu dans mon entourage des parents qui laissaient( conseillé par le
pédiatre) pleurer leur nourisson seul dans sa chambre pendant un quart
d’heure avant de daigner s’y rendre pour voir de quoi il en retournait,
ensuite quand l’enfant était en age de se trouver sur une chaise haute
et qu’il pleurait pour être prit dans les bras ceux ci passait devant lui
sans même lui faire la grace d’un regard, il m’ont justifié leur attitude
indigne par le fait que si ils satisfaisaient la moindre demande de l’enfant il finirai par devenir collant et toujours fourré dans les jupes de sa mère.
Etant celui qui a repris le travail le plus tard après la naissance de
ma fille je suis resté a la maison 7 mois pour m’occupper d’elle, jamais
je n’ai agis de la sorte, quand elle pleurait j’allais au moins voir
pourquoi certaine fois il suffisait de mettre la main sur le bébé qu’il sente que si il appelait quelqu’un arrivait et il était rassuré de ne pas ètre seul et abandonné et il se rendormait paisiblement, je favorisais beaucoup le contact la douceur, souvent je la laissais s’endormir dans mes bras je trouvais ces instants magiques, privilégié, merveilleux, pourquoi aurais je du nous en priver au nom de quelle règle de quelle théorie celle qui prétend médicaliser et aseptiser même l’amour? ces gens me disait tu vas en faire un enfant gateux et pleurnichard
qui ne pourra rien faire sans ses parents.

Les années ont passés et c’est exactement le contraire qui s’est
produit leur enfant n’ayant jamais été rassuré a vécu dans l’attente, dans la peur de l’abandon, ses demandes de présence, d’affection, de contact, jamais ou rarement satisfaite en on fait un enfant en état d’insécurité permanente qui n’avait aucune certitude de voir venir ses parents si il en avait besoin, plus le temps a avancé et plus il est devenu collant toujours la tête enfouie dans les jupes de sa mère refusant de voir des gens de les approcher et pleurnichant désespérément pour attirer l’attention de ses parents.

Ma fille elle a vite voulu explorer apprendre et est devenue le
contraire de ce que ces personnes nous avaient prédis affectueuse, mais jamais collante, très indépendante et avec une grande soif de liberté, elle a connu d’autre problème du à la séparation de notre couple mais c’est une autre histoire.
Plus on rejette plus on ignore les besoins d’un bébé plus il deviendra
dépendant et insécure et plus on retardera sa maturation et son
indépendance.

Dans le domaine de l’éducation tout est à désaprendre il nous faut
renaitre, nous reconstruire nous débarasser de tout ce qui n’est pas nous en reconnaissant sans édulcorer ce que nos parents on réelement fait de nous.

Je serais bien sur heureux de participer à ce projet de S.O.S
téléphonique merci de m’en faire savoir plus, de manière à ce que je puisse comprendre si le temps dont je dispose me permettrai d’agir en ce sens.
Je vous remercie d’agir avec tant de volonté et de persévérance pour
les enfants, dans un monde ou le mur de l’ignorance de l’aveuglement et de la sottise semble encore tellement immuable, cependant il se lézarde et finira par céder.

bien cordialement,

F.P
Réponse de Brigitte:

Votre compréhension des enfants est éloquente. C’est vrai que cet accompagnement demande un grand investissement de la part d’un parent, par sa disponibilité dans ces premières années, par sa compréhension de son apprentissage ensuite, par l’acceptation de son être à part entière avec ses émotions, c’est certainement le rôle le plus délicat que nous devons exercer. Il peut être aussi fluide que nous avons été respecté nous-même dans notre enfance. Dans le cas contraire et pour ceux qui veulent avoir un véritable lien avec leur progéniture c’est beaucoup moins évident, parce que nous devons d’abord re-programmer notre cerveau en identifiant tout d’abord la toxicité des comportements parentaux que nous avons enregistrés jadis comme justes et adéquats.
C’est pourquoi, il peut ne pas être évident d’identifier nos agissements avec nos enfants tant que nous n’avons pas démêlé tout le poison que nous avons reçu. Mais il est certain qu’en voulant sortir de la prison de son enfance, on donne une chance à nos enfants de rester authentique et vivre libre. BO