Perdre son discernement
Tuesday 11 April 2006
Madame,
Il y a quelque temps je vous ai écrit une lettre à laquelle vous m’avez
répondu ainsi qu’une personne prénommée Brigitte et ce fut le
commencement d’une transformation et je vous en remercie toutes les deux. Vos
réponses m’ont aidé. J’ai pris de la distance j’ai changé de
psychanalyste, ce n’était pas simple mais la vie m’a mis quelqu’un d’autre sur mon
chemin hasard pas hasard ?. Alors comme un autre message j’ai écouté
mon désir ne plus souffir. J’ai arrêté les médicaments pris depuis 2 mois
mais mon insomnie n’est toujours pas réglé. Comme me l’a dit Brigitte «
Nous avons tellement été habitués à être maltraités, que nous pouvons
avoir beaucoup de mal à sentir quand nous le sommes encore aujourd’hui
et nous nous retrouvons dans la situation de l’enfant, jadis dépendant
de nos parents toxiques »Sans eux nous ne pouvions pas vivre et pour se
faire il nous était nécessaire de les idéaliser en se convaincant
qu’ils nous aimaient, nous avons dû transformer la réalité pour survivre
auprès d’eux. C’est dans cet apprentissage insensé que nous avons perdu
entre autre notre discernement pourtant indispensable à notre protection.
L’enfant que nous étions, ne pouvait pas s’enfuir devant les menaces et
les dangers, mais en tant qu’adulte quand nous sommes conscient d’un
malaise, nous pouvons nous défendre ou réagir sans craindre de se faire
battre ou punir comme dans l’enfance. C’est bien la le problème avoir
du discernement, lorsqu’on est en souffrance ? J’ai compris ce qu’il
m’était arrivée, cette autorité traumatisante de mon père (de ma mère et
de mon frère aussi) que je ne voulais pas voir, mon père ce bourreau et
pour lequel j’étais en proie d’amour absolue et de reconnaissance
permanente, mon père qui ne laissait aucune place à la parole parce que
celle-ci devait correspondre dans sa totalité à la réponse qu’il attendait,
et dont l’issue fatale si l’immédiateté n’était pas respecter était la
violence verbale physique et l’humiliation. (J’ai passé mon enfance à
être malade). Dans ce processus de peur, de très grande peur, (revenu à
la surface dans mon analyse), pour me protéger des coups, j’ai dû
contorsionner ma façon de pensée jusqu’à en perdre l’expression d’exprimer
la quintessence de mon mécontentement, de mes sentiments, l’injustice et
les harcèlements physiques de mon frère etc ….modelant celle-ci avec
le désir d’exprimer l’attente de l’autre. Je l’ai revécu pendant
quasiment toute mon analyse (transfert) un an et demie, j’arrivais la peur au
ventre à mes séances et je ne comprenais pas pourquoi. Impossible de
m’exprimer. Comme avec mon père. J’étais enlisée dans ce schéma livrer à
moi-même, ma psy me faisait si peur que je ne pouvais pas lui parler,
parfois capable d’analyser parfois juste capable de parler pour parler
pour meubler pour me rassurer et récupérer un peu d’amour au travers de
ces mots. Je ressentais beaucoup d’animosité de sa part, tactique
thérapeutique, transfert ou contre transfert de l’analyste mal gérer?
L’histoire ne le dira jamais. cependant j’aimerais la revoir, juste une fois,
peut on dire retourner vers ce que l’on connaît bien ? Comme une
nostalgie, Ou retourner voir si on a avancé? Ne dit on pas qu’il faut
retraverser ces souffrances ? Retourner comme pour finir quelque chose?
Aujourd’hui je vois une personne qui me renvoie de la bienveillance à
mon écoute et je parle je parle tout le temps ! Je me sens entendue,
autre transfert ?.J’espère que je ne me trompe pas.
Merci encore à vous Alice Miller et à Brigitte, je voulais dire encore
quelque chose : que celui qui appelle fantasme ou désir inconscient
d’une petite fille de six ans la pénétration vaginale d’un adulte sur
elle, « celle que j’ai été », soit maudit par son ignorance.
Bien à vous.
I
Réponse de Brigitte.
Je vous remercie pour votre lettre, il n’est jamais trop tard pour comprendre et prendre soin de soi en choisissant la “bonne thérapeute” et les personnes de notre entourage qui offrent de vraies relations. En vous rappropriant l’histoire de votre enfance vous pourrez également accepter sa réalité et ne plus idéaliser les personnes qui vous ont trahi et fait tant souffrir. Votre sommeil reviendra sans doute en vous faisant aider par un témoin lucide qui prendra votre histoire au sérieux.
Cordialement Brigitte.