Echec scolaire
Thursday 28 February 2008
Un grand bonjour à madame Miller et Brigitte,
J’ai si honte de moi aujourd’hui, que je pense que vous écrire un message vous importunera, et que vous avez tellement mieux à faire que de me consacrer du temps.
Je vous écris car je suis usé et au bout du rouleau. J’ai 18 ans et je suis étudiant. Depuis deux ans, je fais des études qui demandent beaucoup de travail, et depuis ce temps là, j’ai d’immenses difficultés à me mettre au travail. Je me sens impuissant car auparavant j’avais toujours eu des résultats scolaires bons. C’est comme si plus il fallait que je travaille, et plus j’avais du mal à me mettre au travail.
Je vous écris à vous car je pense que j’ai été cassé par mes parents, et que ces problèmes sont une conséquence du fait que j’ai été tué à petit feu tout au long de mon enfance. Je n’ai jamais été considéré comme une personne à part entière. J’étais la propriété de mes parents, et à ce titre il n’y avait aucune limite à l’outrage psychologique qu’ils pouvaient m’infliger. Je crois qu’il ne peuvent accepter l’idée que leurs enfants sont des êtres humains libres et peuvent ne pas accepter de vivre dans leurs règles. Ils refuse totalement que leurs enfants puissent leur répondre, les contredire. Si on le fait, nous sommes matés physiquement et psychologiquement dans l’immédiat. Je crois qu’ils veulent jouir d’une puissance sans limite sur leurs enfants. Ils m’ont tué, et ils ont tué mon frère. Ils méritent la prison. Aujourd’hui je suis ravagé, je n’ai pas de « moi ». Mon grand frère a 27 ans, il vit à la maison, et mes parents le traient comme un enfant de 10 ans. Quand mon père me crie dessus, je dois totalement m’écraser. Comme si j’étais menacé de mort.
Je crois que j’ai été bon élève parce que je voyais que ça m’apportait un peu d’amour de la part de mes professeurs. L’enfant que j’étais était capable de faire de si belles choses. Aujourd’hui, toute ma motivation à me mettre au travail a disparu. Pourtant pour ce qui est extra-scolaire, je n’ai pas de difficulté : j’ai toujours de l’appétit pour faire des choses.
Je suis également phobique social. Mais je ne pense pas que cela soit responsable de ma démotivation, car j’ai réussi entre mes 15 et 17 ans à cumuler phobie sociale et bons résultats scolaires.
Je vous écris aujourd’hui car je me sens tellement seul. J’ai l’impression que je ne suis pas un humain, que je ne suis pas digne de l’être. Il faut absolument que je travaille bien pour réussir mes études, et ensuite pouvoir me payer une psychothérapie. Mais aujourd’hui mon quotidien se résume à fuir, par tous les moyens possibles, aussi subtils soient-ils, mes obligations de travail. Je passe mes soirées dans mon lit à écouter la radio et rêver d’un autre monde. Je passe mes journées (en vacances) à errer sur internet, en ignorant totalement le travail que j’ai à faire. Passer une journée entière à rester rien faire sur internet, c’est comme m’automutiler. Je le fais tout en sachant combien cela me fera du mal, mais je suis irrésistiblement attiré par ne rien faire.
Quand je regarde mon frère, et quand je me regarde moi, et quand je regarde d’autres jeunes de mon âge solides et confiant en eux, j’imagine à quel point nos personnes, à mon frère et à moi, ont du être piétinées en toute impunité.
Je ne comprends juste pas pourquoi est ce qu’un changement de classe, une augmentation de la pression sur mes épaules, m’a fait passer du très bon élève à l’élève en total échec scolaire.
J’aurais voulu savoir si vous aviez déjà rencontré des personnes comme moi, comment l’on peut basculé du tout au rien en si peu de temps.
Je ne saurais vous remercier pour tout ce que vous avez apporté à ma vie.
Réponse de Brigitte:
Ce n’est pas l’augmentation de la pression scolaire qui vous met en échec total sur ce plan là, ni le changement de classe d’ailleurs mais plutôt l’énorme pression parentale que vous subissez depuis 18 ans et qui est devenue INSUPPORTABLE. Vous mettez toute votre énergie au service du refoulement de vos émotions pour survivre auprès de vos parents et par conséquent vous n’en disposez plus pour vos études.
Votre corps est totalement épuisé, ça fait maintenant deux ans qu’il s’exprime par ce que vous appelez « phobie sociale » et là, il n’en peut plus!!.
Votre attirance irrésistible à ne rien faire pour assurer votre scolarité est peut être une façon inconsciente d’attendre qu’un des deux parents vienne vous porter secours, mais AUCUN des deux NE VIENDRA, ils sont beaucoup trop cruels. Vous seul pouvez vous aider en vous disant ces mots: « ils ne verront jamais combien tu souffres, ils sont trop cruels, toi seul peut faire ton travail, ils ne te viendront jamais en aide ». L’enfant que vous étiez a besoin d’entendre que vous le comprenez et que vous allez prendre soin de lui parce qu’il vit dans l’isolement depuis trop longtemps, il a BESOIN DE VOUS ET DE SAVOIR QUE VOUS NE LE LAISSEZ PAS TOMBER. Bon courage à vous. BO