Honnête avec soi-même

Honnête avec soi-même
Thursday 05 March 2009

Chères Alice Miller et Brigitte O,

Voici déjà quelques années maintenant que je ne fréquente plus ma mère. Il m’a fallut quelques âpres années d’hésitation avant ça pour m’y décider. Il me semblait si inacceptable de ne plus la voir que j’ai continué longtemps à la côtoyer alors qu’en sa présence j’arrivais difficilement à respirer. Je craignais aussi le regard désapprobateur des autres.

Il y a quelques jours, ma sœur m’a fait savoir que notre mère avait un cancer. J’avais toujours pensé que le jour où on m’annoncerait sa mort ou une maladie, j’aurais été rongée de chagrin ou de culpabilité. En fait, non. La seule chose qui me fait peur c’est qu’on m’accuse de ne pas aller la soutenir, même dans cette épreuve qui pourrait lui être fatale. Pire, qu’on m’accuse d’être responsable de sa maladie, vu le chagrin que je lui cause en ne la fréquentant pas. J’ai peur qu’on m’accuse et qu’en définitive, elle ne meure même pas. Je me demande si ma sœur ne m’a pas annoncé cette nouvelle pour me forcer à revenir vers elle. Je soupçonne qu’il s’agisse soit d’un mensonge soit d’une tumeur vraiment bénigne.

Je n’ose dire à personne que j’ai appris sa maladie, j’ai peur qu’on me dise inhumaine si on me demande « et tu vas la voir, au moins ? » et que je réponde, en toute honnêteté « non, je n’ai pas envie ». J’ai même peur d’en parler à ma thérapeute !

J’ai l’impression qu’en dehors de vous, personne ne peut accepter l’idée que je ne l’aime pas et que j’ai arrêté de tout faire pour lui plaire. J’ai l’impression qu’en ayant cette attitude de rejet vis-à-vis de mes parents, mes beaux-parents et d’un bon nombre de personnes de ma famille, je me fais détester par presque tout mon entourage. Non seulement ma famille, mais aussi mes amis. Déjà, enfant je me sentais seule mais maintenant, alors que je pensais avoir trouvé un entourage d’amitiés solides, je me rends compte que c’est un leurre. C’est dur !

Quelle est votre opinion ?

Merci pour tout ce que vous faites.
Réponse de Brigitte :

Personne n’est responsable du malheur ou du bonheur des autres, nous sommes seuls à le faire. C’est vrai que la majorité d’entre nous vivons dans le déni et restons accrocher à l’illustre image parentale à qui l’on doit notre vie et que par conséquent vous pouvez passer pour une fille sans cœur aux yeux de ceux qui se complaisent dans l’hypocrisie. Votre cœur à vous est bien rempli d’une grande générosité et sincérité en restant honnête à la petite fille qui a souffert de la cruauté de cette femme, votre amour sans limite pour cette enfant est bien le signe de votre intégrité. Votre corps est entièrement en accord avec votre décision mais il vous reste la peur de l’enfant qui peut se faire battre s’il ose dire ce qu’il pense. Aujourd’hui encore vous avez l’occasion de vous rester fidèle en disant la vérité à ceux qui voudront la connaître. BO