Eviter au mieux la confusion dans l’incohérence
Friday 19 October 2007
Bonjour Madame Alice, bonjour Brigitte,
À la lecture de Les crimes du système judiciaire, j’ai été bien peinée pour ce petit coco qui voudrait donc se faire aimer de son papa-qui-lui-fait-du-mal. Mais comment s’indigner devant l’enfant des agirs du père, tout en le laissant y aller quand même? Je ne veux aucunement ici juger des adultes aimants de cet enfant. J’ai le même questionnement qu’eux et la même impuissance.
J’entends l’enfant au fond de moi dire : « Tu trouves ça, maman, que papa me traite mal!? Tu me laisses y aller quand même? Tu dis que t’es obligée à cause du juge? Qu’est-ce qu’il pourrait te faire? Et puis, c’est vrai que je veux y aller mais je voudrais que papa m’aime et soit fin avec moi. Fais comprendre ça à papa. S’il comprend pas, alors c’est à toi de me garder et d’expliquer ça au juge s’il est outré que tu aies désobéi. Mais demande-moi pas la permission de faire ça. Tu sais bien que je suis coincé, j’ai pas le droit de dire non à papa. »
Je sais bien que, petite, je ne pouvais pas compter sur ma mère quand mon père me battait. Elle avait peur de lui. Il y a quelques années, la vie m’a donné d’apprendre que mon grand-père maternel était alcoolique et battait femme et enfants quand il était ivre. Ma tête et mon cœur comprennent mieux que ma mère avait donc des raisons d’être désemparée devant mon père, mais un coin de moi pense qu’elle m’a abandonnée. Si elle s’était mise entre nous, elle aurait eu les coups. Mais pourquoi pas?
Je sais que le bourreau s’en prend au plus faible et que si quelqu’un nous défend, il y aura représailles et que le plus faible paiera encore plus. Mais ma question demeure : comment dire à l’enfant que c’est épouvantable mais qu’il va y aller quand même?
Merci pour votre support tellement précieux…
Réponse de Brigitte:
Vous avez totalement raison qu’il est complètement illogique et inhumain de confier un enfant à une personne que l’on sait incompétente et même dangereuse pour lui, sous le couvert de la justice qui prend entièrement toutes les décisions. Nous en revenons toujours au même constat, qu’il est urgent de considérer les dégâts de la violence éducative. C’est horrible de se retrouver dans un dialogue qui confirme à l’enfant “je sais que tu vis ça et je ne peux rien faire pour te protéger” sous peine de lourdes poursuites judiciaires.
MAIS le fait de ne pas fermer les yeux sur la réalité de ce que vit l’enfant, de l’accompagner émotionnellement, lui permettra sans doute de renoncer aux visites chez son père dès l’âge de 13 ans (comme l’indique la loi) parce qu’il SAURA que ce qu’il vit est douloureux et pas du tout normal. BO