Rester dépendante

Rester dépendante
Tuesday 30 December 2008

Madame,

J’ai découvert tout récemment votre œuvre à travers « L’avenir du drame de l’enfant doué ». Cette lecture m’a profondément touchée. Pour la première fois, j’ai eu le sentiment que quelqu’un me comprenait enfin.

Je suis née dans un milieu que l’on qualifie volontiers de « privilégié » puisque mes parents ont toujours veillé à mon bien-être matériel. Mon éducation – comparée à celle de mes camarades et amis – a été plutôt stricte. Très tôt, je me suis sentie responsable des humeurs et sentiments de ma mère. A présent et grâce à la lecture de vos livres, j’ai réalisé qu’elle m’avait utilisée et que mon identité propre avait été bafouée.

J’ai subi durant mon enfance – et jusqu’à un âge relativement avancé – la violence physique de mon frère aîné. Mes parents n’ont pas su me protéger face au comportement de mon frère et je sais que j’en porte les séquelles aujourd’hui.

Mon frère est né avec une grave malformation cardiaque. Il a subi une intervention chirurgicale très lourde alors qu’il n’était encore que nourrisson. Cet événement a eu un énorme impact sur le développement de mon frère et, explique sans doute certains dysfonctionnements familiaux qui m’ont profondément affectée. Néanmoins, je n’arrive pas à invoquer autre chose que la fatalité pour justifier la violence dont je fus victime.

A présent, je suis âgée de 26 ans et n’ai pas encore « trouvé ma voie ». Ces dernières années ont été des années de galère durant lesquelles j’ai enchaîné les petits boulots sans réussir à m’autonomiser complètement vis-à-vis de mes parents. En outre, je souffre depuis mes 18 ans de troubles du comportement alimentaire et d’une tendance à l’autodestruction (alcool, tabac et relations de dépendance). Malgré deux hospitalisations en clinique et diverses thérapies dites classiques, je n’arrive pas à donner un sens à mon existence ni à m’aimer suffisamment pour être libre de vivre ma vie.

Je vous écris aujourd’hui car je pense que vous êtes l’une des rares personnes qui puisse me comprendre. Je vous serais très reconnaissante de bien vouloir consacrer un peu de votre temps pour me répondre.

Bien à vous,

Réponse de Brigitte:

Vous resterez autant de temps dépendante à l’alcool et à la cigarette que vous refuserez de sentir combien vos parents vous ont fait souffrir vous et certainement aussi votre frère qui n’est pas devenu violent pour rien. Pour le moment ce sont ces poisons qui vous empêchent de toucher aux vraies raisons de vos souffrances d’enfance et vous permettent encore de protéger vos parents. BO