A bout

A bout
Thursday 27 August 2009

je vous écris parceque je ne sais plus comment m’en sortir. J’ai 44 ans, et malgré une thérapie passée je vais toujours aussi mal.
On a mis au jour une maltraitance psychologique énorme de la part de mes deux parents: tous les jours de mon enfance la haine de ma mère, la torture morale, les accusations les plus terribles, les humiliations. Elle venait me chercher pour se défouler sur moi pendant des heures, me trainer plus bas que terre, et mon père se moquait de moi.
Ils aimaient que je coure des dangers mortels, et si je me plaignait timidement, c’était des condamnations hurlées pour me faire honte et me faire taire. On m’a toujours montré que je n’ai aucune valeur, que j’étais coupable par excellence, en permanence.
Actuellement j’ai l’impression que j’ai toujours eue, que je n’existe pas, que je ne suis pas un vrai être humain avec des droits. Sinon quelqu’un m’aurait défendue. Je ne suis qu’une enveloppe vide, un rôle social que je joue auprès des autres, en ayant honte que derrière il n’y ait personne. Je ne suis pas un vrai quelqu’un, je me sens un déchet qui n’est pas viable.
Il me revient depuis peu des images effrayantes d’abus sexuel toute petite par mon père, et aussi mon grand-père et la famille de mon père. C’est extrêmement angoissant, et je voudrais trouver un thérapeute qui m’aide à mettre ça au jour. Mais à chaque fois que je crois trouver un psy, je vois qu’il ne veut pas s’appesantir là dessus, ni condamner mes parents, alors je renonce. Je me sens maudite depuis ma naissance, que la vie c’est pas fait pour moi; que je suis condamnée à mort ou à l’inexistence, sans jamais avoir le droit de sortir du vide et du silence. Quand je lis que des gens trouvent un interlocuteur pour mettre au jour les abus de leur enfance, j’ai l’impression que ce ne peut pas être pour moi, moi je suis condamnée au silence, et que c’est pour ça que je ne trouve pas de thérapeute.
Il me revient des impressions de bébé, d’avoir été dans la douleur physique pratiquement permanente; d’avoir été réveillée pour que le cauchemar sans fin continue, et je voulais ne jamais me réveiller et dormir toujours, c’était mon seul souhait; et j’avais l’impression que j’étais en enfer, que ma vie était condamnée à l’enfer pour toujours. J’ai été dans une confusion totale jusqu’à à peu près 5 ans (l’école a été le premier repère). Bébé il me semble que la douleur physique envahissait tout, m’empêchait de penser, intense comme une sirène stridente qui ne veut pas s’arrêter. Je ne comprends pas ces souvenirs, ils me terrifient comme si j’étais folle ou irréelle.
De même que les images d’abus sexuel familial, comme si j’avais été passée de main en main, à la disposition de la famille. Je me sens folle ou monstrueuse des images bizarres qui me viennent.
J’ai toujours senti un dégout et une peur intense de mon père, et des hommes. J’ai adoré ma mère qui n’avait pour moi qu’une haine frénétique, jalousait tout ce que je pouvais, croyait elle, avoir, et ne pouvait pas vivre sans me persécuter. Mes parents m’ont régulièrement montré que je pouvais mourir de maladie, être attaquée par un satyre dehors, me suicider: c’était dans l’ordre des choses, comme si je n’étais vouée à rien d’autre. J’ai vu ainsi que ma survie n’avait aucune valeur. Moi je ne méritais pas qu’on me protège des dangers: au contraire ils aimaient beaucoup que j’en coure, les plus sordides et mortels possibles, comme si c’était leur plus grande jouissance que je meure bafouée, abandonnée dans un coin. Ce destin est toujours là, comme si les autres avaient droit à la vie mais pas moi, à cause d’une tare qui fait que je ne peux pas être moi même comme tout le monde: c’est mon impression.
Je suis désolée du désordre de cette lettre, assez confuse; je suis trop perdue de souffrance, depuis trop longtemps et je ne sais plus quoi faire. Je ne sais pas si je peux m’en sortir, et comment. Je me sens enfermée dans un tombeau dapuis toujours, malgré mes efforts démesurés pour ne pas mourir.
la lecture de votre site a été la seule lueur ces derniers temps. Je pensais que ce n’était pas pour moi d’être secourue, mais aujourd’hui je craque et je tente de demander un peu d’aide si c’est possible.
Merci à vous d’exister

Réponse de Brigitte :

Vous avez été persécutée sans répit d’une façon totalement criminelle et cela depuis votre naissance, comme cela ne leur suffisait pas, ils vous ont jeté en pâture dans des mains vicieuses et avides de perversion pour vous souiller d’avantage. Votre vie était un véritable cauchemar et aujourd’hui votre corps et votre esprit sont éreintés par cette avalanche de maltraitance, comme chaos, clouée au sol. Malgré tout cela vous avez trouvé la force de sortir du silence en nous écrivant cette lettre, la volonté de vivre de cette petite fille de jadis est toujours présente et vous donne l’espoir de vous en sortir. Vous pourrez redonner vie à ce corps meurtri quand vous sentirez la rage contre ceux qui ont tenté de vous anéantir et pas à pas vous sortirez de ce tombeau dans lequel ils ont voulu vous enfermer.

Vous avez déjà fait un grand pas, ne vous laissez pas tomber en si beau chemin, bonne continuation à vous, BO