Est ce que je peux croire ce que je ressens?
Tuesday 26 February 2008
Ma mère me dit aujourd’hui : “Je t’aime”
Voilà ce que moi j’entends au fond de moi :”
« Mais non, tu n’as pas souffert toi, moi oui. Tais toi ! Ne me renvoies pas l’image de ce que je suis vraiment, laisses moi croire à mon mirage, à cette image de sainte que je me suis construite. Je suis une sainte, tu es mauvaise. Tu es méchante, moi je suis si gentille, si douce. Je me suis sacrifiée pour toi, laisses-moi y croire, même si je mens. Meurs s’il le faut, mais ne me dit jamais que je suis méchante. Je préfère te voir morte que de te voir me renvoyer une image de moi si mauvaise. Je pourrai ainsi pleurer un peu plus, faire semblant que la vie est dure avec moi. Je pourrai me faire plaindre, trouver un coupable idéal. Je serai à nouveau le centre du monde, tout le monde fera attention à cette pauvre femme que je suis qui n’a pas eu de chance. Elle a perdu son mari, sa fille se donne la mort. Je pourrai continuer à me lamenter sur mon existence. Ne vient pas me demander de prendre mes responsabilités dans la vie, j’en suis incapable. Depuis longtemps j’ai décidé que c’était les autres les coupables. Moi je suis une victime tu comprends, une victime. J’ai été victime de toi. Tu n’as pas voulu être une petite fille sage, alors il fallait que je te batte, tu comprends. C’est de ta faute, pas de la mienne. Il fallait être sage. Et puis, comment voulais tu que je te fasse des câlins, tu refusais que je te prenne dans mes bras. Tu te sauvais. Je t’appelais quand il y avait du monde, il fallait que je donne une bonne image de moi, que je te prenne sur mes genoux. Mais toi, tu te sauvais ou alors tu plongeais dans tes livres, comme si personne n’existait. Méchante fille vraiment. Tu ne prenais jamais soin de ta mère. Et aujourd’hui tu continues à être méchante. Je te parle de moi et tu ne veux pas m’écouter. J’ai besoin de vomir ma haine des autres, tu dois m’écouter ! Tu n’as pas le droit de me dire que tu as suffisamment à faire avec ta propre vie ! Il faut que tu m’aime, tu dois aimer ta mère. Ne dis pas que tu n’as pas besoin de moi. J’ai besoin que tu aies besoin de moi. Tu es ma chose, tu m’appartiens. Ta vie m’appartiens. Tu n’as pas le droit d’être heureuse. Pour qui te prends tu ? Tu crois que tu vas réussir là où j’ai échoué ? Mais ça n’existe pas l’amour ma pauvre fille. Regardes autour de toi, personne ne t’a jamais aimé. Ton fils ?. Ca ne durera pas. Je suis jalouse du lien qui vous unis, mais je t’interdit de me le dire. C’est toi qui est jalouse de moi, ta mère. Tu es jalouse parce que j’embrasse ton fils, allez avoues tu es jalouse, tu crèves de jalousie. Non, tu n’as pas le droit de me dire que c’est moi qui suis jalouse. C’est moi qui mérite cet amour, pas toi. Toi personne ne doit t’aimer. Je vais créer le conflit avec ton fils, oui, tout faire pour que vous vous disputiez, voire la colère entre vous deux, briser cet amour. Mais je t’interdis de le voir, je t’interdis de me renvoyer ma méchanceté à la face. Tu n’auras pas une vie meilleure que la mienne. Je veux entretenir la haine dans ton cœur. Je suis prête à mentir pour ça, à prêter des intentions ou des paroles douloureuses dans la bouche des autres pour te détruire un peu plus ma fille. Tu ne seras jamais heureuse ma fille, jamais ! Je te déteste. Je fais semblant de t’aimer, mais au fond de moi je te déteste ma pauvre fille et je me déteste aussi.»
Est-ce que vous pensez que je divague ? Parfois j’ai l’impression que mon imaginaire prend le dessus, que je m’invente des situations, des ressentis… d’autant que j’écris très facilement. Pourtant, je ressens comme vrai ce que je viens d’écrire. Pensez vous qu’on puisse – que je puisse -ressentir avec autant de force la réalité d’un lien (des nons-dits, tout ce qui se cache en profondeur) ? Je me sens perdue entre ce qui ressors de mes écrits et ce que me dit ma mère et ma conscience (non, ça ne peut pas être vrai. Tu as tu talent pour te raconter des histoires et tu fabules c’est tout) Je me sens un peu honteuse avec tout ça.
Merci à vous pour l’attention que vous me portez.
AM: Ce que vous “entendez au fond de vous” est sans aucun doute la vérité. J’ai été très touchée par ces mots, plein de sagesse et de courage de REGARDER, de ne pas se laisser duper, plus jamais, même si cela fait si mal de ne pas avoir une autre mère, une mère VRAIE, honnête, aimante.
Réponse de Brigitte:
Si vous aviez été vraiment aimée par cette femme vous ne sentiriez jamais tout cela, c’est la réalité qui vous est présentée ici, tout ce que vous ressentiez depuis si longtemps mais que vous n’avez jamais osé vous avouer. Votre lucidité vous empêchera de subir sa volonté de briser le lien avec votre fils, vous ne pouvez pas la laisser s’emparer même de cette idée. Votre corps est votre meilleur allier, lui ne vous trahira jamais si vous prenez au sérieux ce qu’il vous dit. Bonne continuation, BO.