“J’espère que vous me pardonnerez”

“J’espère que vous me pardonnerez”
Monday 20 October 2008

Bonjour Madame Miller.

Je suis psychologue au Québec, j’ai 55 ans et après avoir lu votre tout dernier livre que j’ai lu en un soir, j’ai vécu un très grand bouleversement. Ayant été moi-même affreusement maltraité et battu dans mon enfance, j’ai évidemment recopié ces modèles auprès de mes enfants et aussi de mes conjointes. J’ai été suivi pendant de longues années par notamment deux psychologues à l’approche humaniste-existentielle. J’ai nommé à mes enfants que je me rendais parfaitement compte de ce que je leur avais fait subir, mais j’ai bien évidemment ajouté la phrases fatale: j’espère que vous me pardonnerez, ce qu’ils ont affirmé faire bien évidemment en me demandant même de ne plus parler de ces choses. J’ai bien insisté auprès d’eux pour qu’ils saisissent la nature du mal que je leur ai fait mais il aurait fallu, je crois que je “leur rentre de force dans la tête ce que j’avais à leur dire”, ce qui aurait exactement produit le même pattern qu’auparavant. Aujourd’hui je les regarde aller dans leur vie (aucun n’a encore d’enfant) et je sais qu’ils sont encore très marqués par cette souffrance qu’ils refusent de nommer. L’impasse dans laquelle je suis est de ressentir un élan pour insister auprès d’eux pour qu’ils voient à tout prix le mal que je leur ai fait en même temps que j’ai l’impression de recopier les vieux modèles où j’imposais ma façon de voir et où je les empêchais constamment de s’exprimer. Je suis bien sûr dans une démarche actuelle pour régler mes comptes avec mon père et ma mère qui sont décédés. Mais après la lectude de votre livre ainsi que celui d’un médecin suisseL Daniel Dufour sur la blessure d’abandon, je mesure encore wplus qu’avant cette souffrance imposée aux enfants, ces événements qui ont parfois dûs être vécus pour eux comme une tentative de meurtre. Y a-t-il autre chose que je puisse faire que de l’avoir nommé puis de m’occuper de mes propres parents avec qui il me reste encore à accepter de ne pas avoir été aimé. Parce que si j’ai manqué d’amour pour eux dans leur enfance, je les aime profondément aujourd’hui et voudrais me racheter d’une façon quelquonque. Je suis pourtant encore incapabel de discerner si c’dest moi qui veut effacer tout ça en leur en parlant ou si mon but est très noble. Je sais cependant que je les aime, que j’ai à coeur qu’ils se voient dans la vérité de leur être, et cela même si ça doit me coûter leur amour. Qu puis-je faire d’autre? Merci

Réponse de Brigitte:

Dans cet espoir qu’ils vous pardonnent des mauvais traitements que vous leur avez infligés, vous avez fermé la porte à la douleur de leur passé. Malgré votre invitation aujourd’hui à rouvrir le dialogue sur cette période de leur vie, ils semblent ne plus vouloir vous entretenir sur ce sujet sans doute trop cuisant pour eux. Vous ne pouvez plus exiger d’eux comme par le passé. En agissant ainsi c’est une façon de vous montrer combien ils ont souffert de l’impuissance dans laquelle ils étaient, la même que celle vous vivez maintenant dans leur refus de parler.
Ils se donneront sans doute l’occasion dans diverses situations du présent, de se libérer de leur colère supprimée depuis si longtemps contre vous, si vous leur permettez de les vivre.
Reste à espérer que votre nouveau travail thérapeutique ne vous conduise pas à nouveau dans un processus de “pardon avec vos propres parents” qui vous éloignerait définitivement de cette vérité que vous désirez transmettre ardemment à vos enfants. BO