Au moins un des deux parents

Au moins un des deux parents
Wednesday 30 September 2009

Madame Alice et Madame Brigitte

Je suis pris dans une situation que je trouve étrange et embarrassante quand au devenir de mon enfant. Je m’explique.

La mère de mon enfant de deux ans m’a fait découvrir vos travaux. Vos travaux m’apportent beaucoup pour accompagner mon petit bonhomme. Je suis issu d’une enfance mélange de pédagogie noire, d’ambiance incestueuse, de terreur tellement absolue qu’il m’a fallu attendre l’adolescence pour exploser bien comme il faut (accidents, drogues, violence).

J’avais déjà règlé certaines choses avant de vous lire, mais je pensais qu’il n’étais pas mauvais qu’un enfant, surtout un fils, craigne son père. Vous voyez ?

Vos travaux m’ont aidé à trouver d’autres manières de gérer les sentiments de mon petit garçon auxquels autrement j’aurais répondu par de la sévérité autoritaire un point c’est tout.

En vous lisant et par ma femme qui vous a lu avant moi, j’ai appris à parler à mon fils au lieu de dire simplement non, à laisser s’exprimer sa tristesse quand je dois lui refuser quelque chose, sans m’énerver, à l’écouter. Et c’est incroyable à mes yeux comment ça marche. Bien sûr ça va moins vite qu’avec un enfant sous terreurs qui a peur de son père mais ça marche. J’ai l’impression que je peux l’accompagner sans trop de dureté en respectant ses sentiments de frustations.

Le problème est le suivant : la même femme, sa maman, qui m’a appris à faire autrement, a connu une enfance très très violente. Et parfois j’ai l’impression que ça remonte en elle. Et alors elle n’a plus que le mot limite à la bouche. Et elle considère que prendre le temps, l’écouter, c’est ne pas mettre les limites. Elle ne supporte pas non plus quand il gémit parce qu’il veut quelque chose qu’on ne comprend pas. Depuis que j’ai pu mieux comprendre l’univers de la petite enfance, en toute modestie, le mien et celui de mon enfant, je n’ai personnellement pas de mal avec les plaintes de mon enfant ; elles peuvent me chagriner très fort, me faire de la peine pour lui, mais ne m’enragent pas, ne m’énervent pas. La maman, elle, est énervée. Peut être que je me trompe mais on dirait que toute une pédagogie anti nomique avec ce qu’elle connaît intellectuellement et qu’elle m’a fait connaître, remonte.

Alors elle me cite en exemple des enfants sages, obéïssant qui sont punis par leurs parents depuis la toute petite enfance, qui vont au coin, reçoivent des tapes à l’occasion, qui sont laissés en crèche depuis l’âge de trois mois jusqu’à six heures. Elle dit que notre garçon est capricieux, qu’il veut dominer, qu’il est désobéïssant, désagréable, chiant. Et elle dit tous ces mots devant lui. Je ne supporte pas ça. Ca me blesse pour mon enfant qui n’a pas à entendre ça sur lui. Elle dit qu’elle a le droit d’exprimer ses sentiments aussi.

Je voudrais la soutenir. Ne pas être avec mon fils contre elle. Mais ses propos et revendications autoritaires me font peur pour mon enfant. Je me demande ce que je pourrais faire. Je trouve ça dégueulasse de parler sur un enfant en sa présence, ou sur un tiers en sa présence, et qu’il entende qu’il est capricieux, désagréable, chiant, par la bouche de sa mère. Cela fait monter de la haine en moi et une immense colère.

Surtout que ce petit garçon est tellement joyeux et débordant d’énergie. Il danse, il chante, il peuple son monde de jouets de plein d’histoires. Les objets parlent. Il dit bonjour aux animaux, papillons, canards, chats. Il rit à gorge déployée. Il est sociable et rieur avec les inconnus qui font attention à lui sincèrement.

Ca ne l’empêche pas d’exprimer ses volontés, de crier s’il n’est pas d’accord, de dire “non ” très fort alors qu’il n’a pas forcément raison. Mais cela ne fait pas naître de la haine en moi.

Je ne suis pas pour une éducation anti autoritaire qui n’est souvent qu’un mensonge, mais j’ai découvert, et je n’ai aucun mérite à cela, qu’on pouvait mettre les limites, contenir, accompagner autrement ; et cela est bon, agréable.

L’attitude de la maman me fait peur car je sais d’où je viens et qu’une oreille bien éduquée enfouie en moi au fond, mais pas si au fond que ça, sait très bien reconnaître la voix de l’autorité brutale et sait très bien y répondre docilement comme à un commandement. Je suis loin d’avoir règlé tous mes problèmes.

Alors parfois quand le discours sur la nécessité d’étre sévère pour le bien être de notre enfant a été répétée et répétée, quand la maman sous entend en plus que je ne suis pas un homme si je ne suis pas sévère, si je ne mets pas les limites en faisant peur à mon fils, au début ça me fait rire, puis ça me lasse, puis je doute. L’oreille bien éduquée se réveille, se dresse. Et je deviens plus dur avec mon fils. Je crie. Il me craint. Et ça ne marche pas. C’est moins facile comme ça. Et du coup ce que je pensais être une bonne relation, belle, est mis en péril. Car nous n’avons pas construit notre relation sur ses bases de terreur.

En plus l’énervement de la maman me stresse et je suis moins disponible pour mon petit garçon.

Je ne sais que trop comment faire. Qu’en pensez vous ?

En tous cas merci, car sans votre apport, je n’aurais pas pu voir tout ça, et aller jusque là et apporter plus de douceur à mon fils.
Réponse de Brigitte :

Apparemment ce que vous avez lu vous a beaucoup plus été utile qu’à votre femme qui malgré avoir pris connaissance des dangers de la pédagogie noire préfère rester dans le déni de son passé pour se venger contre son petit garçon tout en voulant vous entraîner dans son acharnement. Vous semblez être convaincu des effets dévastateurs des mauvais traitements, il serait bon pour vous et VOTRE ENFANT de vous interroger sur ce qui vous pousse à vous soumettre au diktat de votre femme. Cet enfant a la chance d’être protégé par l’un des deux parents, il en est de votre responsabilité de père d’assumer sa défense et sa sécurité qui est largement menacée. BO