Ne plus rien attendre de ses parents

Ne plus rien attendre de ses parents
Monday 29 September 2008

Oui. Merci de me rappeler ces vérités. Quand je parle de « fusion », je ne parle pas d’une relation idyllique, même si elle pouvait en avoir l’apparence. Je parle d’une relation où je me vouais entièrement à mes parents, à leur vision des choses, tout en trahissant toute une part de moi-même restée dans l’ombre et la souffrance. Je parle d’une relation où je ne me sentais pas accueillie dans mes colères, mes souffrances, certains besoins fondamentaux (besoins intellectuels, affectifs, de sécurité). Je parle d’une relation parfois humiliante, où je n’osais plus m’exprimer de peur de perdre l’estime et le soutien de mes parents. D’une relation où je me suis trop souvent sentie abandonnée, livrée à moi-même, à mes angoisses, face à un monde extérieur dans lequel je n’ai jamais su comment prendre ma place, faute d’un minimum d’accompagnement. Tout cela je ne pouvais l’identifier comme une démission de la part de mes parents, pris eux-mêmes dans leur déni. Pour moi, j’avais les meilleurs parents du monde, mais moi, je n’étais peut-être pas quelqu’un de bien. Alors je cachais cette part de moi qui posais problème à mes parents et qui me terrifiait moi-même. Et puis tout n’était qu’apparences dans ma famille, masques et comédie, il était impossible d’identifier les défaillances de mes parents qui mettent toujours en avant leur impuissance, leur incompréhension, et leurs bonnes intentions. J’ai eu beau le dénoncer, tenter de prendre mes distances, j’ai été effrayée par les colères de mon fils, cela me renvoyait une mauvaise image de moi-même à travers lui, parce que j’éprouvais encore de la culpabilité à avoir exprimé cette rage envers mes propres parents durant les années qui ont précédé la naissance de mon fils. Aujourd’hui grâce à vous, je suis en pleine réconciliation avec ma colère. Je n’éprouve plus de culpabilité à l’avoir exprimée, même si c’était de manière désordonnée et incontrôlée, en apparence démesurée avec la situation présente, car c’était une colère en lien direct avec mon enfance. Je me rends compte que je suis momentanément repassée après la naissance de mon fils par un moment de rapprochement avec mes parents, et donc de déni, parce que je me suis sentie ridicule, immature, et mauvaise dans l’expression de ma rage, qu’elle n’a pas permis qu’ils comprennent quoi que ce soit, qu’elle m’est apparue comme une impasse, qu’elle m’a coûté la relation que j’avais avec mes sœurs, que je me suis faite jugée par toute ma famille comme étant à moitié folle, égoïste, rebelle. Ce rapprochement coïncide avec un moment de fragilité, de détresse, où j’ai à nouveau cherché, espéré leur soutien, alors même que c’était leur comportement à la naissance de mon fils qui m’avait mise dans cet état d’extrême fragilité. Et c’est mon fils qui en a payé le prix. J’espère seulement ne plus jamais recommencer à espérer et attendre d’eux quelque chose qu’ils ne m’ont de toute façon jamais donné. Mais comment en être sûre ? J’ai toujours peur qu’il reste dans un coin un peu de cet espoir illusoire. En cas de coup dur, comment ne pas retomber dans cette éternelle quête désespérée (de soutien, de reconnaissance, d’écoute) vis-à-vis de mes parents ? J’espère que j’en suis désormais « vaccinée », que je ne nous (mon fils, mon compagnon et moi) trahirais plus jamais. Notre famille a retrouvé la paix depuis que j’ai amorcé ce travail de deuil vis-à-vis de mes parents, et de déculpabilisation vis-à-vis de ma colère.
Réponse de Brigitte.

Vous serez sûre de ne plus rien attendre d’eux quand vous cesserez de les protéger en vous cachant la vérité. Ils ne se sont pas contentés de vous carencer sur un plan affectif, ils vous ont aussi battu, si ce n’était pas le cas, vous n’auriez jamais frappé votre petit garçon. Quand vous aurez compris combien ils ont endommagé votre intégrité, vous n’irez plus chercher le soutien, la reconnaissance et l’écoute auprès d’eux alors qu’ils vous ont mis dans une grande confusion et vous ont fait tant souffrir. BO