Nos émotions sont notre guide

Nos émotions sont notre guide
Sunday 24 September 2006

Bonjour madame Miller,

je vous écris ce petit mot, car je sais qu’il sera entendu de votre part.
Cela fait 3 ans que je vis une dépression. Je ne sais pas pourquoi, mais
c’est comme si mon corps ou mon âme avait décidé de cesser de vivre. C’est
comme si il avait dit: vous ne voulez pas m’entendre, alors je ne vivrai
plus. Je sais que cette phrase s’adresse à mes partents et en plus je sais
que les conséquences me pénalisent moi et personne d’autre. Donc, depuis
ces 3 ans, j’ai tenté de faire une thérapie avec un analyste. J’avais
l’impression d’être seul devant, j’avais l’impression qu’il n’intervenait
pas face à ma détresse. Pendant plus de 1 an, je me suis dit que cela était
de ma faute et que je devais faire plus d’effort. Par contre, J’avais
toujours en tête vos idées que vous écrivez dans vos livre, c’est-à-dire
qu’il est important d’avoir “un témoin lucide” avec nous qui nous pousse à
vouloir exprimer nos souffrances et notre indignation face aux personnes
qu’on a le plus besoin (parents). Donc, il y a quelques semaines des
vieilles émotions ont surgis de moi. J’avais la conviction que je devais
les exprimer, mais que surtout quelqu’un devait les entendre. C’était très
intenses, j’avais une grande peur et lorsque ces émotions prenaient de
l’ampleur, je tremblais de tout mon corps. Donc, j’ai tenté d’exprimer ces
sentiments à mon thérapeute et celui-ci n’a pas réagi, j’avais l’impression
qu’il refusait de les entendre ou même qu’il avait peur de les entendre.
C’était étonnant comment cette situation cadrait tellement avec les
arguments que vous avez contre la psychanalyse. Donc, à partir de ce moment
j’ai décidé de trouver un autre thérapeute. Depuis quelque semaine, j’ai
rencontré un thérapeute qui est d’une autre école de pensée et qui met
l’emphase sur l’aspect relationnel entre le patient et le thérapeute. Bref,
j’ai de l’espoir. Mais j’ai encore une crainte que ma peur et surtout ma
souffrance qui est juste en dessous de ma peur ne sera pas écouté, entendu
et prise au sérieux. J’ai vraiment l’impression d’être à quelques pas d’une
naissance, une naissance de moi-même, mais en même temps je suis terrorisé
à l’idée que mon nouveau thérapeute n’entende pas ma souffrance qui est si
intense.

Merci de m’avoir lu

Nicolas

AM: Vous écrivez: “Mais j’ai encore une crainte que ma peur et surtout ma souffrance qui est juste en dessous de ma peur ne sera pas écouté, entendu et prise au sérieux. J’ai vraiment l’impression d’être à quelques pas d’une naissance, une naissance de moi-même, mais en même temps je suis terrorisé
à l’idée que mon nouveau thérapeute n’entende pas ma souffrance qui est si intense.”
Heureusement que vous pouvez sentir les signaux de votre corps, il faut les prendre au sérieux. Peut-être que ma liste FAQ (les questions souvent posées) pourra vous aider à examiner vos sentiments et regarder si vos doutes sont justifiés ou non. A mon avis vos doutes ne sont pas sans raisons. Si on se sent VRAIMENT compris on n’a pas de doutes. Mais souvent on pense, comme un enfant gentil, que les doutes sont de notre faute et qu’ils ne faut pas les avoir. Je vous souhaite le courage pour pouvoir poser les questions que je propose dans cette liste et profiter des réponses obtenues AVANT de vous engager avec un inconnu.

Réponse de Brigitte:
Il est vraiment cruel de faire face à l’absence de réaction de celui qui est censé être votre “avocat”, qui doit vous comprendre, vous soutenir, vous montrer toute sa compassion pour les souffrances que vous avez endurées et qui doit être indigné devant les maltraitances de vos parents.
Et vous avez supporté ça pendant plus d’un an! Voyez-vous comme on peut rester prisonnier des souffrances de notre enfance, on nous présente le même scénario et on l’achète sans broncher tellement nous sommes habitués d’être ainsi traités.
Heureusement que vous avez choisi d’être fidèle à ce que votre corps vous dictait en choisissant un autre thérapeute, vous pouvez continuer à vous fier à ce que vous ressentez et vivre cette naissance que vous sentez si près maintenant.
Vous craignez que ce nouveau thérapeute n’entende pas votre souffrance, peut être que cette peur est justifiée et il est important de le vérifier pour ne plus perdre de temps. Il est nécessaire de bien choisir la personne qui va vous accompagner pour “cette naissance”, elle doit avoir toutes les compétences pour vous accueillir dans vos peurs, votre douleur et votre rage, sans minimiser ce qui vous est arrivé.
Votre courage à vouloir rencontrer la vérité de votre enfance vous sortira sans aucun doute de votre dépression pour retrouver votre liberté.
Bonne continuation.
BO