Quand l’enfant est respecté

Quand l’enfant est respecté
Sunday 11 June 2006

Chère Madame Miller,

Je trouve que vous faites un travail admirable, vos découvertes vont à contre courant des idées reçues, de croyances enracinées au plus profond de l’inconscient humain.
La période qui va de la naissance à l’adolescence est le plus souvent niée; comme si ce qui avait eu lieu pendant tout ce temps n’avait pas d’importance. L’éducation scolaire ne tient pas compte du vécu réel de l’enfant, son histoire personnelle est occultée.
La société en paie un lourd tribut dont elle ne recherche pas encore les causes véritables.
J’ai eu la chance de naître et de grandir au milieu de parents qui m’ont donnée beaucoup d’attention, de temps et d’affection et quand je rencontre une personne qui a eu cette même chance, je le reconnais au premier regard échangé, un regard sans peur. Le plus souvent, je lis dans le regard de ceux que je rencontre une profonde tristesse et je sais que c’est peut-être la trace qu’a laissé aux fond de leurs yeux une enfance malmenée. Je lis beaucoup de choses dans le regard de mes jeunes élèves et je crois qu’ils savent que j’ai capté un message car ils me témoignent souvent une grande reconnaissance de leur avoir accordé de l’attention .
J’ai toujours envie de donner ce que j’ai reçu et si l’autre le perçoit , la rencontre a lieu, l’échange est possible. Autrement, on reste dans les civilités, dans le camouflage .

Je vous remercie du fond du coeur
Maryse

AM: J’ai toujours été persuadée que les personnes qui avaient reçu de l’attention positive dans leur enfance par leur parent, conservaient leur empathie innée pour eux-mêmes et pour les autres. Malheureusement il n’y en a pas beaucoup. Je vous remercie pour votre confirmation convaincante qu’ils existent quand-même.

Réponse de Brigitte

Merci beaucoup de votre témoignage, il est bon de lire que les enfants qui ont été respectés comme vous l’avez été puissent ensuite à l’âge adulte considérer les autres avec compassion.
Effectivement nous sommes persuadés que malmener un enfant ne peut pas avoir de conséquence sur ses futurs comportements, c’est pourquoi nous pouvons entendre des drames de société horribles sans que personnes ne fasse le lien avec l’enfance. Il est plus facile de dire que l’on devient criminel, pédophile ou bourreau d’enfant, parce qu’il nous « manque une case », le problème est que nous ne cherchons pas à quel moment nous avons perdu cette case.
Le mot respect pour un enfant engendre toujours des polémiques et la première crainte est de fabriquer des enfants rois, à qui on laisse tout faire sans aucune limite, alors que dès notre plus jeune âge, nous avons appris à coups de représailles à obéir. Comment pouvons nous nous repérer dans une telle confusion?
En acceptant que notre enfant puisse être en colère ou enragé devant un « non », nous respectons son mécontentement, nous le prenons au sérieux et rapidement il peut découvrir qu’il a le droit de manifester une émotion sans avoir été détruit et sans détruire son parent. De cette façon il peut rester authentique et se permettre de vivre ses émotions sans se faire du mal et sans faire du mal à d’autres.
Cela dit, pour pouvoir ce faire, il est nécessaire de voir comment nous a été interdit d’agir naturellement et de sentir combien nous en avons souffert.
Bonne continuation avec vos élèves.
BO