Oser

Oser
Tuesday 03 March 2009

Chères Alice et Brigitte,

Je ne comprends pas , mon thérapeute ne minimise pas la maltraitance de ma mère. Elle me pousse à réagir et je crois qu’elle souhaiterait même que je me mette en colère. Je n’arrive pas à exprimer quoique ce soit en séance. Pourtant je le voudrais, dans ces moments-là j’ai dans le ventre comme un poids immense qui me ronge et se tord. J’aimerais lâcher ces larmes qui ont tant de mal à venir, je sens que cela me ferais tellement de bien et je suppose même qu’après je pourrais enfin tourner la page.

La cure serait enfin terminée ! Je m’accroche peut-être à cette psy en ne pleurant pas, comme à cette mère dont j’ai eu tant de mal à m’éloigner et à qui je n’ai pas eu le droit de montrer mes émotions !

Moi aussi j’ai eu droit à des « C’est pour ton bien », « c’est dieu qui t’as puni » à chaque fois que je me faisais mal, même en tombant, ou « t’es pas belle quand tu pleures ».

Abusé par mon frère, je souffre de ne pas être épanouie dans ma sexualité de femme aujourd’hui. J’ai enfin réussi à en parler à mon psy, mais là, j’ai eu cette réponse qui me fait tant de mal : «on sait que les enfants sont hautement excitables, est-ce si impensable que vous ayez pu avoir du plaisir avec ce frère ?! »

J’y crois pas !!! Ce que je ressens c’est de l’incompréhension, quand je repense à ces moments-là, je me sens mal et sale (dans le flou le plus total, avec des interrogations , c’est quoi ce jeu ?)

Mon mari pose ces mains sur moi, et je n’ai qu’une envie, qu’il ne me touche plus. Pourtant je l’aime. Mais je ne peux m’empêcher de penser à ce que m’a fait mon frère. J’ai alors envie de taper (ce que je ne fais pas), j’en envie de hurler (ce que je ne fais pas non plus), je sers des dents, je me force, et j’attends que ça se passe. Parfois je n’en peux plus et je le repousse. Y a tant d’agressivité dans ces moments-là, elle n’est pas contre lui, je le sais. Mais jusqu’à quand acceptera t-il de vivre avec une femme comme moi, qui le frustre beaucoup ?!

Ma thérapie était pour me sauver moi, mais mon couple aussi. Pourquoi tant d’empathie pour la maltraitance de ma mère et me sort-elle ce fantasme Oedipien sous prétexte que j’avais 5 ans ???

Ça me fait mal parce que ce n’est pas ce que je ressens .

Je viens de lire « La souffrance muette de l’enfant » P130 : « ce poème exprime l’envie à l’égard de ceux qui savent prendre, qui ont reçu de l’amour dans leur enfance, qui peuvent faire partie d’un groupe où ils se sentent au chaud, ….la vérité doit assumer le froid de la solitude.»

J’ai froid, mais je rêve de chaleur, qui peut me la donner si je ne vais pas la chercher ? Et si je ne la trouve pas, est-ce la fin de moi ?

Merci

Réponse de Brigitte :

Peut être que vous vous trouveriez plus vraie si vous osiez enfin sortir du froid de votre solitude en tapant, en hurlant comme votre corps le réclame si fortement en présence de votre époux mais que vous bâillonnez en serrant les dents pour l’empêcher d’hurler la vérité. BO