Dire OUI à la vie

Dire OUI à la vie
Saturday 05 April 2008

Bonjour Brigitte,

Je me sens tellement pas bien, j’ai besoin de vous écrire. J’ai réalisé hier que mon père m’avait violée quand j’étais encore petite. Je sentais que c’était plus que des abus sexuels que j’avais subis, quelque chose d’horrible et sans nom et répétitif.
Je suis abattue devant les émotions qui montent surtout qu’ayant été conditionnée à ne rien dire par ces enfoirés de parents, qui n’en sont pas pour cet enfant “à disposition”, me culpabilisaient de ne jamais rien dire, qu’on pouvait tout me faire sans que je dise jamais rien.
Je ressens l’horreur et Le fait de ne rien avoir dit, rien avoir pu dire me terrorise. Je sors mes émotions sans réfléchir. C’est Le seul moyen de m’aider et je mérite bien ça quand même, non?
Je me sens si mal. Si seule dans cette horrible expérience, à ce moment là. C’est en lisant le courrier intitulé
“après avoir récupéré le souvenir”, regardé une émission sur une femme qui avait été violée enfant à l’âge de 7 ans et qui s’en est rappelé le jour de son marriage et après avoir consulté un gynécologue jeudi dernier que je suis arrivée chez ma psy en lui parlant de tout ça, sans savoir…
Elle était là, présente et je commence à pleurer pour ça et je comprends que c’est parce que personne n’était là quand j’ai subi tout ça, surtout pas ma mère; elle seule aurait pu faire quelque chose, hein? Et elle n’a rien fait!!!!!!elle m’a pas aidée, elle m’a laissée là, avec lui sans se demander une fois is j’étais en danger. Et pourtant je l’étais! IL me haïssait, me frappait, me criait dessus et me tapait déjà tout bébé. Elle , ma mère, disait “oh, quand même, arrête un peu”
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!ARGH§§§§ ben voyaons, vas y, rentre lui dedans, y pas de problème, elle sert à ça! Elle est là pour ça. Je pleure car je ressens ça enfin pour la première fois et c’est sûr que c’est bien pour moi de pouvoir enfin laisser mes émotions venir, exister et tenter de les nommer mais ça n’enlèvera en rien ce qui s’est passé.
Où étais tu chère mère qui me demandait de tout faire pour elle? De la servir du mieux que je pouvais? De lui sourire autant que je pouvais? De ne jamais rien dire, répondre ou penser quelque chose qui pourrait la contrarier? Je tape de plus en plus vite, je sens la colère monter en moi, colère tant attendue et qui est pourtant si dure à vivre!!!!
J’ai rien dit Brigitte, rien jamais rien quand je subissais tout ça! Je Le sais car toute à l’heure quelqu’un a rentré la porte de sa voiture dans la mienne très violemment sur un parking et ça m’a demandé une montagne de force pour dire “he, vous avez rentré votre porte dans la mienne!”et là, plus rien, comme un soufflet qui se comprime, Plus rien, je me sens nulle et sens que rien n’est de la défense dans ma phrase, simplement l’ancienne fillette totalement démunie, sans mécanisme de défense naturelle, SUR QUI ON PEUT TOUT FAIRE, ELLE NE DIRA RIEN!!!!!
Voilà Maryse au grand jour, me voilà avec moi, enfin. Je peux toucher et voir mon corps, mon esprit, je ressens l’exploitation et la douleur; Le mépris de ces ignards de parents devant toutes ces tortures qu’ils m’infligent. Et pendant ce tmeps, je souffre, uen petite fille souffre, toute petite avec ses petits bras, ses petites jambes, sa petite tête.
Ben je crois que ça y est, j’y suis. ça y est. Je peux même enfin visulaiser ma psy et me laisser aller, à pleurer à lui raconter ce que je ressens. C’est la 1ère fois que je peux me sentir si proche d’elle. Avant, c’était impossible.. Je me demande si ce n’est pas parce que j’ai enfin réussi à approcher de moi, de mes ressentis d’autrefois et d’enfin moi même que je peux enfin la mettre de mon côté; ou alors is c’est pas moi qui suis enfin à côté de moi enfant. “ça y est ma puce je suis là. Je t’écoute et surtout, dis moi tout, laisse aller tous tes ressentis, toute la misère du monde (parental) que tu portes en toi; ça y est, vas y, je t’écoute. Je croyais jamais pouvoir y arriver.
Merci Mme x pour m’avoir amenée jusque là et je vous vois me dire “mais c’est vous qu’il faut remercier, c’est vous qui êtes arrivée là”, alors je vous remercie pour m’avoir laissé parler, m’avoir écoutée, avoir laisser l’enfant que j’ai été enfin exister.
Merci Brigitte de me lire et de ressentir (pourquoi ces maudits parents n’ont rien t-ils pu sentir de ce qu’était mon enfer?bah, je connais la réponse. Mais elle m’est tout de même INSUPPORTABLE).
Alice MILLER, comment vous dire ce que tant de personnes ont déjà dû vous dire mais jamais quand c’était Maryse…je vous remercie de tout mon coeur pour avoir cru l’enfant, m’avoir crue finalement.
Merci beaucoup.
Je pense à vous dans ce moment si dur.

Réponse de Brigitte:

Votre témoignage est terrible, on ressent très bien combien vous étiez seule dans votre désarroi pour subir l’ultime crime de cet homme. Le “vrac” de vos émotions est tout à fait normal, imaginez toutes les tortures et les humiliations que vous avez endurées quand vous étiez son objet sexuel. Votre corps aujourd’hui CRIE toute la douleur, toute l’horreur, toute la terreur, tout le désespoir, toute la rage que vous n’avez jamais pu HURLER par peur de mourir. C’est votre crie de VIE maintenant qui jaillit, OUI !! c’est en passant par cette vérité si terrible que vous naîtrez au goût de votre LIBERTÉ. Bravo pour votre admirable courage, je vous remercie pour cette lettre. BO