Différent dans le couple

Différent dans le couple
Sunday 20 December 2009

Bonjour Alice et Brigitte,

Je cherche une solution pour qu’elle comprenne.

J’ai 44 ans et j’ai découvert vos livres l’année dernière. J’ai vu très clair en moi à partir de ce moment. Alors que j’ai commencé à consulter toutes sortes de praticiens en psycho, sophro, kinésio et autre depuis l’âge adulte je n’avais jamais vu mes troubles disparaître. Je souffrais d’attaque de panique subite, de rougissement à la limite de perdre connaissance et bien sur j’évitais tout lieux public pour éviter les crises. Même j’ai eu des fortes extrasystoles à 23 ans (je croyais que j’avais une maladie cardiaque) donc j’ai prévenu mes parents en pleurant et ils s’en sont offusqués en disant que ça ne venait pas de la famille. Je vivais en permanence sous tension que je n’arrivais à atténuer que lorsque je faisais du sport.

J’ai quand même un bon travail et un foyer avec 2 garçons de 6 et 8 ans. Lors d’un repas de famille j’ai vu mon père donner une tape sans prévenir au plus petit qui a pleuré, j’en ai eu une douleur dans le ventre mais j’ai été paralysé. Aussi quelque mois après j’ai la maîtresse de mon plus petit qui nous a signalé son manque d’entrain ; a ce moment là je découvrais un de vos livre et j’ai compris que ce qu’il lui arrivait était un peu de mon histoire. Je ne détaillerai pas toutes les humiliations que j’avais subies de toute la famille ; j’étais le parfait bouc émissaire de la famille et de toute ma scolarité.

A partir de ce moment j’ai porté une attention de tous les instants à mes enfants pour découvrir leur plus profonde sensibilité pour qu’ils puissent l’exprimer librement. J’ai eu la chance de pouvoir parler des fois ou je m’étais mis en colère avec eux et que j’avais donné un coup de pieds au fesses, j‘ai dis que j’avais fait une erreur, que c’était un crime de taper un enfant que je n’ai pas le droit de le faire. Depuis on se parle avec une grande complicité sans tabou. Je n’ai pas du tout d’énervement lorsqu’ils font une « bêtise » ou un caprice, Je respecte leur façon de s’exprimer et j’arrive toujours à leur faire exprimer le fond de leur pensée (jalousie ou besoin d’attention) .

En même temps que je découvrais vos livres j’ai fait une dizaine de séance avec une psychologue qui m’a servie de témoin secourable, elle m’a fait sortir la colère contre mes parents et m’a laissé libre de l’exprimer à mes parents. Ayant peur de les affronter j’ai attendu qu’ils m’appellent après 3 mois sans nouvelles et j’ai pu calmement leur dire qui j’étais (toute ma sensibilité qu’ils n’ont jamais vu) je les ai prévenu que je protégeai mes enfants et il n’y a pas eu un mot plus haut que l’autre.

Dés le début je racontais sans rien cacher à ma femme toute la bêtise et l’indifférence à ma souffrance de mes parents. Je pensais qu’ayant fait trois ans de psycho elle comprendrait tout et ferait un parallèle avec son histoire. Elle est très accrochée à ses parents, puisque je lui en avais parlé il y a 7 ans car elle passait une heure par jour au téléphone avec sa mère et je ne trouvais pas ça normal. Elle m’avait avoué qu’elle avait peur de son père qui l’avait frappé. Je ne lui en ai plus jamais reparlé depuis car elle a du passer la nuit aux urgences psychiatriques après cette conversation. Elle m’a parlé une seconde et dernière fois de ses blessures d’enfance l’année dernière, me disant dans un sanglot qu’elle a du être une grande très vite car sa mère faisait une dépression et ne pouvait s’occuper d’elle.

Tous les jours encore elle se met dans une autre pièce et téléphone à sa mère (ses parents lui racontent souvent les derniers meurtres ou horreurs sur les enfants et aussi les naissances alentour)

Dernièrement je ne supportais plus ses cris et j’ai fait l’indifférent, j’avais l’impression quelle traquait la moindre maladresse pour exploser.

Comme elle a compris sa mise à l’écart il y a eu une crise dernièrement ou j’ai pu expliquer ce que je ressentais. J’ai expliqué que tout son mal-être venait du fait que ces besoins de petite fille ayant été bafoué et écrasés c’est son corps qui la met dans ces états et que ce n’est pas de sa faute.

A notre âge nous avons eu des projets prenants qui ont masqué tout ça et maintenant que nous sommes tranquilles elle ressent un manque énorme. J’ai essayé de lui expliquer que si elle ne sortait pas sa colère de ne pas avoir été comblée petite, rien ne remplira ce vide, mais elle dit quelle ne me comprends pas, que ça ne sert à rien de remonter les mauvais souvenirs et qu’elle ne veut surtout pas consulter.

Voila je cherche une solution pour qu’elle comprenne.

Guérir de ses blessures n’est pas impossible, il n’y a que votre méthode qui donne un bon résultat .Il y a une période très difficilement supportable au début quand on fait remonter toutes ces petites scènes ou l’on se sent terrorisé, pendant ces moment il ne reste qu’a pleurer et attendre que remonte le sentiment de colère d’une telle injustice. Ensuite (pour moi il a fallu un an) j’ai commencé à être persuadé que je n’y étais pour rien, que si ils recommençaient aujourd’hui je ne serais pas affecté et je me défendrais. Je n’ai jamais connu une telle confiance durable et je suis respecté. Donc ça marche à condition de se remettre en question, de lire des choses qui font réagir .Aujourd’hui je m’autorise de vivre et d’exprimer mes émotions comme le ferait un enfant qui n’a pas peur et je suis très heureux de voir mes enfants faire de même et j’aimerai que ma femme fasse pareil.

Avec toute ma reconnaissance
Réponse de Brigitte :

C’est très douloureux en effet d’avoir récupéré son discernement et de vivre aux côtés d’une partenaire qui veut rester dans le déni en continuant à fermer les yeux sur le poison que ses parents injectent dans ses veines au quotidien et ce depuis des années. C’est comme si vous vouliez dire à une personne qui ingurgite une forte dose d’alcool tous les jours, qu’elle est mortelle pour lui, il vous répondrait qu’il n’est pas alcoolique. La première chose est de SENTIR que l’on ne va pas bien et ça ne semble pas du tout être le cas de votre femme.

Malheureusement vous ne pouvez pas rendre la vue à quelqu’un qui ne veut pas voir, même si vous y consacrez toute votre énergie. Heureusement que votre lucidité vous permet de prendre bien soin de vos enfants, peut être qu’elle s’appuiera sur votre expérience pour oser sortir de son chaos. BO