Je ne me retrouve pas dans la pulsion de répétition

Je ne me retrouve pas dans la pulsion de répétition
Wednesday 03 September 2008

Bonjour,

Agée de 48 ans, je suis mariée et mère de 3 enfants de 15 à 20 ans.
Suite aux décès de mes parents, à un an d’intervalle, j’ai décidé depuis le mois d’octobre 2007 de suivre une psychothérapie. L’image de ma mère, atteinte d’un cancer, agonisante me faisait faire des cauchemars et mon père que je ne voyais plus depuis des années, ayant été retrouvé mort seul chez lui environ un mois après son décès, a provoqué en moi un curieux mélange de soulagement, de honte puis de peine. Moi qui pleure peut et de façon très discrète, je m’étonnais de sentir comme un geyser de larmes monter en moi et sortir en un râle bruyant et incontrôlable s’échapper de moi.
A l’âge de 40 ans en croisant mon père dans la rue, alors que j’étais décidée à lui adresser la parole, mon corps s’est nettement détourné de mon objectif et je tremblais. Ce jour là mon corps m’a sauvé. Après avoir questionné ma mère, j’ai su que mon père avait eu des comportements incestueux avec moi sans que je puisse m’en souvenir. La thérapeute qui m’accompagne m’a conseillé de lire « abattre le mur du silence » puis « la connaissance interdite ». Ces ouvrages racontaient non seulement ce que je ressens mais ce que je connais de l’histoire de ma famille, à tel point que j’entreprends de lire l’ensemble de vos œuvres. Sur son conseil, Je viens de terminer « c’est pour ton bien » qui explique bien l’origine de l’éducation pratiquée depuis des générations dans la plupart des familles. L’exemple de l’histoire de l’enfance d’Hitler est frappant, j’ai d’ailleurs commandé le film que vous mentionniez.

Il y a un point qui revient souvent et où je ne me retrouve absolument pas est la pulsion de répétition. Au contraire, je respecte tellement mes enfants que je ne les prends jamais dans mes bras de ma propre initiative, a tel point qu’il leur arrive de me demander si je les aime.

Depuis toujours j’ai décidé de venir un jour en aide aux enfants maltraités, avant même de prendre conscience que je l’avais été moi-même. Afin que ce que j’ai vécu ne soit pas vain, et au fur et à mesure que je vous lis, je suis tentée de suivre une formation de thérapeute, mais je me sens retenue par mon âge et je voudrais être sûre de suivre une formation qui suit vos recherches et votre courant de pensées.

Je suis admirative de la force qui vous anime et qui vous pousse à maintenir votre cap malgré les réticences de vos détracteurs. Pour ma part il est évident que vous êtes dans le vrai, car chaque enfant qui nait est être neuf qui va être modelé par son entourage et seuls son intelligence du cœur, son corps, peuvent le sauver des éventuels dangers auxquels il sera confronté dans sa vie.

Bien à vous,
Réponse de Brigitte:

Il y a des tas de façons de montrer que notre passé nous tourmente et visiblement votre manière à vous est dans votre incapacité à être spontanée physiquement avec vos enfants en les prenant dans vos bras. Votre crainte d’être intrusive avec eux montre bien le traumatisme de vos abus par le père. La répétition est là, elle se présente sous la forme de “la peur d’abuser” et vos enfants vous le montrent très bien par leurs doutes sur votre amour pour eux. Il est fort possible aussi que cela exprime le manque de tendresse de votre mère qui vous fait défaut aujourd’hui avec vos enfants. BO