Responsable du destin de ses parents

Responsable du destin de ses parents
Monday 20 October 2008

Bonjour,

Je vais beaucoup mieux depuis que j’ai compris que ma dépression était liée aux maltraitances psychologiques reçues de mes parents. Mon père est alcoolique et en prison actuellement. Il souffre de délires mythomanes. Tantôt complètement absent, tantôt carrément envahissant et intrusif, il ne respectait pas mon intimité. Je n’ai jamais eu de relation équilibrée avec lui.

Ma mère a un comportement proche de la paranoïa et n’a jamais remis en question son comportement vis à vis de nous (mon frère et moi), vis à vis des autres. Elle voit tout en noir, ne parle que de ses problèmes bien souvent fantasmé, et a même réussi à me convaincre pendant longtemps que moi-même je n’étais qu’une moins que rien. Il m’a fallu entreprendre une thérapie et traverser des périodes d’angoisse extrême où j’étais assaillie de crises de panique. J’ai eu la force et la lucidité nécessaire pour tenter de m’en sortir. D’après mon médecin, c’est ce qui me différencie de mes parents qui eux n’ont pas ce recul. C’est moi qui me soigne mais c’est eux qui sont malades…!?

Récemment, j’ai mis une barrière pour me protéger des abus que ma mère se permettait à mon égard. Elle m’appelait constamment pour me parler de ses délires, sans même prendre la peine de me dire bonjour, ni même me demandait de mes nouvelles. Que je sois au travail, ou chez moi, elle me harcèle pour des broutilles et ne tient absolument pas compte de ma vie. Elle a besoin d’être rassurée dit-elle. Est ce aux enfants de rassurer les parents? Je dois être à sa « merci », sans espérer être écoutée, ni considérée. Jamais elle ne m’a rassurée, ils m’ont même laissés chez mes grands-parents paternels dès ma naissance, pour me retirer de chez eux brutalement quand ils ont divorcé (j’avais 11 ans). J’étais l’objet de chantage. J’ai vécu la douleur d’être séparée de ma grand-mère paternelle (mon grand-père est décédé lorsque j’avais 6 ans) alors que je n’y étais pour rien. Personne ne s’est vraiment soucié de ce que j’ai pu ressentir. L’abandon à répétition.

Ils sont vampires et délirants tous les deux. Ils projettent sur nous ce qu’ils ne veulent pas voir en eux. Mais malgré tout ça, je m’inquiète. Je m’inquiète car je constate (et je ne suis pas la seule) que ma mère délire de plus en plus. Elle voit le mal partout, se créé des scénarios complètement hors réalité, et les gens la rejette, ou la fuit. Elle n’a pas d’amis, et parfois il m’arrive encore de culpabiliser de la rejeter également. Et pourtant je vais tellement mieux quand je ne me soucie que de mon bien-être. Mon père a vécu la même chose, il est seul et en prison. Et il délire…J’ai peur qu’ils se suicident. J’ai peur d’être responsable de ça. Mon jeune frère ne culpabilise pas. Il fait sa vie, construit sa famille, sans se soucier des parents et de leurs problèmes. Je me demande pourquoi je n’arrive pas à en faire autant…et je sais que mes parents l’ont toujours protégé mon petit frère et quelque part je suis en colère de ne pas avoir eu cette protection.

J’ai 30 ans, je n’ai pas d’enfants, j’ai même subi un avortement il y a quelques années, car je ne me sentais pas capable d’être mère à mon tour. Et surtout, je ne m’autorisais pas ce droit. Je suis née à la même date de naissance que ma grand-mère maternelle, qui n’a jamais su s’occuper de ma mère, car elle est dépressive. Je sens que le poids que je porte, être la mère de ma mère, est un trop lourd fardeau pour moi. Celui qui m’empêche de vivre ma vie de femme. J’ai réussi mes études, ma vie professionnelle, j’ai des amis fidèles, mais j’ai toujours eu des difficultés à m’épanouir dans les relations affectives.

Pensez-vous que par loyauté envers mes parents il est possible que je m’empêche encore d’être heureuse?
Merci pour votre site. Merci pour vos livres. Ils m’ont ouverts les yeux.

Réponse de Brigitte:

C’est parce que vous n’êtes pas loyale envers la petite fille abandonnée par ses parents à sa naissance et totalement négligée par la suite que vous ne pouvez pas vivre votre bonheur. En restant du côté de ceux qui vous ont outrageusement abîmée, vous tournez le dos à cette petite fille de jadis victime du sort de ses parents et vous ne pouvez la délivrer de sa tourmente. Quand vous vous autoriserez à ressentir la colère de n’avoir jamais été protégée, vous ne vous sentirez plus RESPONSABLE du destin de vos parents qui sont libres de faire de leur vie ce que bon leur semble, même si c’est le suicide.
Tout comme vous êtes libre de « sacrifier » votre vie au service de leurs démences où VIVRE enfin ce bonheur dont vous rêvez et que vous méritez vraiment. BO