Dualité entre corps et âme
Tuesday 13 September 2005
Chère Madame,
qu’on soit d’accord ou non sur la possibilité du pardon, il reste que cela ne concerne que le coeur, la raison et l’âme. Le corps, lui, marqué par les violences physiques sexuelles garde en mémoire tout de ce qui a traumatisé tout l’être. On m’a conseillé votre livre, j’espère y trouver prochainement des aides à la compréhension.
Comment aider mon corps à pardonner? comment ne plus le considérer comme un “outil” indépendant et pouvoir partager avec lui les joies redevenues possibles de l’amour et l’affection ? comment éviter les terribles “flashbacks” qui le poussent à se figer d’effroi à la simple évocation ou en situation de contact physique ? comment tranquiliser ce petit corps meurtri qui a grandi en ignorant ces horreurs pour s’en protéger, mais qui ne peut empêcher qu’elles le rattrappent violemment ? mon âme se sent en paix…mon corps le sera t’il jamais ? comment me le réapproprier ?
merci
V.
PS : ma lettre n’est pas confidentielle et est utilisable par vous comme il vous conviendra.
A.M. : Le corps ne se laisse pas manipuler, ni par la morale, ni par la religion, ni même par les médicaments, au moins pas à la longue. Il est le gardien de notre vérité et il insiste que nous la respectons. Lisez mon dernier livre : « Notre corps ne ment jamais ».
Réponse de Brigitte: C’est quand on sait écouter les réactions de son corps face aux situations du quotidien, que l’on peut “rendre visite” à cet enfant que nous avons été afin qu’il nous raconte ce qu’il s’est passé jadis.
Le corps nous fait un grand cadeau en nous offrant la réalité de notre vécu sans faux semblant, alors nous avons deux possibilités pour l’accueillir, qui se trouve justement dans “L’histoire du pardon”.
– Je l’accepte et je sens cette douloureuse réalité qui me permet d’ouvrir mes yeux sur qui étaient réellement mes parents et dans ce cas je peux être libre de vivre mes émotions et de me retrouver telle que je suis.
– Je ne peux ou ne veux l’accepter et je continue à nier la réalité de mon histoire, à tourner le dos à l’enfant que j’ai été en le laissant prisonnier de son enfer.
Nous ne pouvons pas marchander avec le corps, c’est notre capital vie, en lui demandant de pardonner nous ne lui donnons aucun sens, il ne comprend pas ce langage, il ne peut le vivre que comme une trahison. Il peut nous offrir la liberté qu’au prix de reconnaître la vérité, sans l’édulcorer ou la minimiser.
Le corps sera en paix quand l’âme et le coeur lui tiendront la main, quand ils ne seront plus en dualité.
Cordialement.
BO