Je me mets en colère contre mes enfants

Je me mets en colère contre mes enfants
Tuesday 04 December 2007

Bonjour,

J’ai pris votre livre à la médiatèque, par hasard et vous remercie de l’avoir écrit. En regardant le résumé arrière j’ai pu lire : “nous pouvons ne pas aimer ses parents”. Et là, révélation, ce bouquin était pour moi.
Nous l’avons lu, mon mari et moi, et cela nous a conforté dans le fait que nous n’étions pas des monstres à avoir l’un et l’autre coupé les ponts, moi avec mes parents, et mon mari avec son père.
Nos histoires pourtant sont différentes. Lui, enfant non désiré par son père. Rejeté, dénigré. Moi, violée vers l’age de 5 ans par le fils de ma nourrice et passé sous silence. violée, non dépucelée. aux yeux de ma mère, ce que j’ai subit n’était donc pas un viol. Il était temps que je réagisse. Il m’a quand même fallut du temps et la naissance de mes deux enfants pour avoir le courage, car c’est du courage, de bouler mes parents. A la naissance de mon fils, premier malaise. Après discussion avec mon mari, je suis allée dans un centre psychologique pour enfants et adultes. J’ai été reçu par un médecin et une infirmière, deux, trois fois. Ils m’ont fait un bien immense et ont commencé à me parler de ma relation avec ma mère. J’ai donc cessé mes rendez-vous. Je savais que si je rentrais là dedans je devrais réagir et je savais que face à ma mère, ses colères, regards méprisants, je deviendrais liquide et ne ferais rien. C’était comme cela. Nous avons tout de même discuté mon mari, mes parents et moi de mes soucis psychologiques. Ils m’ont conseillé de consulter. Trois ans passent, naissance de ma fille. 9 mois après, celle-ci devient irritable, colérique, pleine d’eczéma. Elle n’est pas bien et moi non plus. Médecin, homéopathe, dermato, … osthéopathe. C’était une jeune femme, elle pose ses mains sur le crane de mon bébé et me dit : “votre enfant a des colères qui ne sont pas les siennes, savez-vous si dans votre famille proche quelqu’un à subit un viol ou assisté à un meutre ?” : – douche froide.
J’étais très mal, j’avais transmis à ma fille toute ma haine et ma colère et ce petit bout de bonne femme se battait avec tout ça.
J’ai eu la chance d’être entourée de médecins compétants.
Après reflexion et observation de mon comportement et de celui de mes enfants (avec l’aide de mon conjoint) il m’est apparu évident que le mal que je ressentais ne passerait pas tant que j’aurais des contacts avec ma mère. J’étais aussi certaine qu’elle ne se remettrait jamais en question. Le plus difficile pour moi à été de rompre avec le risque de perdre mon frère, ma tante et mes cousins tant aimés. (nul n’était au courant de mon histoire). Mon père vivant à côté de sa soeur, je ne souhaitais pas, moi, rompre le silence qu’il m’avait imposé. C’était il y a trois ans.
Aujourd’hui, ma famille et mes amis sont au courant et me soutiennent dans les moments difficiles. Et je n’ai perdu que mon frère. Sa femme n’accepte pas de devoir gérer seule mes parents. Mais là c’est une autre histoire.
J’ai un poids en moins sur le ventre depuis ce jour. Mais à la lecture de vos ouvrages j’en ai un autre qui s’est installé. Suis une bonne mère pour eux. Oui et non. Je me mets souvent en colère, j’en suis malade derrière. J’ai l’impression d’avoir ma mère en face de moi. Une différence tout de même, je ne lève pas la main sur eux. Trops de mauvais souvenirs d’humiliation. Mais je sens qu’il y a encore quelque chose qui cloche, des traces au plus profond de moi qui m’ont fait du mal et qui me feront du mal encore longtemps; Peut-être, tout le temps. J’avais envisagé de faire une séance d’hypnose pour faire sortir ce qui ne va pas. Je suis systématiquement malade en septembre-octobre (névralgie faciale, allergie, virus en tout genre…). Et il me faut 6 mois pour m’en remettre. durant cette phase de grande fatigue je ne suis pas cool avec mes enfants. Qu’en pensez-vous ?

Bon je vous laisse et vous remercie d’avoir pris le temps de me lire. C’est l’heure d’aller chercher mes piou-pious à l’école.

Réponse de Brigitte:

Si vous êtes “malade” de vos colères contre vos enfants, ce n’est sans doute pas de la colère mais de la violence, en tout cas un comportement qui leur fait peur et là vous avez en effet tout intérêt à le prendre au sérieux. Apparemment vous avez déjà fait un bon bout de chemin en vous convaincant que vous n’étiez pas un monstre de ne pas aimer ceux qui vous ont fait si horriblement souffrir. Maintenant vous êtes libre de sentir toute la rage contre celle qui vous a méprisé, liquéfié de terreur et laissé à la merci d’un malade sexuel. Aujourd’hui vous ne craignez plus rien d’aller voir un bon thérapeute qui n’aura pas peur d’entendre votre douloureuse histoire et qui vous permettra de sentir toutes vos émotions que vous avez refoulées jadis et qui se déposent maintenant sur vos petits innocents. A mon avis l’hypnose n’apportera pas de solution à votre problème. Vous voulez vous débarrasser de votre colère au lieu de comprendre d’où elle vient, et cela n’est pas possible.
Vous avez eu beaucoup de courage pour en arriver jusque là et je suis sûre que vous pouvez en finir maintenant avec cette violence qui vous tient toujours liée à votre mère. BO