Oui, c’est possible!
Saturday 02 June 2007
Bonjour,
J’ai 52 ans et je suis toujours cette petite fille terrorisée par ses parents.J’ai fait des études de médecine mais je n’ai jamais réussi à exxercer, qui suis-je pour prétendre à de telles résponsabilités? J’ai suivi une thérapie pendant quelques années dans la honte aussi bien pendant les séances que vis à vis des gens qui m’entourent et parallelement j’ai eu surtout la chance de lire vos ouvrages traitant de la maltraitance des enfants. Ma thérapeute a commis la maladresse d’expliquer le comportement de mes parents par leur passé, ce qui revenait à mes yeux, à les excuser et dans ce cas mes plaintes n’avaient aucunes raison d’être, moi qui me trouvais déjà monstrueuse de les accuser. J’ai fini par mettre fin à ma thérapie et j’ai continué mes lectures. J’ai un peu moins d’angoisse ,j’ai un peu moins peur des autres, je rase moins les murs, mais depuis trois ans j’ai une polyarthrite rhumatoide (maladie qu’avait mon pére et qui est une des raisons de son décés il y deux ans) et je suis toujours terriblement épuisée. En fait je pense souvent à la mort, mais j’ai encore l’espoir de m’en sortir et je veux savoir ce que ça fait de se sentir libre et enfin tout à fait soi. Est-ce que cela est possible pour moi ? Que faudra t-il que je fasse pour ça?
Merci de me répondre.
M.
AM: Bien sûr qu’il est possible de sortir de votre prison intérieure. Vous avez raison de penser que votre “thérapeute” vous a endommagé encore plus, il ne faut plus fréquenter des gens comme elle. Votre corps vous signale la douleur psychique dont vous avez souffert enfant et que vous semblez nier encore. Il est compréhensible que vous avez peur de voir la vérité parce que l’enfant était en danger, mais vous ne l’êtes plus. Dès que vous assistez l’enfant maltraité que vous étiez, les douleurs vont s’arrêter et vous gagnerez la liberté que vous méritez..
Réponse de Brigitte:
Vous avez raison, la décision d’entreprendre une thérapie n’est pas chose facile et ce sentiment de honte et de culpabilité que vous avez ressenti est commun à de nombreuses personnes. Le fait de dénoncer les actes de nos parents pour en sentir ensuite la souffrance infligée à l’enfant, alors que nous avons usé de toutes nos ressources pour les refouler depuis des années pour y survivre, demande beaucoup de courage. L’accompagnement du thérapeute ne doit avoir qu’un seul but, chercher avec vous les sortes d’abus que vous avez pu subir pour sortir enfin de la confusion dans laquelle vous êtes plongée. C’est l’éruption des émotions que vous avez dû réprimer depuis si longtemps qui permettent cette liberté et cette énergie de vivre que vous recherchez.
En comprenant le passé de nos parents, on ne peut pas avoir accès à la rage d’avoir été ainsi traité et de cette façon on reste prisonnier de notre enfance, épuisé et déprimé. Vous avez déjà fait un grand parcours en sortant de l’aveuglement, en vous autorisant la rage contre tout ce qu’ils vous ont fait et ce à chaque fois que vous la ressentez, vos douleurs s’apaiseront pour disparaître définitivement. BO