C’est très difficile de croire ce que nous avons subi

C’est très difficile de croire ce que nous avons subi
Thursday 07 February 2008

Bonjour Brigitte, Bonjour Alice,

Je suis contente de vous écrire ce mail aujourd’hui et pourtant je passe par des sacrés cris de mon corps actuellement.
Mais par dessus tout je suis heureuse d’avancer, j’en ai les larmes aux yeux de le réaliser et de vous l’écrire.
Je vous ai écris à plusieurs reprises et vos réponses, bien que pas toujours compréhensibles du premier coup pour moi, le sont beaucoup davantage aujourd’hui et m’ont épaulée jusque là.
Bien des choses se sont passées en 7 mois de thérapie et c’est étrange comme malgré les horreurs que je savais avoir subies par ma famille enfant et adolescente, je ne ressentais pas de cris de mon corps. Il y avait tout de même ces terreurs nocturnes, ma tachicardie et mes inflammations dans les jambes mais j’avais toujours vécu comme ça et surtout j’avais des traitements de longue date qui avaient endormis ma conscience…
Puis depuis 15 jours c’est tout qui se réveille en moi : spasmes intestinaux, diarrhée aigues, nausées qui vont de l’estomac à la bouche, spasmes de la vessie et infections urinaires successives, mes jambes sont comme du coton, je me demande parfois si je vais pouvoir tenir debout, moi qui étais si loin de mes ressentis…Je pouvais tout endurer physiquement.
Mon médecin est d’accord avec le fait que c’est tout ce que remue la thérapie qui entraîne mes douleurs et que c’est moi qui sait is c’est psychologique et donc fonctionnel ou une maladie incurable…ilL m’a donné un traitement tout de même pour alléger mes symptômes mais au bout de 5 jours, rien n’y fait. C’est incroyable. Comment Mon corps m’appelle à l’aide, car je l’interprète comme ça, combien il souhaite que je vois la vérité.
Ces symptômes ont commencé suite à la constatation avec ma psy que de nombreux faits attestent que j’ai été abusée petite. Mon père est lié à ces abus. Je ne me souvenais de RIEN du tout mais j’ai pu parler spontanémment à ma psy qui prends tout ce que je dis et ressens au sérieux…ça aide.
Petite, vers 6 ans et 8 ans, j’étais obsédée par l’idée de déranger les bébés dans leur sommeil : en vacances, dès que j’ai su qu’un bébé dormait seul dans la chambre, je n’avais plus qu’une idée en tête, aller le voir. C’est très dur pour moi de vous confier cela mais votre avis ne peut être éclairé que si je vous éclaire le mieux que je peux et surtout que ma psy m’a précisé que c’était pas pour rien que j’avais fait ça. Moi je me croyais “dérangée” sexuellement, Mon père Le répètait souvent, Il disait que j’excitais les animaux et les hommes. Mon dieu, quelle HORREUR, je ne me sentais pas comme ça mais je l’ai cru. Il me connaissait mieux que je me connaissais, moi qui n’avait aucun repère…
Ce petit bébé dans son lit, je l’ai réveillé et dérangé jusqu’à temps qu’il pleure. Une fois bien réveillé et en détresse, je suis partie. Quelle horreur…quelle culpabilité, allégée tout de même depuis que j’ai osé en parler avec ma psy et qu’elle m’a confirmé que j’avais très certainement répèté ce qu’on m’avait fait. OUPS, l’horreur. Je ne me sentais pas méchante ni perverse mais mon père lui l’était certainement, je le sais aujourd’hui.. Il a passé son temps à m’écraser comme une “merde” et à me décrédibiliser aux yeux des autres. J’évitais de parler, de bouger, comme je l’ai fait depuis toute petite. Je suis née sans pleurer, j’ai moins pleuré que les autres enfants et ma mère s’est toujours étonnée, émerveillée, que j’avais été un enfant si sage, qui pouvait restée assise sur 1 petit ban à l’âge d’1 an pendant 1 journée entière le temps qui’ls déménagent les meubles. Pourtant, à 4 mois, j’avais de la fièvre et ma mère m’avait laissé à mon père qui n’a pas pu trouver mieux que de me taper les fesses (aux dires de ma mère). Oh Mon dieu! Mais comment a-t-il pu faire ça? Et c’est tout ce qu’il a rapporté à ma mère…et Le reste? Mon corps le sait donc je le saurais.
Un jour que j’avais 6 ans, un ami de mon père m’a prise dans ses bras, sans que je le souhaite mais tout le monde s’en fichait, je n’ai pas osé le dire (comme d’habitude) et j’ai ressenti un dégoût profond que je n’ai pas identifé pendant des années jusqu’à temps d’en parler avec ma psy. Ce dégoût était accompagné du frottement de mon pantalon sur mon clitoris. C’était horrible, ça m’a poursuivi longtemps, toute seule dans mon coin avec ce ressenti. J’ai cru que c’était moi qui avait un problème, mes parents me le renvoyaient tellement.
D’autres choses dans mes ressentis comme l’impossibilité de m’approcher de mon père sans être dégoûtée (je pensais que c’était lié aux coups et mauvais traitements verbaux) et un événement datant de septembre me font avancer dans cette horreur. Lorsque je suis dans la voiture avec lui, qu’il soit seul ou qu’il y ait ma mère et mon frère, Mon vagin se contracte violemment, à un point que je suffoque horriblement. Je croyais que c’était moi qui avait un problème, celui d’être attirée sexuellement par mon père. Il avait bien réussi son entreprise de destruction hein?
C’est d’ailleurs dans la voiture, Le jour de nos retrouvailles à l’aéroport (mes parents vivent à l’étranger) , dans la voiture, que ma pensée m’a échappée. Je souhaitais lui dire seul à seul afin d’obtenir le plus de vérité possible mais plus fort que moi, j’ai dit :”quelqu’un de la famille m’a touchée, je pense que c’est Michel (Mon oncle) mais je suis pas sûre; je saurais qui c’est de toute façon” et bizarrement je regardais les réactions de Mon père, sans doute par peur de sa réaction, j’ai eu très peur qu’il ne me croit pas. Ses mains sur le volant ont paniqué et il regardait en coin ma mère, assise à côté de lui et il a ajouté : “quand même, il aurait pas fait ça; il en a fait des saloperies, mais pas ça”. VOILA, tout ce dont mes parents sont capables de dire et donc ce que je pouvais attendre d’eux petite : j’abusais, j’exagèrais. Je raconte n’importe quoi. Je suis tellement bête, bancale, anormale. Argh!
Revenue de ce voyage, je disais à ma psy qu’ils avaient eu “le dessus sur moi”. Depuis, IL y a eu des échanges, certains que je vous ai rapporté et j’ai coupé les ponts avec eux.
Je leur ai dit ce que je pensais par écrit et leurs réponses ont confirmé la place qu’ils me donnent et Le mail de mon père était écoeurant. Merci Brigitte de m’avoir montré du doigt la manipulation qu’il a effectué, comme toujours, avec moi. Depuis j’ai compris d’autres choses de ce mail.
La vérité sur ce qu’ils m’ont infligé est si dure à réaliser surtout à cause de la culpabilité de leur faire ça, la peur de ne plus avoir de parents et surtout la PITIE, mais que EUX n’ont pas eu pour moi. C’est ça qui me permet d’avancer : l’absence de pitié qu’ils ont eu pour moi malgré toutes leurs maltraitances. C’en est fini maintenant. Je dois ouvrir les yeux et liasser la place à l’ex petite fille que j’ai été. Personne ne lui a donné.
Bien sûr, IL existe toujours en moi la difficulté à avaler ça mais le temps va participer à ma guérison.
Pour en revenir à mes ressentis sexuels toute petite avec notamment la peur de l’effraction de Mon père dans la salle de bain, la difficulté à ce qu’il soit près de moi, je pensais que c’était lié aux coups…mais la vérité émerge avec l’aide ma psychothérapeute : un enfant qui n’a pas été abusé ne ressent pas tout ça et ne cherche pas de façon obsédée à déranger les petits, à vouloir toucher leur sexe et à chercher à leur provoquer du désarroi.
C’est horrible, tellement horrible.
Puis quand ma psy m’a dit : “vous avez été abusée”après plusieurs séances où j’en parlais sans pouvoir me le dire, j’ai eu Des troubles d’une énorme intensité. IL y a eu mes jambes , qui étaient comme du coton en permanence, comme si j’allais tomber, des maux de tête, Des spasmes intestinaux et de la vessie comme jamais j’ai eu et une infection vaginale…j’en avais toute petite des infections vaginales, vers 6 ans et ensuite à répétition, parfois espacées de plusieurs mois, parfois très rapprochées. D’ailleurs, la méthode de guérison était l’introduction du bout d’une petite poire contenant le médicament…Une fois ma mère me l’a fait, ça l’a gênée je suppose alors elle m’a dit de le faire moi-même…très pratique…
C’est elle qui ‘a parlé de ça en septembre dernier, je n’y avais pas pensé à ses mycoses et elle m’a dit, de façon inquiète, que la 1ère avait été à l’âge de 6 ans quand elle était partie étudier loin de la maison. Ma soeur et moi étions alors confiées à une nourrice et sa famille.
Aujourdh’ui je me dis que c’est peut être la peur de devoir me retrouver seule avec Mon père et ma soeur à ce moment là..
Je reviens à aujourdh’ui : après 10 jours de ces symptômes avec des diarrhées aigues qui ne s’arrêtent pas, je file à l’hôpital dimanche dernier car j’avais des brulures à la vessie impossibles à supporter. J’ai des spasmes à la vessie d’une intensité et de façon répétée depuis 15 jours maintenant et toujours ces spasmes intestinaux. A l’hôpital, peur panique d’être oscultée gynécologiquement aux dires de l’infirmère qui me reçoit, je réalise Le mal que j’ai subi ..par mon père, cette fois je me le dis enfin et je laisse aller mes larmes, je suis alors si triste. J’échappe à l’oscultation gynécologique et je sors : là, je me dis, IL va falloir que je sache la vérité. Mon corps m’appelle, je dois l’écouter. La peur de la vérité était si présente jusqu’alors. La nuit qui a suivi, j’ai rêvé que j’insultais mon père et ma soeur (jamais fait en réalité à ma connaissance pour le moment…), on était tous les 3 dans la voiture, Mon père et ma soeur à l’avant, moi sur la banquette arrière et j’ai dit :” vous êtes mauvais, méchants, sadiques et PERVERS”, j’ai insisté sur ce mot et Mon père s’est retourné en me jettant son regard Le plus noir qui m’éffrayait tant”, qui voulait dire “tu vas mourrir”, puis d’un seul coup, je me retrouve seule avec lui, je suis toujours sur la banquette arrière et il rampe vers moi. Au début, je crois que c’est pour me punir mais non, je sens que ce n’est pas une punition. J’ai peur, très peur, je dis “qu’est ce qu’il fait, qu’est ce qu’il fait?”, certainement à moi-même, et j’essaie de partir mais je suis coincée derrière moi par la porte de la voiture, je n’ose pas me retourner pour tenter d’ouvrir la porte, je me demande vraiment ce qu’il va faire, je ne comprends pas : son rythme est lent en venant vers moi, à l’opposé de ses comportements habituels. Et je me souviens avoir senti ses bras mous et peut-être son torse mou aussi, je me rappelle très bien de ce mou et du toucher de ma main à plat sur ses épaules et ensuite je suis coincée, ça dure longtemps, trop longtemps sans que je comprenne ce qui se passe.
Je n’ai pas pu l’inventer!!!?même si j’avais fait Le lien avec mon vagin qui se contractait dans la voiture en septembre dernier quand IL était dans la voiture et donc que la voiture pourrait être Le lieu d’un abus sexuel de sa part, je n’aurais pas pu inventer ces ressentis dans mon rêve, n’est ce pas?
Je suis arrivée chez ma psy bien heureuse de lui rapporter ça, sachant qu’elle m’écouterait et me disant que j’avais franchi une étape de ce cap tant redouté; Mon corps tremblait de tout son long, pendant plusieurs heures ce jour là, lundi dernier.
J’étais sous Le choc.
Aujourdh’ui, je vous écris car je crois avoir besoin de votre Avis qui pourra bien faire auss écho en moi et me permettre d’avancer.
Je vous en remercie très sincèrement à l’avance. C’est si incroyable pour moi : AUCUN souvenir conscient n’est présent!

Merci beaucoup à vous 2.

Réponse de Brigitte:
Vous avez encore tellement de mal à CROIRE que votre père a abusé de vous sexuellement que les révélations de votre corps et la conviction de votre thérapeute ne vous suffisent pas, il faut que je vous le dise aussi. Comment peut on s’imaginer qu’un père puisse être aussi malade que ça? C’est vrai que c’est difficile à croire mais c’est la VÉRITÉ, même votre rêve vous le raconte, vous voyez très bien qui ils sont et vous osez leur dire, cette vérité vous vaut le prix de son corps sur le votre avec une intention sexuelle puisqu’il ne semble pas vouloir vous frapper. Votre courage vous mènera vers votre liberté, bravo à vous. BO