Réponse de JGB

Réponse de JGB
Monday 17 October 2005

Bonsoir

Comment ai-je échappé à ce blocage ?

Je pense que plusieurs éléments sont intervenus, les voici de façon succinctes :

– Les souffrances vécues enfants étaient telles que je ne pouvais pas les ignorer. D’autant plus qu’elles sont reconnues comme maltraitance par la société.

– La thérapie m’a aidé, mais j’ai cherché longtemps avant de trouver une aide satisfaisante. Souvent les thérapeutes m’invitaient à enfouir encore plus les souffrances subies.

– La colère enfant et la dépression adulte.

– La peinture « libre » et la danse « libre »

Je pense que la thérapie m’a aidé à voir ma vérité. En même temps beaucoup de thérapeutes m’ont proposé des voies de négation des souffrances subies. Pourtant les souffrances que j’ai vécu enfant sont reconnues par la société comme étant « négatives ».

*A l’âge de 8 ans j’ai surpris mon père en train de faire l’amour avec une jeune femme. Elle était invitée avec son compagnon pour dîner. Face à ma réaction de colère et de désespoir j’ai été envoyé chez le couple en question sous prétexte que le couple avait l’habitude de s’occuper d’enfants. Mes parents et l’homme du couple m’ont aussi expliqué que la sexualité était libre et chacun pouvait la partager comme il voulait. Je suis resté quelques jours chez ce couple. Je ne suis pas allé à l’école et ma mère a expliqué que j’étais nerveux et que j’allais chez quelqu’un pour être aidé. Ce fut donc un moyen de me faire taire. J’ai donc vécu une injonction que je résume de la façon suivante « mon père n’a pas fait d’erreur en me laissant voir ses ébats amoureux, c’est moi qui n’ais pas une réaction normale en ayant de la colère et du désespoir ».

* Pour aller plus loin dans les semaines qui ont suivi mes parents ont fait l’amour devant moi et ma sœur. « Pour nous montrer et nous expliquer ». Sur le moment je n’ai rien montré, mais j’ai vécu la situation avec beaucoup d’angoisse et de peur.

* Vers l’âge de 12 à 13 ans, j’ai subi des attouchements de la part d’un homme d’une cinquantaine d’année.

* Enfin à 18 ans j’ai une dispute contre mon père. Celui-ci m’a couru après, je me suis enfermé dans ma chambre, il a défoncé la porte et à commencé me frapper à la tête. Je l’ai arrêté en lui disant : vas-y ! Tue moi ! ».

* A côté de cela il y a d’autres aspects de l’éducation moins visibles mais tout autant « confusant ».

La thérapie m’a aidé à aller mieux. Pourtant les premiers thérapeutes que j’ai vus, ont pour certains, contribués à enfouir encore plus profond toutes mes souffrances. En particulier les « thérapies » qui proposaient de faire un travail sur le pardon. En fait, lorsque j’arrivais à parler des abus, ce qui a été long, car j’avais honte de ce que j’avais vécu, les thérapeutes ne relevaient pas ce que je disais. Finalement ma thérapeute actuelle m’a simplement fait remarquer que ce j’avais vécu enfant dans les situations d’abus, avait un lien avec mes difficultés de couple.

* Une partie du cheminement a d’abord été de mettre à jour le secret. J’ai écris à mes parents. Mon père et ma mère se sont comportaient de façon correcte. Ils ont pleinement reconnu les faits et ont demandé de quelles façons ils pouvaient me venir en aide. L’homme abuseur lorsque je l’ai confronté a minimisé les faits et m’a demandé pardon. Comme je sais qu’il a été et peut-être en contact avec des enfants j’ai porté plainte. Je n’ai pas souhaité faire de procès pour demander des dommages et intérêts. En revanche je suis allé chez lui et je lui ai exprimé ma colère en pleine rue.

* J’ai suivi des groupes de thérapie où les émotions avaient toutes leurs place. J’ai continué en me formant à la thérapie.

* Je poursuis la thérapie individuelle. J’y apprends beaucoup et je continue à éclairer et à rendre mon présent plus vivant à la lueur des blessures d’enfant.

* Durant ces dernières années j’ai beaucoup peint. Je ne supporte pas les cours de peinture. J’ai donc peint pour moi, pour mettre au dehors ces images et ses sensations pénibles. J’ai utilisé tous les supports que je trouvais, de quelques centimètres à plusieurs mètres.

* Dans la formation j’ai aussi (re)découvert le plaisir de bouger, de se laisser aller. Comme pour la peinture, danser librement est devenu pour moi une source d’énergie.

* Enfant j’ai été très en colère. J’étais l’enfant « colérique ». En réalité ma colère masquait le désespoir, l’angoisse et la tristesse de l’enfant que j’étais qui n’avait plus confiance dans ses parents. Vers mes l’âge de 28 ans la dépression a pris le relais de la colère.

S’il est évident pour moi que la violence faite aux enfants entraîne la violence de demain, c’est parce que j’ai cheminé avec la thérapie. En formation de thérapie j’ai vu aussi combien certaines personnes protégeaient leurs parents ou les excusaient, s’enfermant alors dans des souffrances inutiles. C’est pour cela parce que c’est quelque chose de clair et d’évident en moi que j’en parle dans mes cours d’hsitoire-géo.

Voilà. J’espère que ma réponse ou mes réponses ne sont pas trop longues… pourtant j’ai essayé d’être concis. Je partage vos idées et vos livres avec mon entourage et pour beaucoup c’est une source de compréhension, une direction à prendre pour se faire aider.

Merci.

JGB.