Je dois avoir une force colossale pour tourner la page

Je dois avoir une force colossale pour tourner la page
Monday 17 November 2008

Bonsoir,

je me permets de vous écrire car vos livres ont suscité beaucoup de réactions en moi.
Je les ai trouvé moi même, je ne vous connaissais pas avant de lire vos livres, donc je n’avais pas d’avis en bien ou en mal sur vos écrits.
J’ai corné les pages, souligné les phrases qui m’ont parlées.
Vos livres sonnent juste et m’aident beaucoup.

Je souffre beaucoup en ce moment, c’est très dur. Je suis proche de la cinquantaine et je me rappelle de mon enfance depuis peu.
J’ai réalisé que mon père m’a violée à plusieurs reprises, par la bouche et l’anus, de 4 à 8ans.
J’ai eu des déchirures anales, ma mère m’a enmené voir le médecin…Je me rappèllerai toujours le médecin disant « pauvre petite »…..Mais personne n’a réalisé ce que j’avais….Une grosse constipation….Je n’arrive pas à me remettre de la douleur morale de ses viols.

Mon père m’a prénommé comme sa soeur ainée qui est morte en couche deux ans avant ma naissance. Il y avait un lien byzarre entre eux. D’ailleurs, le bébé mort dans l’accouchement devait se prénommer comme lui. Pour la remercier après sa mort, il m’a prénommé comme elle. Toute mon enfance, j’ai vécu dans l’ombre d’une morte et d’un bébé mort « noyé dans le sans de sa mère » dixit mon père.

Mon père est très mal. je lui ai écrit pour lui dire que je me rappelais car je ne supporte plus qu’il me téléphone comme si ne rien n’était. Il a très mal pris la chose et a fait lire la lettre à ma mère en disant à tous que c’est mon psy qui m’a fait trompé et que je devrais changer.

Mon frère et ma soeur ne veulent plus me voir et ma mère ne donne plus de nouvelles. Pour eux je suis un bouc émissaire (pour mon frère et ma soeur).

Je dois avoir une force colossale pour tourner la page mais je n’y arrive pas parce que je me sens trop humiliée par ce que m’a fait mon père.
J’ai toujours envie de pleurer au fond de moi. Parfois je me sens mieux et je me « touche » mentalement. Alors là c’est le paradis.

Quand j’étais petite, j’ai cru que mon père voulais me faire un bébé pour remplacer la petite fille qui devait porter son nom. Je ne supporte pas que l’on me touche le ventre, il est gros et enflé comme si j’étais enceinte. Ma thyroïde s’est arrêtée comme si mon corps ne voulait plus vivre. Chaque jour, quand je prends ma petite pilule, je fais le choix de vivre.

Voilà, je vous livre en vrac des années d’analyse.

Je voulais vous dire que vos livres m’ont aidé à me détacher de mon père en comprenant qu’il ne m’avait jamais aimé. En effet, il est joue sur la pitié des gens et est très fort pour faire culpabiliser. Mais c’est fini. Non seulement je ne veut plus le voir, mais je ne supporte même plus sa voix au téléphone. Il sait maintenant que je me rappelle. pour moi c’était la moindre des choses.
Merci de m’avoir lue et merci d’avoir écrit ces livres si clairs, honnêtes et bienfaisants…..

Je ne peux pas donner mon véritable nom. Excusez moi pour cela. Mais vous pouvez me répondre à cette adresse si vous le souhaitez.

Réponse de Brigitte:

Le corps ne peut pas tourner la page sur un tel crime, gardez vos forces pour ne pas tomber dans la pitié ou la culpabilité de cet odieux personnage et vos symptômes s’en porteront que mieux. La rage vous aidera à garder votre liberté que vous avez si courageusement affronter. A chaque fois que cela sera nécessaire pour vous, vous pouvez lui écrire pour lui demander d’avouer son ignoble crime et s’il vous appelle encore au téléphone, restez cantonner à cette question sinon permettez-vous de raccrocher. Bravo pour être sortie enfin de ce silence si angoissant. BO