La détresse de découvrir que l’on a été maltraité (Suite)

La détresse de découvrir que l’on a été maltraité (Suite)
Monday 21 April 2008

Bjr Mme BRIGITTE,

Merci pour votre réponse… je crois que, malgrés ce que j’ai dis, il faudra tout de même que j’aille voir un professionnel.

J’ai toutefois encore des questions (je trouve que vous répondez bien mieux que les ‘psy’) :

– 1) mis à part certains symptômes (je me suis assez documenté sur le sujet), je ne ressemble pas à un enfant maltraité. Par exemple, j’ai eu la malchance de tomber sur un employeur tyrannique d’un certain âge. J’ai appris plus tard qu’il avait été maltraité par ses parents (pour ma part, je n’en avais pas encore conscience pour moi-même).J’ai tenu le coup durant 4 ans puis, avec quelques collègues nous avons crée un comité d’entreprise, enfin, nous nous sommes syndiqués (chacun dans un autre syndicat afin de bénéficier de la protection de l’état). Quand je dis tyran, c’était vraiment un tyran. nous avons eu un cas de suicide et certains voulaient déployer une banderolle sur la route “Arbeit macht frei” (“le travail rend libre”, formule qui se trouvait à l’entrée du camp d’Auchwitz – nous sommes en Alsace, donc très marqué par ce qui s’est passé pendant la guerre !) voulant dire que cette entreprise relevait plus du camps de concentration que d’une entreprise (ce qui était le cas !)

Comment expliquer que je me battais pour préserver le droit des autres (on aurait volontier compris le contraire) alors que je suis moi-même “diminué” ? (ce cas n’est pas isolé dans ma vie puisque tout le monde vient se confier à moi, je ramène encore des animaux blessés à la maison pour les soigner – j’ai 42 ans ! – je donne de l’argent à Greenpeace et WWF pour les grands singes, les balaines… mais aussi les hérissons, les abeilles…je ne me moque jamais des petits, des gros et de toutes ces personnes dont les gens se moquent pour se sentir plus grand)

Normalement, mon ex-patron ressemble effectivement à un enfant maltraité. Pourquoi ne suis-je pas devenu un tyran sanguinaire ? (bon… c’est un peu exagéré, mais vous comprenez ce que je veux dire)

– 2) je ressens beaucoup de haine envers les gens et je me méfie de l’extérieur. j’évite de sortir et je ne me sens bien qu’à l’intérieur de chez moi. (on pourrait parler d’une sorte de paranoïa). Ce sentiments est très récent et très fort. je déteste vraiment les gens (surtout les anonymes). Pourquoi ce changement ? d’abord je défends “la veuve et l’orphelin”, ensuite j’éprouve de la haine (sans fondement, d’ailleurs) pour ces mêmes personnes.

– 3) Comme je vous l’avais dit, j’ai été maltraité par plusieurs personnes, dont ma mère. j’ai éprouvé très distinctement de la haine envers ces personnes (sauf pour ma mère). Pensez-vous que je canalise ma haine sur “les gens” pour avoir à éviter de le faire sur ma mère ? (lorsqu’elle ne me maltraitait pas elle avait le coeur sur la main et était une mère très gentille). Je peux comprendre les motivations de ma mère car elle a elle-même été maltraitée (autrement plus intensemment que moi, d’ailleurs), a été mariée de force, et a divorçé en des temps où l’on ne divorçait pas. (elle s’est d’ailleurs pris une raclée le jour où elle a annonçée à ses parents qu’elle voulait divorçer car on la maltraitait dans la belle famille – elle et son fils).

C’est un peu long et je me rends bien compte que les questions que je pose necessitent bien plus qu’une petite lecture…mais un début de réponse me satisfera entièrement.
Merci
Slts.

Réponse de Brigitte:

Vous vous posez exactement les bonnes questions et vous êtes même pertinent dans votre résonnement, plus vous ouvrirez les yeux sur les traitements destructeurs de votre mère, plus vous récupèrerez votre discernement perdu.
Vous n’êtes pas devenu un tyran sanguinaire mais vous vivez toujours dans l’isolement dont vos parents vous ont plongé jadis, seul avec la douleur de l’incompréhension. Visiblement il était bien trop dangereux de vous révolter contre la tyrannie de cette femme et encore plus de sentir la rage contre elle. C’est pourquoi aujourd’hui à 42 ans il est plus facile et moins risqué pour vous d’haïr le monde extérieur plutôt que d’haïr celle qui vous a emmuré dans la détresse de l’incompréhension et la méchanceté.
L’attitude de votre mère vous a mis dans la confusion la plus totale: une personne qui maltraite un enfant, même si elle a des moments d’accalmies NE PEUT PAS ÊTRE GENTILLE.
C’est dans cette confusion que vous pouvez d’un côté défendre “la veuve et l’orphelin”, (la gentillesse de votre mère) et ensuite éprouver de la haine (totalement justifiée pour les mauvais traitements qu’elle vous fait endurer). BO